besant annie construction univers

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LA CONSTRUCTION DE L'UNIVERS YOGA SYMBOLISME Par Annie BESANT (1847-1933) — 1893 Traduit de l'anglais Original : Éditions Adyar — 1948 Droits : domaine public Édition numérique finalisée par GIROLLE (www.girolle.org) — 2014 Remerciements à tous ceux qui ont contribué aux différentes étapes de ce travail

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LA CONSTRUCTION DE L'UNIVERS YOGA SYMBOLISME Par Annie BESANT (1847-1933) 1893 Traduit de l'anglais Original : ditions Adyar 1948 Droits : domaine public dition numrique finalise par GIROLLE (www.girolle.org) 2014 Remerciements tous ceux qui ont contribu aux diffrentes tapes de ce travail NOTE DE L'DITEUR NUMRIQUE L'diteur numrique a fait les choix suivants quant aux livres publis : -Seullecontenudulivreproprementparleratconserv, supprimanttouteslesinformationsendbutouenfindelivre spcifiques l'dition de l'poque et aux ouvrages du mme auteur. -Le sommaire de l'dition papier originale a t supprim sauf dans certains ouvrages o le sommaire, sous forme de liens hypertextes renvoyant au chapitre concern, est thmatique sommaire rappel en tte de chapitre. -Certaines notes de bas de page ont t supprimes ou adaptes, car renvoyant des informations dsutes ou inutiles. -L'orthographetraditionnelleoudel'poqueatremplacepar l'orthographe rectifie de 1990 valide par l'acadmie franaise. LIVRE PRFACE Lesquatreconfrencescontenuesdanscevolumeonttfaitesen prsence des dlgus et des membres de la Socit Thosophique, lors de la Convention annuelle Adyar-Madras, les 27, 28, 29 et 30 dcembre 1893, dans lebut demontrer quel pointles enseignementsde H.P. Blavatsky claircissent le sens profond des livres sacrs indous, et de justifier en mme temps l'utilit des doctrines thosophiques et indoues. Elles avaient encore pour but de faire ressortir l'identit de ces doctrines ; de prouver que celui qui croit aux enseignements thosophiques doit accepter ceux des Vdas et desPournassurlesquestionsfondamentales ;quelaThosophieestun fragment de la Brahma-Vidy ou Sagesse divine des temps pr-vdiques ; quelesShroutissontlesmeilleursexpossexotriquesdecetteBrahma-Vidy ;quelesPournasavaientpourbutdedonner,ceuxquine pouvaient pas tudier les Vdas, les vrits spirituelles contenues dans ceux-ci, et cela sous une forme concrte et facile comprendre. Telles sont les ides que ces confrences se proposaient d'exprimer. Monacquiescementauxenseignementsthosophiques[8]impliqua pour moi, ds le dbut, mon acquiescement aux critures indoues, comme tant la mine d'o devait tre extrait l'or de la Connaissance spirituelle. En tant que philosophie, la Thosophie peut, au point de vue intellectuel, tre considre comme distincte de l'Indouisme et de toute autre religion, bien qu'elle soit sur beaucoup de points la reproduction de la Vdnta-Advaita ; mais si l'on veut extraire de la Thosophie un aliment de spiritualit, si on l'enseigne la fois comme religion et comme philosophie, alors c'est dans l'Indouismequelebesoind'adorationtrouverasasatisfactionlaplus profonde,l'Indouismetantl'exposexotriquedeThosophieleplus ancien et le plus complet. Je ne veux pas dire que la dvotion ne puisse pas s'accommoder des diffrents cultes religieux, et que le fidle d'une religion, en devenant thosophe, ne cherchera pas et ne trouvera pas dans sa religion lanourriturespirituellequ'ildsire.Maissi,commemoi,ildevient thosophe aprs avoir t matrialiste, il adoptera trs probablement pour sa dvotionlesanciennesformessanscritesconservesdansl'Indouisme, formesquesestudesintellectuellesetphilosophiquesluiaurontrendu familires. La Thosophie m'a donn satisfaction non seulement au point de vueintellectuel,maisaussiaupointdevuedvotionnel,etc'estdans l'Indouisme que la Thosophie dvotionnelle trouve son expression la plus ancienne et la plus naturelle. L'tudiant de la Brahma-Vidy peut ainsi, en tantqueBhakta,devenirgalement[9]Indou,enreconnaissantque GnynametBhaktisonttoutesdeuxncessairesl'volutiondelavie spirituelle. Ce qui prcde m'a paru ncessaire pour expliquer ma propre attitude deThosopheetd'Indoue,quis'affirmeraaucoursdecesconfrences,et pourrepousserl'absurdelgendesuivantlaquellejemeseraisconvertie l'Indouisme depuis mon arrive dans l'Inde. Je suis devenue Indoue tout en acceptantpleinementetentirementlaThosophietellequ'elleest enseigne par les Occultistes, et il n'y a eu l aucun changement, sauf que j'aigagnunevisiontoujoursplusclaire,uneconnaissancetoujoursplus tendue et une satisfaction de plus en plus profonde depuis que j'ai embrass ces enseignements en 1889. Annie BESANT. Ludhiana, fvrier 1894. I LA CONSTRUCTION DE L'UNIVERS A LE SON La premire impression que les grandes critures de la nationindoue produisirent sur la pense europenne fut quelque peu trange et saisissante. Un conflit d'opinions s'leva entre les penseurs europens sur l'origine et la valeurdecetteanciennelittrature ;d'unepartonyreconnaissaitune profonde philosophie ; d'autre part la dcouverte d'une pareille philosophie, chez des peuples regards comme moins civiliss que leurs critiques, donna lieu de nombreuses controverses au sujet de l'origine de ces livres et des influences qui avaient prsid leur conception. Mme aujourd'hui que la profondeur de leur philosophie est admise, que la grandeur et la sublimit de leur pense ne sont plus mises en doute, on rencontre des hommes comme le professeur Max Mller, qui ont consacr leur vie l'tude de ces livres, etquicependantparlentdesVdascommedubgaiementd'unpeuple enfant, niant la possibilit d'y dcouvrir aucune espce de doctrine secrte, dissimulesouslevoiledusymbolismeoudel'allgorie.Lespenseurs occidentaux me paraissent [12] incapables de comprendre qu'une race, tout entantdansl'enfance,peutavoirdesInstructeursdivins ;qu'une civilisation,toutentantl'gedesacroissance,peutgrandirsousla direction de Ceux qui sont spcialement illumins par l'Esprit divin. C'est pourquoilespenseursoccidentauxnepouvaientreconnaitrelavaleurdes critures ; ils n'ont vu cet ancien peuple qu'enmasse,sans comprendre la noblessedesInstructeurs,desGuidesquisetenaientau-dessus.En s'efforant de dcouvrir aux critures une origine purement humaine, ils ont pitoyablement chou dans leur analyse ; car ds lors qu'on rejette le divin, la croissance d'une nation devient incomprhensible ; lorsqu'on mconnait ladivinitdansl'homme,onnepeutacquriraucunenotionexactede philosophie, de religion ni de civilisation. Dans ces confrences je veux essayer de justifier les critures indoues, quelqueimparfaitquesoitceteffort,etdeprouverqu'ellesrenfermentla philosophie la plus profonde et la science la plus large en mme temps que la religion la plus encourageante ; que la science occidentale commence peine fouler le sentier si clairement trac par elles ; que les connaissances quicommencentpoindreenOccident,grcel'observationdumonde extrieur,peuventtreacquisesplusrapidemententudiantlescritsde ceux qui observaient l'univers du dedans et non du dehors. Aussi lisons-nous que dans la chambre du Lotus, situe dans le cur, et dans son espace rempli [13]d'ther,onpeutdcouvrirtoutcequiserencontredanslemonde extrieur. "En lui existent la fois le ciel et la terre, Agni et Vayou, le soleil et la lune ;ettoutcequiexistedanscetunivers 1"estl,desorteque l'homme, en dcouvrant son Esprit, dcouvre par l mme tout ce qui existe dansleCosmos.Etcecin'estpasseulementtrspotique,c'est scientifiquement exact ; car en dveloppant rellement les yeux de l'Esprit, lesyeuxquivoienttraverstouslesvoilesdelanatureextrieure,nous pouvons acqurir des connaissances la fois plus exactes et plus profondes que par les seules observations des yeux de la chair. Dans cette direction, nous avons t puissamment aids par cette dame russe, cette grande Instructrice que nous connaissons sous le nom d'Hlna Ptrovna Blavatsky. Ce qui peut dterminer sa valeur pour le monde, ce n'est pasdesavoirsielletaitounoncapabled'accomplircertainesactions miraculeuses,sielletaitunemagicienneextraordinaireouunesimple prestidigitatrice.Cen'estpassurcespointsquelapostritbaserason jugement.monavis,cessoi-disantmerveillessontchosesassez insignifiantes, et bien qu'intressantes certains points de vue, je considre leur importance comme relativement minime. Sarellevaleurconsisteencequ'ellenousarvllesecretdela Connaissance antique, en ce [14] qu'elle a mis entre nos mains les clefs grce auxquellesnouspouvonsnous-mmesouvrirlesportailsdusanctuaire intrieur, en ce qu'elle est venue, instruite dans les choses de l'Esprit et prte nous expliquer comment nous diriger personnellement dans la voie trace par elle, de faon que ceux qui auront appris cette philosophie sotrique, appeleaujourd'huiThosophie,puissenttrouverdanslesVdasetles Pournas des instructions qui restent caches aux lecteurs ordinaires. C'est ainsi qu'elle a agi en grande Instructrice ; car elle a jou le rle que remplissait autrefois le Maitre envers son disciple ; elle nous montre le sens profond des critures, nous ouvre la voie du progrs spirituel et nous rend ainsi capables de nous lever jusqu' l'antique sagesse des temples. Pourjustifiercepointdevue,jeprendraicertainesdoctrinesdes anciennes critures indoues, et j'essayerai de vous montrer quel point elles se trouvent claircies et facilites par la lumire qu'y projette la lecture des volumes de la Doctrine secrte. Je me servirai galement des rsultats les

1 Chhndogyopanishad, VIII, I, 3. plusavancsdelaSciencemoderne,pourvousfairevoircommentla Doctrine secrte, qui est en ralit l'enseignement le plus ancien de l'Inde, s'appuied'unctsurcequ'enOccidentnousappelonslaScience,etde l'autre ct sur les critures de l'Orient ; celles-ci leur tour deviennent plus intelligibles,plus cohrentes,etleursapparentescontradictionss'effacent, lorsqu'on les examine la lumire de ces doctrines [15] secrtes dont une partie seulement a t donne au monde. Jenepuis,dsledbut,traitercettequestiondelaconstructionde l'Univers, au point de vue de la science telle qu'elle est comprise en Europe ; carlascienceeuropennenes'occupepasducommencementdeschoses. Elleprendlamanifestationdjparvenueunpointdonn,etpar consquent ne nous dit rien du premier bourgeonnement de l'univers dans l'existence ; elle ne s'occupe aucunement de ce qui prcde le moment o la Matirerevtuneformeapprciableparlessensphysiques,oudumoins capable de fournir un point d'appui aux chafaudages de l'imagination, qui seconformeauplandesensphysiques.Tyndallaparldurlede l'imaginationdanslascience,desortequenouspouvonsresterdansles limites scientifiques tout en avanant au-del des limites actuelles des sens. On a renonc prtendre, comme on le faisait il y a une trentaine d'annes, qu'il n'y ait de vrai que ce qui peut tre peru par les sens. Les progrs de la science ont renvers cette affirmation. Mais elle soutient encore que rien ne peuttrecomprisdanssondomaineendehorsdesconceptsfournispar l'intelligence d'aprs les faits recueillis par les sens ; de sorte qu'en traitant del'existenceduCosmosmanifest,votrepensenedevraitpasdpasser des conceptions matrielles ou dj appuyes sur des phnomnes matriels bien observs. Autrement dit, vous pouvez aller plus loin que l'agrgat de matirevisibleetposer,enprincipe,[16]l'existencedel'atome,quiest invisible, et ne peut tre peru que par un effort d'imagination scientifique ; maisilnevousestpaspermisd'allerau-deldecequecetteimagination peutconstruireaveclesmatriauxfournisparlessens.Ilestvraique Crookes s'est occup de la construction de l'atome : mais encore n'est-il pas allplusloinqueleprotyleoumatireoriginelle.Lascienceneveutpas aller au-del : elle refuse de pntrer davantage l'origine des choses et de se demandersil'onpourraitconcevoirundveloppementetunevolution antrieureceprotyle.Pourexplorercesorigines,nousnepouvons nous appuyer que sur la Doctrine secrte et sur les critures ; il faut attendre d'tre un peu plus avancs dans notre raisonnement pour appeler notreaide la critique scientifique. Du moins, pour que ce raisonnement soit complet notre propre point devue,jeveuxrapidementcomparerl'originedeschosesd'aprsles Shstras et d'aprs le livre intitul la Doctrine secrte ; nous pourrons ainsi constater, je l'espre, que l'expos mthodique prsent dans ce livre est d'un secoursinapprciableauseindelaprofusionquelquepeuconfuseavec laquelle les Shstras nous prsentent les aspects divers de l'volution. Car il fautvoussouvenirquedesvoilesonttjetsdesseinsurcescritures mises entre nos mains. En les lisant successivement, nous ne pouvons pas toujoursnousfaireuneidesuiviedel'ensembleainsiprsentpar fragments ; aussi gagnerons-nous beaucoup de temps en jetant [17] un coup d'il rapide sur cet ensemble ; ensuite, ds que nous trouverons un fragment, nouspourronslemettresavritableplacedansl'dificequenousnous efforons de construire ; le plan architectural que nous a positivement fourni Mme Blavatsky nous vitera l'inconvnient de conserver nos connaissances l'tat fragmentaire. Voyonsd'abordcommentlesShstrasnousdcriventl'originedes choses : il y a ici une diffrence entre les Pournas et les Oupanishads. Les premiersdonnentplusdedtails,grceleursdescriptionssuccessives, tandis que les seconds fournissent un point de vue plutt philosophique que cosmologique,surtoutlorsque,prenantpourpointdedpartl'Espritde l'homme,ilsindiquentlamaniredelereliersavritablesource.Ilen rsulteunediffrencedanslafaondontcesdeuxgrandesdivisionsdes Shstrasreprsententl'univers,etjeveuxvousindiquerunedivergence particulirement embarrassante pour le lecteur, qui se demande parfois s'il est possible de concilier les deux systmes. Toutd'abord, sijepuisemployerunparadoxeapparent,quiest cependant une vrit, je dois dire que ds "l'origine des choses" la pense setrouverepousseencoreplusloin ;car"originedeschoses"signifie manifestation,diffrenciation,etlemot"choses"lui-mmeimplique l'existencemanifeste.Oravantlemanifest,ildoityavoirl'Unique ;la science europenne le reconnait elle-mme et dclare avec raison que cette unitestinscrutableetquelephnomne[18]seulpeuttresoumis l'analyse ;cependantl'existencedecequiestau-delduphnomneest rarementconteste,saufpeut-tredansquelquespetitescolesquivoient dans l'Univers un chaos de phnomnes changeants, sans comprendre l'unit fondamentale laquelle ils se rattachent tous. En gnral, lorsque la science devient philosophique, l'Unit est pose en principe comme inconnaissable et insaisissable par la pense humaine. Mais la philosophie indoue possde uneconceptionplusprofondeencoredel'univers,carcequelapense humainenepeutatteindresetrouveencore,pourainsidire,lalimite extrieure de la manifestation ; et en arrire de cette limite, au-del mme de Brahman, qui est reprsent comme invisible, intangible, insaisissable mme par la pense, qui ne peut tre prouv et dont la seule preuve rside dans la croyance de l'me, plus loin que tout cela, la pense indoue pose encore en principe ce qui n'a pas de nom, ce qui ne peut tre dsign que par unepithte,"l'au-deldeBrahman"lePara-Brahmandelaphilosophie, "inchangeable Vishnou" du Vishnou-Pourna. Or, sur CELA sur cet inchangeable Vishnou, on ne peut rien dire, on ne peutrienpenser.Lapenseetlaparolen'ontplusrienvoirdanscette rgion, car nous ne pouvons commencer penser et parler que lorsque la manifestationseproduitetquedecestnbresinsondabless'lancele premiertressaillement,quiestlaLumire,lapossibilitdel'existence manifeste. Etmaintenantnousarrivonsdanslescritures[19]lapremirede touteslesmanifestations,cequiestdsign,remarquez-lebien,tantt commemanifestettanttcommenon-manifest ;non-manifestensoi-mme, mais manifest en tant que gnrateur. Car notre pense plonge, pour ainsi dire, vers Brahman, bien que Brahman lui-mme soit insaisissable pour la pense humaine. Et nous trouvons Brahman, ou son quivalent, dsign danscesdeuxgrandessourcesd'tude,lesOupanishadsetlesPournas, commetripleenlui-mme,quoiqu'ilnesemanifestepasdirectement commetriple ;c'estl'Unit,maisavecunetriplicitintrieure,latenteet replie sur elle-mme, qui apparaitra graduellement et successivement dans sesmanifestationsetrendrapossiblel'universdeschoses.Brahmanlui-mmeestessentiellementtriple :et,soitquevousleconsidriez,avecla Taittiryopanishad, comme "Vrit, Connaissance et Infinit", soit que vous le dsigniez par cette srie qui nous est plus familire "Existence, Batitude etPense",enralit,sousdesmotsdiffrentsc'estlammeconception, "Sat-Chit-Ananda",selonlaformulebienconnueduSuprme,etquiest simplementunsynonymedel'expressionemployedansl'Oupanishaden question. Qu'est-ce aprs tout que Satyam, Gnynam, Anantam 2, sinon des termesdiversparlesquelsl'hommes'efforceenvaindereprsenterdes ralits ;etqu'importequ'ilemploiel'uneoul'autredecesformules ?Ce qu'il faut bien saisir, c'est [20] que ces ralits se trouvent en puissance dans

2 Taittiryopanishad, Brahmnanda Vall, 1er anuvka. la premire manation, c'est que le commencement du Cosmos n'est que le dveloppement en manifestation de cette triple force latente, ou le passage de la potentialit l'activit. OrnoustrouvonsdansleVishnouPournaunpassageexprimantla mme pense de la trinit latente ; la premire manifestation de Vishnou est Kla, le Temps, qui n'est ni Matire ni Esprit, mais subsiste aprs que tous deuxontdisparuenlui.Vousvousrappelezqu'ilestditdanslesecond chapitreduVishnouPournaquePradhnaestl'essencedelaMatire, Pourousha, l'essence de l'Esprit, et que lorsqu'ils disparaissent, la forme de Vishnou,quiestleTemps,persiste ;voilleconceptduTempssans commencementnifin,quisetientpourainsidireenarriredes manifestations subsquentes, les relie et les rend possibles. Puis nous arrivons la seconde tape, qui dans ce Pourna est dsign souslenomdePradhna-Pourousha,essencedelaMatireetessencede l'Esprit ; c'est leDeux sorti de l'Un,et celareprsentelamanifestation, et c'est pour cela que Brahman est reprsent comme tant la fois manifest et non manifest. En lui-mme il est non manifest ;mais il estmanifest lorsque les Deux sortent de l'Un, et cette dualit rend le Cosmos possible. Nouspouvonstrouverdansbiend'autreslivresdenombreuses expressionsquirendentcettemmepensededualit,surlaquelleSubba Raoatantinsist.Touslespenseursregretterontlamortde[21]ce philosophe, dont l'uvre aurait si puissamment contribu cette unification de la pense occulte et de la pense publie. Molaprakriti et Daiviprakriti ne sont que des termes diffrents pour dsigner ce que la pense grecque a nommleLogos.Onnousdonneaussilemot"Vyaya",extensible,qui reprsentel'uniquecaractristiquedePradhna ;onnepeutpasencore commencer dcrire, parce qu'il n'y a pas encore d'attributs volus, mais il yal'uniquecaractristiquedel'extensibilit,quiimpliquetoujoursune possibilit de forme, ce qui va prendre des apparences multiples ; et il y a aussicequidoitapparaitredanslaforme,Pourousha,cemodeleurqui travaillePradhna,etrendainsipossibleledploiementdel'univers manifest.Ilyaenfin,toujoursd'aprsleVishnou-Pourna,latroisime tape,Mahat,quiseralaforcedecontrleetdedirection,qu'onpourra appelerleLgislateur,qui,entoutecirconstance,guideral'volutionde l'univers suivant une ligne harmonieuse, raisonnable, et jusqu'au bout. Je ne puis m'empcher ici de vous faire remarquer que je viens de me servir d'une pensercemmentmiseparleprofesseurHuxley.DansEvolutionand Ethics (p. 35) 3, il parle d'une intelligence qui "pntre l'univers" et dont il a finiparreconnaitrel'existence,aprsavoirpendanttantd'annesprofess l'agnosticisme.CetteIntelligencedontilestobligd'admettrelaqualit pntrante est essentiellement la [22] mme chose que Mahat, la conception fondamentaled'uneintelligencesansautreslimitesquecellesquiluisont imposes par le fait mme de la manifestation. Cestroisphases,exposesd'unefaonsiclaireetsiprcisedansle Vishnou-Pourna, sont assez difficiles suivre dans les Oupanishads ; mais je tiens dire, avant de quitter leur expos dans le Pourna, que ces Trois nesontqueledveloppementdel'Un,duSat-chit-nandaquisetrouve latentdanslepremier.Vouslesdiffrenciezdsquevouslesconsidrez comme Trois. Le premier est alors Sat, la pure existence. Que peut tre le second, qui est double, sinon Ananda ? car la flicit implique la dualit. Et qu'est-ce que Mahat, sinonChit en manifestation ? C'est donc bien par un procd de dploiement, comme je vous le disais, que tout ce qui est latent dansl'UndevientmanifestdansleTrois.Cedveloppementestunpeu voil dans les Oupanishads ; elles ont une tendance passer directement du Brahman,enquitoutestlatent,l'Espritdansl'homme,quiestBrahman dans le cur, le Logos de l'me individuelle ; on trouve nanmoins et l despassagesindiquantquelesOupanishadscontiennentdestracesdela mmepensequecellequiatpluscompltementdveloppedansles crits pourniques. Dans la Mundakopanishad, il est dit que de Brahman procde la Vie, quiestAnanda, etl'Esprit,quiestChit ;puisviennentlescinq[23] lments, l'ther, l'air, la lumire, etc. 4. C'est en somme la mme succession, maisl'auteurs'yarrtemoins,sonobjetprincipaln'tantpasd'exposerle dveloppementduCosmos.Ontrouvegalementdansla Brihadranyakopanishadlatrinit"Vie,NometForme" ;laVied'abord, d'o procdent les Deuxet qui estcachepar leNometlaForme, ce qui revientdirequelePremierestvoilparsadoublemanifestation.La Kathopanishadprsenteencorelammeidedanslasriederecherches tracespourceuxquiveulents'leverversl'Esprit ;aprslepassagede Manas Buddhi et de Buddhi l'Atm, on trouve au-del d'Atm le Non-manifest,puisencoreau-dessuslagrandemeappelePourousha.On arriveainsicetteconstatationtrssuggestivequ'entrel'Espritquiesten

3 volution et thique. 4 Mundaka, II, I, 3. l'homme et ce au-del de quoi il n'y a rien, on ne trouve qu'un degr, le "Non-manifest". Quel dessein se cache sous cette exposition non plus triple, mais unique ?C'estdemontrerceuxdontlesyeuxsontouvertsl'Unique interposentrel'Espritdansl'hommeetCequiestinconnaissable ;carle Logos de l'me est unique, et unique est le Rayon dont le reflet dans le cur est l'Esprit ; ainsi l'Oupanishad, se proposant de nous faire dcouvrir l'unit de l'Esprit avec son Seigneur, laisse de ct tout ce qui n'est pas le Logos uniqueauquelappartientl'Esprit ;leCosmosdisparaitlui-mmeavecsa multiplicit quand l'Esprit recherche sa propre source. [24] Simaintenantl'onabandonnelescrituresproprementditespour continuercetteesquissed'aprslaDoctrineSecrte c'est--dired'aprs l'ouvrage qui porte ce nom, la simplicit et la clart avec laquelle y sont prsents ces renseignements compliqus fait l'effet d'un fil conducteur au milieu des difficults des textes indous. Bas sur les mmes fondations que lesShstras,cetenseignementposed'abordenprincipel'existencede Parabrahm, dont on ne peut rien dire, puis nous prsente les trois Logoi : le motLogos est employ parce qu'il estmieux connu en Occident, et parce qu'ilaunesignificationparticulireparrapportlaconstructionde l'Univers,ainsiquejelemontreraienparlantduSon.LemotLogoslui-mmeimpliqueleConstructeur,puisquelesonprofrestlegrand Constructeurdetouteslesformesmanifestes.Puisonnoustracela succession de cestrois Logoi, identiques, sous un autre nom, l'ancienne Trimortiquenousavonstudiedanslescritures :d'abordlepremier Logos,quin'apparaitquepourdisparaitre,etquel'onappelleleNon-manifest,cariln'estpasmanifestparrapportauCosmos :ilnepeutse manifester qu' l'Esprit dans l'homme, qui est un avec lui-mme ; puis vient l'Undiffrenci,leDeux,oupouremployerl'expressionoccidentale,la dualit reprsente comme "Esprit-Matire" : non pas Esprit et Matire : il n'y a l que les deux aspects de l'Unique, qui, spars mme par la pense, donneraientpourpointdedpartuneconceptionerrone.L'universne provient pas de [25] l'Esprit et de la Matire, conus comme spars, mais voluedel'Esprit-Matire,oudel'Unique,sousundoubleaspect.C'est pourquoi ce second Logos comprend, comme je l'ai dit, l'aspect d'Ananda, et H. P. Blavatsky insiste fortement sur cette unit fondamentale qui devient duelleenmanifestation :Esprit-Matire,Pourousha-Pradhna,lesdeux premiersaspectsdel'Unsanssecond.Puis,s'efforantdedonnerau chercheur attentif, sur ce sujet profondment symbolique, une allusion qui lui permette de dcouvrir le mystre fondamental du Cosmos, la voil qui traite du symbolisme lunaire et place tout coup cette phrase : "Le magntisme lunaire engendre la vie, la prserve et la dtruit :etSomarenfermeletriplepouvoirdela Trimorti, bien qu'il passe inaperu pour les profanes 5." Un peu plus loin elle parle de : "L'Essencedivineuniquenonmanifesteengendrant continuellement un second Soi manifest, second Soi qui, tantandrogynedanssanature,donnenaissanced'une faonimmaculetoutesleschosesmacrocosmiqueset microcosmiques dans cet univers 6." Cettephrase,ol'auteurfaitintervenirlaluned'unefaoncurieuse, renfermelaclefdelaplupartdesallgoriesquiexpliquentles commencementssiobscursdelaconstructiondel'Univers.D'unctle soleil et de l'autre la lune, la lumire [26] et l'eau ; le feu et l'eau sont partout etc'estgrceeuxquel'universpeuttreconstruit ;lefeuetl'eausont simplement les synonymes d'Esprit et de Matire, et ils expriment la dualit dusecondLogos.Danscettesecondemanifestationlefeureprsente DaiviprakritioulaLumireduLogos :l'eauestlamanifestationde Molaprakriti ou la racine de la Matire. Tous deux procdent selon cette doubleligne,etlalune, touslestudiantslesavent, esttoujours reprsente comme androgyne, tantt mle et tantt femelle, un jour comme un Dieu, le roi Soma, un autre jour comme une desse, de faon que ce point s'impose toujours notre attention. En pensant la lune nous lui trouvons toujours deux cts, le positif et le ngatif, ce que nous appelons ici-bas les sexes ; c'est l'ternelle antithse, sans laquelle aucune cration n'est possible, lepassifquinourritl'universetl'actifquilefcondesontgalement ncessaires ; sanseux il ne pourrait y avoir aucune reproduction nimme aucune existence pour l'univers manifest. VientensuiteletroisimeLogos,Mahat,dontlenomembrassele pouvoir d'idation, la pense et l'intellect, et qui constituera la racine mme del'existence.Desortequ'iciencorelavieetlapensedoiventservirde base ; partout o l'on rencontre un atome d'existence manifeste, on trouve en lui la dualit qu'il tient de sa source ;car de la dualit doit procder la dualit,etilestaussiimpossibledetrouverdelamatireinertequede

5 Doctrine Secrte, 2e vol., (1re d.), p. 119.6 Op. cit., p. 120. l'nergie insensible ; cela ne peut exister dans un [27] univers engendr par la Vie et par la Pense. La trinit est septuple dans son acception la plus profonde, car les sept sont envelopps dans les trois ; de mme que dans la Trimorti, en y pensant bien, on dcouvre encore les sept ; on doit reconnaitre en effet dans chacun desesmembresl'aspectShakti,ouladualit,desortequelestrois deviennentsix.Dsquevous dcouvrezl'Unit,voustesoblig,dansla manifestation,d'apercevoirladualit ;onnepeuttrouverVishnousans Lakshm,ShivasansDourga,lesdeuxsonttoujoursreconnaissables,de sorte qu'en pensant la Trimorti vous pensez en ralit aux six ; le septime est ce qui forme leur synthse sans laquelle cette diffrenciation ne pourrait pas apparaitre ; ainsi le septnaire se montre ds l'origine du Cosmos, et c'est notremanqued'intuitionquinousasilongtempsempchsdenousen apercevoir. cettetape,celledeMahatoudel'intelligence,commencela possibilit de la manifestation, et la science occidentale peut entrer en jeu ; de Mahat vient le triple Ahamkra, qui possde ces qualits bien connues de tout tudiant de la Gt ou mme de la philosophie en gnral, le vrai ou pur,l'actifoubrillant,lesombreoulmental, cettetriplequalitdela matire ncessaire toute manifestation subsquente et grce laquelle doit apparaitrelavarit.LeVishnouPournanousapprendquedelaqualit tmasique procdent les lments, non pas les lments dont parle la science occidentale, mais [28] les cinq lments anciens ; aucun mot de nos langues europennes ne correspond bien au terme Bhoutdi. C'est de l'Ahamkra que procde l'univers matriel ; il engendre d'abord l'Aksha,del'Akshavientl'air,del'airlefeu,dufeu l'eau,etdel'eaula terre. Mais pourquoi cette succession ? D'abord l'Aksha : on nous dit que sacaractristiqueestleSon ;lerudimentduSonvolue,etc'estl'unique attribut d'Aksha. Ensuite vient l'air : mais qu'est-ce que l'air dans ce sens ? Cen'estassurmentpasl'airdel'atmosphre,l'airdelamanifestation postrieure, unmlange de gaz o apparaissent dj les atomes. Le grand "Air"desOupanishadsetdesPournasestlesouffleduSuprme,le Mouvement,cartantquecetteconceptionduMouvementn'estpas intervenue,aucunemanifestationn'estpossible.Nousavonsdoncd'abord l'Aksha, qui a le Son pour unique attribut, puis le Mouvement qui est donn l'Aksha par le grand Souffle ; en eux nous avons le son, puis le toucher, qui est le deuxime sens. Du son et du toucher, ou de l'Aksha et de l'air, provient le Feu, dont la production suppose entre le Souffle et l'Aksha un frottement qui est l'lectricit ; dsormais rien ne pourra se dvelopper sans elle ; avant que l'Aksha ait pris forme par le Souffle, puis ait donn forme l'lectricit, celle-ci ne peut produire d'agrgats ; c'est seulement quand la srieestcompltequedevientpossiblelaconstitutionatomique,d'o rsulteront l'eau et la terre, ou les manifestations liquide et solide de ce qui a, [29] jusqu' ce moment, t appel "immatriel". Remarquezcommentcettesuccessionnousestpourainsidire intellectuellement garantie par les sens, comment le premier lment est en corrlation avec le sens de l'oue, le second avec le son et le toucher ; avec le feu vient la lumire, qui est en corrlation avec la vision ; puis vient l'eau qui correspond au gout, car il ne saurait y avoir de gout sans humidit ; et enfin la terre, dont la caractristique essentielle est l'odorat, le dernier des sensquivoluesurleplanphysique,etparconsquentlepremierquise rencontresurleplanastralquandl'meyrevientpoursechercherelle-mme. H. P. Blavatsky a toujours soutenu que l'Aksha est ce qui est gnr par le troisime Logos, et que sa seule caractristique est le Son. C'est ici qu'intervient directement notre science moderne ; et de cette conception d'un Aksha dans lequel agit le grand Souffle, de faon ce que, par cet Aksha et par Vayou, Agni puisse apparaitre, nous nous trouvons en face des plus rcentes thories et dcouvertes de la science, de cette gense des lments ouconstructiondel'Univers,sousunautrenom, quenouspouvons tudier, prsente en langage occidental, dans les ouvrages de M. Crookes. Mme Blavatsky s'est longuement arrte, dans leIer volume de la Doctrine Secrte,surlesdcouvertesdeCrookesdjpublieslorsquecelivrefut crit ; elle signalait en passant certaines lacunes de sa thorie ; mais il faut remarquerquequelquesmoisseulementavantlamortdeMmeBlavatsky c'tait en 1891 M. Crookes [30] dclara, devant un auditoire de savants anglaisminents,quesonanciennehypothsetaitdevenuecertitude,et qu'il tait dsormais capable de prsenter comme des thories bien tablies certaineshypothsesdontiln'avaitpunagurequesuggrerl'utilitpour faciliter des dcouvertes. Et quelle tait cette grande dcouverte, qui fit dire l'un de ses auditeurs que l'on devrait placer son nom au niveau des plus grandspenseursetdesplusgrandssavantsdenotrepoque ?C'estque l'atomen'estpasternel,qu'ilestunproduitetnonunesubstance primordiale ;qu'ilestdestructibleetqu'iladparconsquentvenir l'existence, car cela seul qui est indestructible, est ternel, comme l'admet toute philosophie. Il prouva que l'atome doit tre considr comme duel, ou comme un corps neutre form par la runion des lments positifs et ngatifs delaNature,qu'iln'taitpermanentqu'envertudecettedualit,carc'est l'entrelacementtroitdeceslmentsquirendlesatomessuffisamment stablespourservirenquelquesortedebriquesdanslaconstructiondu monde. Puis en arrire de l'atome il plaa ce qu'on appelle "le protyle", mot emprunt un occultiste du moyen ge, Roger Bacon, qui s'en servait pour dsigner la substance primordiale. Lorsqu'il voulut expliquer la construction desatomes,ilsevitcontraintdeposerenprincipeleprotylecomme substanceprimordiale.Etvoyezcommecesavantasuiviexactementles tracesdelapenseantiquelorsqu'ilfutobligdeposerenprincipele Mouvement,[31]c'est--direlegrandSouffle,l'lmentvenantaprs l'Aksha, sans lequel il serait rest inactif et par consquent strile. Avec le protyleetlemouvement,ilposeenfinenprincipeletroisimeaspect,la force allie l'lectricit, force qui, dit-il, trace d'elle-mme une spirale dans l'espace rempli de matire. Au cours de cette spirale les atomes sont forms tour tour par l'agrgation du protyle, et mesure qu'ils sont produits, ils sont classs dans une catgorie chimique dterminepar la position qu'ils occupent dans la spirale trace par la force lectrique, La spirale est une forme ncessaire ; mais pourquoi ? Supposez que le mouvement existe d'abord dans une seule direction : en procdant travers lamatirehomogne,ilcomprimeracettematire,quiensesolidifiant perdra de la chaleur. Il estcertain qu'il doit en rsulter un abaissementde temprature,carc'estunedesexprienceslesplusconnuesenchimie lmentaire que lorsque la matire passe d'un tat un autre, soit de l'tat gazeux l'tat liquide et de l'tat liquide l'tat solide, ou inversement, il y a,selonlecas,delachaleurmiseoudelachaleurquidevientlatente. Prenons un exemple familier : si l'on change de la glace en eau, la quantit de chaleur qui devient latente doit galer 80 units avant qu'il y ait aucun changement apparent dans la forme ou la temprature de la glace. De mme lorsque les lments se solidifient etque la temprature change, quel doit tre le rsultat produit ? C'est que le mouvement change de direction, c'est [32]quel'abaissementdetempratureproduitunemodificationde mouvement ;pourreprsentercelailfautsefigurernonplusuneligne droite, mais une ligne qui soit la rsultante de deux forces agissant dans des directions diffrentes et traant ainsi ncessairement une spirale. Je compte dire quelques mots plus loin de l'ancien symbole du Serpent, si familier dans notre littrature : il constitue le symbole le plus suggestif de la spirale qui se repliecontinuellementsurelle-mmeetnousdonnel'imageexactedu Mouvement cosmique. Nos grands savants sont obligs d'employer la mme imageengnralisantlaforcedansleCosmosetlagensedeslments provientdecettespiraleoumouvementhlicodal.C'estcequeMme BlavatskyappellelemouvementspiraliformedeFohatdansl'espace ;car Fohatestlabasedetouteslesforces,etc'estparluiquelaforcede l'lectricit est engendre. En mme temps vient le Son ; il ne peut y avoir de mouvement dans la matire sans qu'il naisse des vibrations ; et toute vibration, au fond, est du son ; toute vibration peut se changer, se transformer en son, et cette parole ancienne, "le Serpent glisse en sifflant dans l'espace", contient un sens trs rel.C'estpourquoilapremirepropritengendredansl'Akshaestle Son, le Verbe, le Logos ; rappelez-vous ici avec quelle clart et quel talent SubbaRaos'estexprimenparlantdusonprofr,delaVoixnonce, lorsqu'il dsigne Fohat comme l'instrument du Verbe, et nous fait remarquer quecequenousprononons[33]estleVaikarVch,c'est--dire"le Cosmosentierdanssaformeobjective 7" ;carl'universentiern'estque l'mission du Verbe latent dans le Logos non manifest, et qui est appel le secondLogos :c'estceVerbeprofrquiestleCosmosobjectif.Dansle Cosmos comme dans l'homme existe cette puissance du Son, sans laquelle il ne saurait y avoir de forme ; car le Son est le constructeur, le gnrateur de la forme, chaque son ayant sa propre forme et possdant le triple pouvoir de produire la forme, de la conserver et de la dtruire. Ainsi nous retrouvons la Trimorti : le Crateur, le Conservateur et le Destructeur, qui sont un sous diffrentsaspects :leDivinestUnique,quellequesoitlaformedesa manifestation.Maisicinouspouvonsrunirlaphilosophieancienneetla philosophie moderne : Shabda Brahman est la force qui construit le Cosmos, etc'estgalementlaforceparlaquelleunYogudveloppeenlui-mme touslespouvoirs ;d'autrepart,entudiantlascienceoccidentale,nous pourronsypuiser,commepreuvesdecettepuissancedusondansla construction de la forme, un certain nombre de faits, de ces faits qui pour certaines personnes sont plus convaincants que les ralits, plus profondes cependant,dontilsnesontquel'expressionphnomnale.Cesfaits recueillis par la science moderne relativement au son, ont de la valeur pour nous, non pas en tant qu'enseignements, car ils ne devraient rien avoir nous apprendre, [34] mais pour nous permettre de convaincre ceux qui n'ont pas su apprcier les critures, bien que celles-ci nous donnent l'essence dont la science ne montre que la manifestation extrieure.

7 Doctrine Secrte, 1er vol., 1re d., p. 123, 2e d., p. 117. Cherchonsdonccesfaitsquiviennentappuyerlesauteursanciens affirmant que le son est l'origine mme des formes, et que la multiplicit des formes dpend simplement de la varit des sons. Voici d'abord une des plusanciennesexpriencesfaitesenacoustique,l'unedesplus rudimentaires,bienqu'l'poqueelleaitparutrsintressante.Prenezun tambour ordinaire, dont la peau vous fournira une surface vibrante ; si vous enfrottezlebordavecunarchetdeviolon,ilseproduiraunenote,qui dpendradelatensionduparcheminetdediversescausesmoins importantes. Jusqu'ici, rien que de trs simple : mais on voulut dcouvrir ce quiseproduisaitlorsquelanotevibrait,etpourfairevoirl'invisible,on rpandit une lgre couche de sable sur le tambour ; on fit ensuite vibrer le bord du cercle et on renouvela l'exprience en appliquant l'archet chaque pointdelacirconfrencedutambour.Laissez-moivousfaireremarquer incidemmentcombienlascienceeuropenneestadmirabledepatience lorsqu'il s'agit de rpter maintes et maintes fois une exprience jusqu' ce qu'onarriveaufait ;cecimritetoutenotreadmiration,carc'estleseul moyendedcouvrirdesphnomnes.Ons'aperutque,quellequeftla partie de la circonfrence o l'archet tait appliqu, le sable tait lanc en l'air, et on observa qu'il ne [35] retombait pas galement sur toute la surface, maisformaitdesfiguresgomtriques.Ainsilesablerpandusurle parchemintaitobligparlesondeprendredesformesgomtriques dfinies, qui variaient selon la note mise lorsque l'archet frottait tel ou tel pointdelacirconfrence.Onconstataquedesformesdiffrentesse dessinaientsuivantque,enattaquantlacirconfrencediversintervalles, on produisait les diverses harmoniques de la note fondamentale. D'abord, en touchant un point particulier, on obtenait une figure divisant le tambour en quatre parties seulement, parce que cette vibration tait la note fondamentale miseparleparchemintoutentier ;maissil'onyfaisaitvibrerles harmoniques,onavaitdesfiguresgomtriquesbeaucoupplus compliques. En continuant cette recherche des harmoniques, on dcouvrit quechaquenoten'estpasproduiteparunsonunique,maisbienparun ensemble de sons trs complexe susceptible d'tre divis et subdivis. Ainsi ce qui nous parait simple est en ralit compos ; lorsque l'on joue une note on fait rsonner un grand nombre de notes en mme temps, et l'oreille bien exercepeutdistinguercesharmoniques ;c'estladiffrencedes harmoniques qui produit la diffrence de timbre. Cette diffrence de qualit de son, ou cette dcomposition d'un son en plusieurs, tait rendue visible par les formes que traait le sable en retombant. On s'effora alors d'enregistrer ces diffrences d'une faon plus parfaite, en remplaant le sable trop lourd etleparchemintropgrossierpardessubstances[36]deplusenplus dlicates, lgres et tnues, telles que certaines semences minuscules ou des spores de lycopode ; ceux-ci conviennent merveille pour ces expriences, car ils sont si lgers que la plus faible vibration leur fait prendre des formes. Onessayadesdiapasonsdonnantdesnotesdiffrentes,etonrussit projetersuruncranlesdessinsproduitsparlesvibrations,aumoyende miroirsdispossceteffet,d'unelanterneprojectionsetd'unelentille grossissante.Decettefaonlesvibrationsinvisiblesdudiapasonfurent agrandiesetonlesvitformerdemagnifiquesdessinsgomtriques.Des figures exquises produites par chaque note apparaissaient sur l'cran o la lanterne projetait l'image, et semodifiaient chaque changement de note. Ainsilorsquel'onjoueunmorceaudemusiquequelconque,ondonne naissance dans l'ther et dans l'air ambiant des formes ravissantes. Telle est l'ingnieuse mthode par laquelle les pulsations du son ont t projetes sur un cran, par laquelle l'invisible est devenu visible, et le pouvoir de la sonorit a t rendu aussi sensible aux yeux qu'il l'tait aux oreilles. Lesinvestigationsonttpoussesencoreplusloin :MmeWatts-Hughes a dcouvert que si l'on chante une srie de notes dans un instrument enformedecor,ilenrsultedesformespluscompliques,tellesque fougres, arbres et fleurs, engendres par la voix humaine. Pour approfondir cephnomneonainventuninstrumentingnieuxcomposdedeux pendules oscillant chacun selon [37] son mouvement propre, mais disposs de faon ragir l'un sur l'autre, le mouvement de l'un modifiant celui de l'autre.Uncrayonestadaptunlevierquisemeutdansladirection rsultant du mouvement combin des deux pendules, et trace sur une carte des figures trs compliques reprsentant les mouvements successifs. On a obtenuainsidesformesmerveilleuses,descoquillagesd'undessintrs dtaill, des figures gomtriques aux courbes et aux angles parfaits. Or, les vibrations d'une mme note ayant toujours lieu dans la mme direction, et le mouvement naturel d'un pendule tant une simple oscillation en avant et enarrire,lesmodificationsdemouvementdecespendules,dispossde faonragirl'unsurl'autre,taientbienlareprsentationexactedes vibrations ragissant les unes sur les autres ou se modifiant rciproquement. On a donc obtenu un tableau graphique des interfrences des vibrations etdesmodificationsquienrsultent,bienquechacuneaitlieudansune direction dtermine et toujours la mme ; et le rsultat de ces interfrences estlaproductiondeformesmerveilleuses.C'estd'unefaonabsolument identiquequel'interfrencedesondeslumineusesproduitlacouleur. Lorsqu'enbrisantlesondeslumineusesonproduitentreellesdes interfrences, il en rsulte des couleurs ; c'est ainsi que les irisations de la nacreproviennentsimplementdeminusculesaspritssuperficiellesqui produisentdesinterfrencesdanslesvibrationslumineuses.L'exprience despendulesnousmontre[38]desonctl'interfrencedesvibrations sonores. Ainsi la science nous prouve que des formes sont construites par le son ; et en observant l'aspect extrieur de la nature on constate avec tonnement que partout on rencontre des formes gomtriques. Prenons le cristal qui fait partie du monde minral : chaque cristal est construit d'aprs certains axes de direction qui en dterminent la forme. Les cristaux les plus simples sont construits suivant des lignes d'une extrme simplicit, et plus le cristal est perfectionn, plus sont nombreux les axes qui ont leur centre l'intrieur du cristal :ladiffrenceentrelescristauxdpenddeladispositiondesaxes. Nousvoyonsdoncapparaitrelesformesgomtriquesdanslemonde minral o elles servent de base la formation des cristaux. Mais le cristal ne peut tre spar du cristallode : la forme de ce dernier ressemble celle du cristal dans le rgne minral, et cependant il fait partie durgnevgtal.Cesdeuxrgnesnesontplussparsdanslanature ; pourtant dans les vgtaux ces corps sont forms d'une espce diffrente de matire ;onnelesappelleplusdescristaux,maisdescristallodes.Ici encore les axes apparaissent et suggrent la pense que le rgne vgtal est construit d'aprs la mme loi gomtrique. En tudiant le rgne vgtal nous allonsplusloin.Prenonsunepetitebranched'arbreetexaminons l'arrangementdesesfeuilles,nousconstatonsqu'ellessontdisposesen spirale.Nousvoyonsreparaitrelaspiralecommeforcegnratrice :[39] c'est elle qui dirige l'agencement des feuilles d'une faon parfois trs simple et quelquefois trs complique. Dans le pommier, par exemple, la spirale est reprsente par la fraction 2/5 parce qu'elle offre cinq feuilles places aux diverspointsd'unedoublespire,aprslaquellerecommenceuncircuit analogue.Sinousprenionsunfiletquenousl'enroulionsdeuxfoisen spiraleautourdurameau,noustoucherionslescinqfeuillesdisposes intervallesgaux.Sinousprenonsunautrearbre,noustrouveronsun arrangement diffrent, mais toujours d'aprs la spirale ; lorsque les feuilles naissent,elless'organisenttoujours,quellequesoitladiversitdeleurs arrangements,d'aprscetteloidelaspiraleetcetterglegomtrique gouverne toujours l'apparente irrgularit de la croissance des feuilles et des fleurs.Iln'yajamaisd'irrgularit ;ladispositionquisemblelaplus irrgulire n'est qu'une srie complique de spiralesentrelaces, car il y a quelquefoisdeuxspiralesaulieud'une,etdanscertainscasonentrouve trois qui s'entrecroisent autour de la tige, formant une complication extrme et donnant l'apparence d'une vritable confusion ; mais "ce qui est un chaos pour les sens est un Cosmos pour la raison", et l'on dcouvre toujours des dispositionsgomtriquessouscesmassesd'apparencechaotique qu'observent nos yeux ou nos sens. N'est-il pas vrai de dire avec Platon, que "Dieugomtrise" ?N'est-cepasllaconceptionfondamentaledes critures, qui dclarent que le Son est le constructeur de [40] la forme ? Tout cela n'est-il pas prouv par les dcouvertes de la science moderne ? Non seulement le Son peut construire, mais il peut aussi dtruire. Il est trange que la mme force puisse produire des rsultats opposs, et bien des personnes qui accueillaient cette affirmation par des moqueries, lorsqu'elle tait prsente par la Religion, sont obliges de l'admettre quand la science rpte ce que la Religion soutenait depuis si longtemps. Par la dcouverte de la vrit synthtique, la science arrivera faire comprendre ce qui dans la Religion tait considr comme contradictoire et inacceptable. Pourquoi ne pourrions-nous pas appliquer la mme mthode la Religion, quand nous y rencontrons quelque chose qui parait tre une contradiction ? Pourquoi ne pastudieretcherchercettevritsous-jacentequi,sousd'apparentes contradictions, nous rvle les aspects diffrents, comme les deux faces d'un mme bouclier ? Ainsic'estleconstructeurdelaformequiladtruit ;ettandisquela constructionestoprepardesvibrationsdouces,lesvibrationsviolentes mettentenpicescequelespremiresavaientrassembl.Aucuneforme n'est solide, chacune est compose de molcules spares par des intervalles opntrentlesvibrationsduson ;celles-cifontvibrerlesmolculesde plus en plus nergiquement, les cartent de plus en plus, jusqu'au moment o la force d'attraction qui les retient ensemble tant vaincue, la forme se dsagrge par leur chappement. [41] Prenez un verre et cherchez la note qu'il donne en le remplissant d'eau moitietenfrottantlebordavecunarchet :lorsquevousaureztrouv cette note, produisez-la sur un instrument susceptible de donner une grande intensit de son ; vous entendrez alors le verre donner cette mme note, et vous verrez l'eauvibrer sans que personne ne la touche. Si le son devient plusfort,lespetitesvaguesgrossiront,deviendrontdeplusenplus turbulentes,jusqu'bondirlesunessurlesautres ;letumulteremplacera l'harmonie, et si les vibrations des molcules du verre, qui causent toute cette agitationdel'eau,deviennenttropintensespourqueleverrepuisseles supporter,ilfiniraparvolerenclats.Voiciencoreuneautreexprience faiteparTyndall :ilpritunebaguettedeverre,etproduisitunsonenla frottant doucement ; mais comme il rendait ce son de plus en plus intense, la baguette clata en pices et il n'en resta que des fragments en forme de cercle, tmoignant de la puissance de la note mise par le verre lui-mme. Il est donc prouv que le Son peut dsagrger les formes comme il peut lescrer ;etnouscomprenonsqu'ilpeutagirlafoiscommecrateur, conservateuretdestructeur :jedisconservateur,puisquesansluirien n'existe.Toutestenmouvementperptuel ;telgenredemouvement construit la forme, tel autre la conserve et untroisime la dtruit ; mais la destructiond'uneformen'estquelaconstructiond'uneautre,etpar consquent le destructeur n'est pas autre chose que [42] le constructeur. Il n'y a pas d'annihilation, car la mort dans un monde est la naissance dans un autre. Quelque imparfaite que soit cette esquisse partielle de la construction de l'Univers et de la puissance du Son, la conclusion qui s'en dgage est la justification d'un enseignement qui a t longtemps trait de superstition et de folie et considr comme le simple balbutiement d'un peuple enfant. De toute antiquit la doctrine indoue a reconnu la puissance du son dans le Mot sacrosontcontenuestouteslespotentialits,danslasyllabesaintequi exprimel'treuniqueavectouteslespuissancesdeproduction,de conservationetdedestruction.Aussiest-ildfendudeleprononcerla lgre :ilestinterditdeleprofrerdanslesauditoiresmlsetles assemblesnombreuses,olaconfusionetl'hostilitdesmagntismes formentuneatmosphretroubleauseindelaquelleunsonpuissant produiraitaussittletumulteetnonl'harmonie.Onnedevraitjamaisle prononcersansquelapensenesoitpure,lementaltranquilleetlavie noble ;carlesonquiconstruitauseindel'harmonie,dtruitdansla dissonance ; or tout ce qui est mauvais est discordant, tandis que tout ce qui estpurestharmonieux.LegrandSouffle,quiestlapuret,procdeen vibrationsrythmiques,ettoutcequiestd'accordaveccerythmeest essentiellementpuretparconsquentharmonieux.Maislorsquecegrand Souffle, agissant dans la matire, rencontre un obstacle, c'est alors une chose impure qui se [43] produit ; et si l'homme disposant de ce souffle qui sort deluietquiestlerefletduSoufflesuprme possdeuneatmosphre impureounonharmonique,prononcerlenomduSuprmedansdetelles conditions,c'estfaireappelsapropredestruction,c'estintroduirela dissonance au sein mme de la force divine : et la dsintgration est l'unique sort rserv ce qui n'a plus rien de commun avec la divine harmonie. Etceciestvrai,nonseulementdelaSyllabesacre,maisaussidu Mantra employ pour construire. Vous tes-vous jamais demand pourquoi l'on rcite des Mantras lorsqu'une nouvelle vie se prpare dans le sein d'une mre ? C'est pour que leur force cratrice agisse sur cette vie grandissante en y produisant des vibrations harmonieuses, afin que l'enfant qui naitra soit digne d'tre l'habitacle d'une me noble. Pourquoi la Religion commence-t-ellepourl'Indoudslemomentdesaconception ?C'estquel'Esprit 8 ne doit jamais tre sans Religion ; quand l'Esprit revient en incarnation, il faut quecesforcesreligieusesl'entourentetaidentlaconstructiondesa demeure terrestre. C'est ainsi encore que le nouveau-n est salu par un son sacr au moment mme de son entre dans ce monde de manifestation. La sainte harmonie doit l'environner, lui donner l'heure de sa naissance une impulsion qui se prolongera dans son dveloppement, et modlera pas pas la vie grandissante. Quand vient le moment o l'Esprit peut [44] agir plus directementsurlecorpsphysique,vouslemarquezparlacrmoniede l'initiation, en donnant l'enfant le Mantra qui doit tre la tonique de sa vie future.C'estpourquoiceMantradevratrechoisiparquelqu'unqui connaissecettetonique,quisoitcapabledelecomposerdessonsvoulus pour que l'harmonie se prolonge travers toute la vie. Ici intervient le grand pouvoir prservateur du son : toutes les fois que cette vie sera en danger, ce son peut la protger ; toutes les fois que cette vie sera menace d'une faon visible ou invisible, ce Mantra simplement murmur peut s'interposer entre elle et le danger, l'entourer de vagues d'harmonie contre lesquelles toutes les forces mauvaises viendront se briser. L'attaque de l'ennemi sera repousse au contact de ces vibrations, et il en sera ainsi pendant toute la vie et jusqu' l'heure de la mort. Chaque matin le chant de ce Mantra donnera la tonique de la journe, y introduira le rythme et l'harmonie ; et la tombe du jour, au moment o le soleil disparait une fois de plus, ce chant devra rsonner pour que le trouble de la journe s'apaise et que l'Esprit devienne digne de s'avancer pendant la nuit vers son Seigneur. Quandarriveenfinl'heuredelamortetquel'Espritdoitpasserdans d'autres rgions de l'univers, le chant du Mantra l'accompagne encore. Dans les crmonies du Shrddha on emploie des sons particuliers pour briser la demeure d'esclavage de l'me, pour dtruire le corps engendr de l'autre ct

8 Ou me spirituelle. (NDT) de la mort et qui retient l'me en [45] prison. Ainsi le Son accompagne l'me jusqu'au seuil mme du Dvaloka, jusqu' ce qu'elle passe dans ce Loka o leschantsdesDvasenvironnentsonsjourd'unocand'harmonie ; harmonie perptuelle o ne pntre aucune dissonance terrestre ; harmonie qui la retient au sein du repos parfait et de la parfaite batitude, jusqu' ce que soit prononc lemot qui lui ordonne de revenir la terre, pour servir une fois encore tablir l'harmonie de la Nature. B LE FEU Nous avons vu, en traitant de la construction du Cosmos, comment le grand Souffle tait l'agentmoteur etdonnait l'Aksha cette proprit du Son qui est sa caractristique primordiale. Que nous observions au point de vuedelaconscienceorientaleouaupointdevuedesinvestigations modernes de l'Occident, nous voyons que les divergences qui existent entre cequenousappelonslesdonnesdessenssontdesdiffrencesdansla maniredontlaconsciencetraduitlesimpulsionsextrieures,carces impulsionssontfondamentalementlesmmes.L'effetdugrandSouffle mettant l'Aksha en action peut tre reprsent de diverses manires quand il atteint notre conscience, selon la faon dont nous le sentons. On peut donc dire, tout aussi bien au point de vue oriental qu'occidental, que les sensations diffrent selon l'organe qui les reoit ; les diffrences sont occasionnes par le corps travers lequel les sensations sont reues ; et la conscience traduit en des tons diffrents ce qui, au fond, est identique. Ainsi entudiantlascienceoccidentale,nousapprenonsquetouslessens corporels ne sont que les dveloppements d'un sens primitif, [48] celui que nous appelons le sens du toucher. De nombreuses recherches ont t faites dernirement sur la nature et l'actiondel'ther,formeinfimedecequenousnommonsAksha.Car l'Aksha est la substance primordiale dont l'ther est une des manifestations infrieuresencequiconcernenotresystmesolaire.Cettesubstance, comme nous l'avons vu, possde le mouvement ; quant l'Air, c'est le grand Souffle dans l'Aksha et c'est ce qui donne naissance au sens du toucher. Nous avons vu comment le Son avait volu le sens de l'oue qui est en corrlationaveclui.Vientensuiteletoucherquiestencorrlationavec Vayou en tant que grand Souffle. Toutes ces vibrations de l'ther, d'aprs la sciencemoderne,nesontquedesmodesdemouvement ;delarception d'un mode de mouvement par l'individu dpend le nom qui lui sera donn. La science enseigne que le son est un mode de mouvement auquel participe l'air et que la lumire est un autre mode de mouvement d purement l'ther. On a reconnu rcemment que l'lectricit tait un autre mode de mouvement. Lachaleurenestgalementunautre,etainsidesuite.Ainsilascience occidentale s'est veille peu peu ce sentiment de l'unit, qui a toujours caractrislasagesseorientale.Cequidanslemondephnomnalaune apparence de diversit est, pour la conscience, une unit fondamentale. En nous occupant donc de la lumire nous avons affaire simplement un autre aspect,pourlaconscience,[49]dumouvementprimitifetsil'undeces aspects est le son, l'autre est la lumire. Il convient d'admettre, comme nous nous en convaincrons du reste, que les mmes conceptions fondamentales expriment tantt le son, tantt la lumire, et que dans tout le Cosmos le son etlalumirepeuvents'intervertir.Jevousferaivoirquelesdernires expriencesfaitesenOccidentontprouvleurquivalencedansla production des phnomnes. Nous allons tudier maintenant les vibrations connues sous le nom de Lumire. Dans tous les crits anciens, la Lumire est synonyme de ce qui est au-del de notre conception, de Ce que nous avons indiqu comme ne pouvant tre exprim pour employer un terme encore incorrect que par la phrase descriptive Para Brahman, c'est--dire l'au-del de Brahman. Pour nous communiquer cette pense essentielle, les critures emploient le mot "Tnbres" Tnbres infinies et compltes qui n'expriment rien, car elles sont au-del de toute possibilit d'expression ; qui ne nous donnent aucune ide, parce que l'ide est limite et implique la sparation de ce qui est pens et de ce qui ne l'est pas ; et l il ne peut y avoir de sparation, l il n'y a pas depense,parcequelapensesupposeladistinction.C'estpourquoiles tnbres, dans lesquelles il n'existe rien de visible ni d'invisible, constituent lemeilleurdessymboles :Tnbresabsolues,ternelles, incomprhensibles,quisedressentenarriredetoutemanifestationdela Lumire, comme de tout ce [50] que nous pourrions exprimer par le langage humain.EtdesTnbresvintd'abordlaLumire,maislaLumiresans forme ;visible,ilestvrai,puisqu'elleentreenmanifestation,maissans forme parce que la forme implique quelque chose de plus, l'espace, qui n'a pasdeforme.AussiBrahmanest-ildpeintcomme"lumineuxsans forme" ; c'estl'idepuredelalumire ;idequiexigenaturellementun effort de cette imagination, dont nous avons parl, car nous ne concevons la lumire que par l'intermdiaire de la source mme de cette lumire, tandis qu'icinousnedevonsconcevoirnicorps,niforme,maisnousimaginer seulement la Lumire spare de tout ce qui la limiterait. Elle est "lumineuse sansforme",etcetermedsigneBrahmandanslaMundakopanishad 9. Voil donc la premire ide : les Tnbres et de l, la Lumire. Et il est assez trange que dans cette conception la science moderne ait aussi son mot dire ; car si nous prenons le concept du mouvement, auquel nous avons rattach le grand Souffle, les tnbres sont, au point de vue de

9 Mundaka, II, I, 2. la conscience humaine, compatibles avec le mouvement. La lumire est en effet une forme du mouvement, mais quand les vibrations sont trop rapides ou trop lentes pour produire de la lumire, elles nous donnent l'impression de tnbres. Voil un fait bien significatif et qui mrite que l'esprit s'y arrte : lorsquevousimaginezdesvibrationstellement[51]rapidesqu'ellesne peuventtreressentiesparlessens,laconscience,enrponseces vibrations si extraordinairement rapides, conoit les tnbres. En ralit, au-deldelaconsciencehumainetellequ'elleexisteactuellement,ilyala possibilit et nous ne pouvons pas dire qu'il n'y a pas des possibilits sans nombre d'une existence qui dpasse ce que peuvent prouver nos sens. La science nous dit que les vibrations trop rapides pour que nos yeux puissentlesenregistrersonttransmiseslaconsciencesousformede tnbres ;cen'estqueparleurralentissementquelesvibrationspeuvent devenir lumineuses. Si nous traduisons cette pense scientifique en langage mtaphysique nous aurons les prmices de la manifestation de l'univers car, si ce qui dpasse la pense se ralentit pour entrer en manifestation, le rsultat enestlalumire.C'estpourquoi,mmedansl'universvisible,vous trouverezsouventquecequiestvraimentlumineuxdanssonessencene donne pas de lumire, parce que les ondes en sont trop rapides ; et si nous dsironsquecepouvoirlumineuxapparaisse,nousdevonsralentirces vibrationsenlessoumettantuneoprationparticulire.Ainsiquand l'univers se prpare entrer en manifestation, c'est--dire quand la substance volue,ilyaralentissementdumouvementdanslesTnbresinfinies,et parleralentissementdesesvibrationslaLumiresansformeapparait.Il semblequel'Occidentaiteul'intuitiondel'ancienneetprofondepense orientale,carparsa[52]mthodeexprimentalelapenseoccidentale avance en ttonnant vers l'ide mme que les livres orientaux nous donnent ds le commencement des choses. Decetteradiancesansforme,decetteluminositquiestLumireen sonessencesemanifestantelle-mme etquiestappelequelquefois "Flamme froide" pour exclure l'ide de chaleur de cette pure Lumire se formelasecondemanifestation,lesecondLogosdontnousavonsparl ; alors la Lumire devient Feu. Elle n'est plus absolument sans forme et sans chaleur ; avec leralentissement plus prononc de la Lumire, et mesure que procde la manifestation, la chaleur sera engendre et vous aurez le Feu, dont l'essence est la chaleur ; la Flamme froide et sans forme deviendra le Feu, l'agent actif dans la construction du Cosmos. Mais le Feu ne peut apparaitre seul ; sa nature mme implique quelque chose de plus que la Lumire dont il nait ; elle implique que par frottement la chaleur doit prendre naissance ; elle implique encore cette conception de dualit dont nous avons parl en traitant de la double manifestation propos duSon.IlenestdemmepourleFeu ;nousnepouvonsypensersans songersonaction,etlapremireactionduFeuesttoujoursle dveloppement de l'humidit. De sorte que dans ce Second Logos, dans cette manifestation en dualit de forme, le Feu et l'Eau sont les deux choses qui se prsentent notre pense : le Feu qui est Esprit en son essence, l'Eau qui [53] sert toujours de symbole l'essence de la Matire. De mme que nous avons reconnu l'Esprit-Matire pour le Second Logos et que nous y avons dcouvert l'origine vritable de la potentialit du Son, ainsi en le considrant au point de vue de la Lumire, nous avons la conception du Feu et de l'Eau, de la Lumire du Logos et de ce en quoi elle agit. Le Lotus a toujours t le symbole de cette vrit ; il sort du nombril de Vishnou, cach dans les eaux d'o jaillira la vie ; sous cet aspect, Vishnou, qui ne flotte pas mais est cach sousleseaux,reprsentelePremierLogos,etleLotusquinaitdeson nombril est le Second Logos, le symbole du Feu et de l'Eau ; car les feuilles duLotus,terminesenpointes,figurentlesflammesflottantsurl'eauet s'lanant vers le ciel. Le Lotus a toujours t regard comme le symbole du Feu crateur, dont le sein engendrera la chaleur, la force cratrice active. C'est pourquoi dans la fleur du Lotus, ou dans son bouton primitif, existe le Troisime Logos, Brahmoul'agentactifcrateur,quiestlesynonymedeMahatoude l'intelligencecratricedansleseinduFeu ;lorsqueleFeus'panouitla secondeflammeapparait ;celle-ciestcratrice,cen'estpluslaFlamme froideduPremierLogos,maislaFlammebrulanteduTroisime,quide l'ocan de Feu va construire le Cosmos et rendre l'Univers possible. Etquandnousenvisageonslalumireprojetesurcetteconception antique et relativement facile pour ceux qui ont tudi avec soin, quand nous [54]nousreportonsauxouvragesdeMmeBlavatsky,nousytrouvonsce pointexpostrsclairement ;enlesprenantpourguides,nouspouvons dmler le symbolisme auquel nous faisions allusion tout l'heure. Sous le nom de Feu elle dsigne sous sa forme la plus pure, la substance de l'ther avant mme qu'on puisse en parler comme d'Aksha. Il y a l deux Feux, et les enseignementsoccultes font une distinction entre eux ;le premierFeu estpur,sansforme,invisible,cachdansleSoleilcentralspirituel,et, mtaphysiquementparlant,ilestconsidrcommetriple.Iciencorenous voyons la triple nature du Logos dans lequel ces Feux prennent forme, puis le Feu se manifestant comme Cosmos et qui seraseptnaire dans l'univers aussibienquedansnotresystmesolaire ;toutcommenousl'avons expliquprcdemmentquandnousavonsvuletriplesedvelopperen septuple.IcinousavonslaFlammesansforme laFlammefroideou Lumire puisleFeuetenfinlachaleurouFlammecratrice,lemme symbole prsentsous un autre aspect, lamme ide essentielle exprime sous une autre forme. Aussi avons-nous toujours appris que la Lumire du Logos,DaiviprakritioulectbrillantdelaSubstance,atl'agent gnrateuretcrateuretvousdevezavoirentendudirequeleLotus symboliqueauqueljefaisaisallusiontaithermaphrodite ;ceciramne notreespritcettemmeidededualitquenousavonsdcouverteplus hautcommecaractristiquedusecondLogosoudelasecondenergie manifeste [55] qui va construire l'Univers 10. De celle-ci dcoule cette force reprsentesoussesformeslesplusinfrieuresparl'lectricit,le magntisme, la chaleur, et qui n'est encore qu'un autre mode du mouvement, une autre activit du grand Souffle ; c'est elle dont la littrature thosophique parlesisouventsouslenomdeFohat,etqueSubbaRaoajustement nommelaLumireduLogos ;carelleestl'nergievivifiantequi,en jaillissant,doitconstruireleCosmos ;c'estleSerpentardent,l'agent crateur.Reportez-vouscequej'aiditprcdemment,cesujet, l'allusionquej'enfiscommesymboledel'lectricit,enparlantdes dernires dcouvertes de W. Crookes, et au mode de formation de la spirale sousl'influenced'unechutedetemprature.LavoicidevenueleSerpent ardent, le Dragon flamboyant qui, soufflant du Feu travers l'ocan lact, construit toutes les formes de la manifestation. Partout o vous rencontrerez le Serpent de Feu, partout o vous le verrez former un cercle en se mordant la queue, c'est que vous avez pass de la spirale gnratrice la sphre qui est le rsultat de la gnration, car le Serpent enroul qui se mord la queue estlesymboleduCosmosvolu ;ilestdevenuleglobe,quitoujours reprsenteleCosmossous[56]saformemanifeste.AinsileSerpent devientl'ufd'omergentlesformespostrieuresduCosmos ;c'est quelquefois dans cet uf que vous trouverez Brahm, le pouvoir crateur, au lieu de le trouver dans le Lotus. Il rside dans l'uf d'or, autre symbole

10 L'dition franaise de l'uvre de Mme H. P. Blavatsky : la Doctrine Secrte laquelle se rfre si souvent l'auteur, est complte en six volumes. Les tomes I et II traitent de la Cosmognse, le tome III de l'Anthropognse, le tomeIV du Symbolisme archaque des Religions, les tomes V et VI se composentd'lmentsdiversrunisaprslamortdeHPBetpublissousletitregnralde "Miscellanes". (NDE). du Lotus ; il vit pendant un certain temps dans cet uf, puis en sort et cre lesmondes.DelencorelesymbolismeduSerpentenroulautourdela montagne,pendantcebarattagedel'Ocandesubstanced'ofurent engendres,selonlesPournas,lavie,l'immortalitetlesautreschoses. Comme je vous l'ai dit souvent, si parmi vous un lettr prenait les Pournas, les tudiait et voulait comparer avec eux quelques-uns des exposs de notre science moderne, il pourrait prdire la direction que suivront les dcouvertes scientifiques ;iljustifieraitauxyeuxdel'Occident,etd'unefaon inimitable, la nature profonde de la pense orientale, il lui montrerait la route que ses tudes doivent suivre et la voie dans laquelle ses recherches futures pourront tre les plus fructueuses. Laissons ce sujet pour aborder une autre conception trs intressante du Feu un aspect du Feu par rapport l'homme le rapport qui existe entre lefeugnrateurdansleCosmosetcequiestlaracinedelaViedansle curdel'individu.OuvronslaMundakopanishad ;aucommencement,je crois, de la seconde division, vous trouverez cette dclaration : "Comme un feu flambant projette de mille faons diverses destincellessemblables,ainsisontproduites, bienaim,[57]lesmesvivantesd'espcesdiffrentes, mais formes toutes de l'Unit indestructible 11." Quelleestlasignificationrelledecettestrophe ?Nousayonsdj envisag le Feu comme force centrale dans le Cosmos ; des tincelles sont lancesdanstouteslesdirectionsquandleFeuflambeetatteintl'tatde flamme : le mot "flambant" indique l'tat o le Feu a commenc flamber, o vous avez la Flamme, cette caractristique du troisime Logos. Mais le troisime Logos est Mahat, c'est--dire l'Intelligence dans son essence mme et nous apprenons ainsi que c'est de Brahman, en tant qu'intelligence, que jaillissent ces tincelles que nous trouvons dans chaque atome du Cosmos, de sorte que le Cosmos une fois construit il ne se trouve rien en lui qui ne soit anim de l'essence de la Vie divine. L'tincelle projete, c'est l'Atm de l'atome (vous devez vous rappeler qu'il n'est pas confin dans l'homme seul), leSoinonpasseulementdel'homme,maisdetouteschoses,l'essencela plusintimedel'atome,toutaussibienqueduplussublimedesDieux manifests ; car, encore une fois, l'Univers est un, et l'tincelle lance par le Feu flamboyant est l'origine de tout ce qui parait en manifestation ; si bien que le grain de sable, que dis-je, les atomes mmes qui composent le grain

11 Mundaka, II, I, 2. de sable, ont pour essence Atm, et pour forme l'Aksha, qui, retenant pour ainsi dire le rayon man d'Atm, opre la diffrenciation par la limitation etintroduit[58]leprincipededivisiondansl'Unit.mesurequeces tincelles s'lancent au loin, il se forme ce qu'on a appel dans la Doctrine Secrte"untourbillondeFeu",dnominationbienexpressive,carce tourbillon se rpandant dans l'espace emporte toujours avec lui l'essence du FeuuniqueetdelaVieunique.Quandcetourbillonsebrise,s'ilyades diffrences dans la nature des tincelles volues, elles ne rsident pas dans leurnatureessentielle,maisdanscequ'ellesapportentenellesdansleur Manifestation. Icisecacheundesplusgrandsetdesplusprofondsmystresde l'enseignementocculte,sinonleplusprofonddetous,etjedoisvousy amener pas pas, autrement il serait difficile, du moins pour quelques-uns d'entre vous, d'en suivre la pense, surtout si vous ne savez pas encore lire entre les lignes des Livres Sacrs, et chercher, par la comparaison des divers passages,lesenscachquilesrelie.Sivousvoulezbienmesuivrepas pas,jevousferaipntreraucurdumystre,maisjeneveuxpasvous l'exposerdsledbutdepeurquesaprsentationsoudainenejettedela confusiondansvotrepense,confusionqu'ilseraitdifficilededbrouiller ensuite. Imaginez l'tincelle projete par le tourbillon de feu ; rappelez-vous que cette tincelle est Atm, et que le rayon de cet Atm est, pour ainsi dire, coup par l'Aksha, en est spar, de sorte que, quoique fondamentalement un, il soit cependant spar dans la manifestation. Car Atm est un, et c'est en cette unit que rside l'esprance de [59] notre libration. Cette sparation ne se fait pas son propre point de vue, qui est celui dans lequel tous les rayonsdivergentsapparaissentcommeunrayonunique,maisdel'autre point de vue de la manifestation, quand il est envisag non comme Lumire immdiatemaiscommel'AkshaquivoilelaLumire,qui,enlimitant chaquerayon,oprelasparation,lo,enralit,iln'yapointde sparation.Ainsi,observdel'intrieur,l'Universestun :observde l'extrieur il est multiple, car il n'est point observ au point de vue d'Atm. Si vous vous trouviez plac dans le Soleil Central et que vous suiviez del'iltouslesrayonslafois,touteslespartiesdupaysageclairqui frapperaient l'il plac au centre, au moyen de ces diffrents rayons, vous feraient l'effet d'une seule lumire. Tandis que si vous tes l'extrieur, au milieudecepaysage,regardantd'enbas,del'extrmitd'unrayon,vous vous trouvez environn de nombreux rayons, et cependant vous ne pouvez voirlesoleilparunautrerayonqueceluiquivousclaire.Pourtantvous voyez le mme soleil, puisque tous les rayons manent de lui : il y a donc unit dans le centre, bien qu'il vous soit impossible de reconnaitre cette unit tant que vous tes la circonfrence de ce cercle immense, tant que vous ne pouvezvoirautrementqu'ensuivant,pourainsidire,undesrayonsqui remontent au centre universel. Conservons un instant cette pense dans notre esprit, et faisons un nouveau pas. [60] Chaque atome possde donc Atm, mais on le nomme maintenant Jva ; cenomindiquequ'ilestsparaupointdevuedelamanifestation individuelle et non au point de vue du tout manifest. C'est l'illusion, c'est la Myquenousnepouvonssurmonteretquirenddansunsenstrsrel l'universillusoire ;car,voyantd'unevisiontrompeuse,voyantcesrayons spars dans la manifestation, nous n'observons plus l'unit d'o ils manent. Voildoncuneexpressionquenousentendonsfrquemmentemployeret quenous devrionsdsormaisinterprtercommeilfaut :C'estquechaque atomeasonAtm ;ellen'impliquepasdesparationfondamentale,mais simplement une sparation dans la manifestation. Parvenuscepoint,nouspouvonsconcevoirdanscetourbillon d'tincelles en manifestation des diffrences de nature qui nous auraient paru incomprhensibles au premier abord. Quelques-unes de ces tincelles sont commedesFlammesvivantes,conscientesetintelligentesqui,dansla construction de cet univers manifest se prsentent en qualit de Dvas. Ce sontdesIntelligencesquiontatteintunhautdegrdedveloppement spirituel ;ellessontbienmoinslimitesqueleshommes,quiarriveront l'existence beaucoup plus tard. Dans cette premire phase de la manifestation, il y a pour ainsi dire un tourbillondecestincellesmanifestantunehauteintelligence,capables d'oprercommeagentsvivantsdel'nergiecratrice[61]etdeconstruire l'Universsouslecontrledecetteforcecoordinatrice.Ainsiparmiles premires manifestations se rencontre celle des Dvas dont il est parl sous diffrents noms : Indra, Vayou, etc. Ce sont eux que nos orientalistes dans leur ignorance interprtent comme "les pouvoirs de la Nature personnifis" parunecivilisationenfantine ;d'aprseux,lapensepuriledel'homme s'emparant de phnomnes naturels,tels que l'air, le ciel et la lumire, les appelle Vayou, Indra, Agni et les adore comme des Dieux ! En ralit, ce quel'espritdel'humanitenbasgeapersonnifi,cenesontpasles phnomnesdelanature,maiscestincellesdeFeu,cesIntelligences vivantes,quiontmanduSuprmebienavantl'enfanceetlanaissance mmedel'humanit,puisqu'ellessontvenuesconstruirepourcettefuture humanitleCosmosquidevaitnaitre.L'Occidentnevoit,danscettesoi-disant personnification des forces naturelles, que l'enfantillage de penseurs nafs,d'unehumanitenfantine,tandisquecesDvassontenralitles instruments qui se cachent derrire chaque apparence phnomnale, que ces Intelligencessontcellesquidirigentcequenousappelonslesloisdela Nature. Les Dvas sont des entits ; ils ont des existences relles, spares del'unique,Atmausensquej'aidonnaumotsparation,demanire pouvoirconstruireununiversetlerendreintelligentducentrela circonfrence. Que sont les phnomnes de la nature, sinon les apparences extrieures des Dvas et le Dva est au cur des phnomnes. [62] mesure quelamanifestations'accentue,ceuxquiappartiennentdesdegrs infrieurs voluent graduellement, jusqu' ce qu'ils forment une hirarchie. L'apparence la plus infrieure qui existe sur terre n'est qu'un voile illusoire jet sur Atm ; il en rsulte qu'une me bien entraine et bien dveloppe, n'tant qu'une avec la force cratrice, peut manipuler son gr ce que nous appelons la matire, parce qu'elle sait commander ces Intelligences dont la matire n'est que le vtement extrieur ; et elle se dressera comme un Dieu manifest quand elle aura russi surmonter les illusions de la matire qui l'environne. La description de cette grande hirarchie provoque une question et c'est ici que la difficult commence pour nous. Pourquoi y a-t-il une diffrence entrelestincellesmanifestes ?Pourquoi,quandelless'lancentdufeu blouissant,yena-t-ilquiapparaissentcommedesublimesDvas,et d'autrescommedesDvasd'unranginfrieur ?Pourquoicertainessont-elles comme le centre autour duquel l'homme sera construit, d'autres encore comme le centre du grain de sable, ou le centre des atomes dont le grain de sableestcompos ?Commentpeutsurgir,decetteunitdontvousnous avez parl, une possibilit de diffrenciation dans la manifestation ? La premire chose comprendre est que cette diffrenciation existe en fait. Elle est visible entre les Dvas, les hommes, les animaux, les vgtaux, les minraux et les forces lmentales qui nous entourent. Nous lisons que les Fils de la Lumire [63] sont les Dvas les plus levs ; ils sont, comme je l'ai dit, les constructeurs de l'Univers. Mais les livres sacrs nous parlent de certains d'entre eux appels les Fils du Feu. Quels sont ces Fils du Feu ? Ce sont les Instructeurs de l'humanit en bas-ge, Ceux dont je parlais hier comme ayant instruit la race en son enfance ; Ils lui ont donn les Vdas et toutes les critures saintes ; Ils l'ont guide dans ses premiers efforts vers la civilisation ; Ils sont, au sens bien rel du mot, les Instructeurs des hommes. Qui sont-Ils ? Ce sont des Flammes qui ont emport avec elles cette tape delamanifestation,cetteintelligencehautementdveloppequiles qualifiaitpourdevenirlesinstructeursdecestincellesetquisesont incarnes dans les hommes ordinaires. Mais c'est entre les hommes incarns, entre les Komras et les tres humains qu'on nous laisse souponner une trangediffrence.Pourrons-nousdcouvrircequecelasignifie ?Des cyclesdemanifestationsviennentdugrandSouffleetyretournent,la Lumire devient Tnbres et des Tnbres merge de nouveau la Lumire ; desmessontdiffrenciesdanslamatire,puisdeshommesremontent vers leur source, et ilssont librs. Ils s'en vont,"pour ne jamais revenir" est-ildit.S'ilsnereviennentjamais,pourquoicesdiffrencesdansdes Manvantaras,commelentre ?C'estlunpointdel'enseignementsecret qui a t certes perdu de vue, parce que la lettre seule des ouvrages publis voilelavritaulieudel'exprimer.Queditl'Oupanishadausujetde Brahman ? [64] "Il est cach dans les Oupanishads qui sont cachs dans les Vdas 12." Si vous voulez trouver Brahman, il ne faut pas s'en tenir la lettre des Oupanishads, mais dcouvrir l'intention secrte qu'ils contiennent. Voil le point o un Gourou devientncessaire. C'est pourquoi il a t dit 13 que si unhommedsiraittrouverBrahman,ildevaitchercherdcouvrirles grands (Maitres), et les servir 12, car les mots seuls de l'Oupanishad ne lui rvlerontpasleDieuquiyestcach ;laFlammedjdveloppeest ncessaire pour que l'tincelle puisse bruler haut et devenir elle-mme une Flamme. Cherchons maintenant le sens cach dans ces mots "pour ne jamais revenir". L'tincellesedveloppedansl'homme(enemployantlemothomme j'aienvuetoutel'humanitmoyenne) :cettetincellesedveloppepar Tapas,parlacombustion.Parquellecombustion ?Parl'ardeurdela connaissance.TelleestlasignificationrelledeTapas,etdanscette "austrit"commeonletraduitconstamment,ilyal'actiondela connaissancequibruleetquipurifie ;etcequ'ellebrule,cesontles enveloppes extrieures de l'homme o rside l'paisse ignorance et mesure qu'ellessetrouventainsibrulesl'uneaprsl'autreparlefeudela connaissance, la Flamme se manifeste davantage et commence connaitre saproprenature.Cettetincellequitaittouffedanslamatireentire

12 Shvetshvataropanishad, V, 6. 13 Kathopanishad, t. III, 41. devient la [65] Flamme qui s'est elle-mme libre de la matire, et quand cette libration est complte, elle devient une avec sa source. Si vous prenez plusieursflammesetlesmettezencontact,ellesserunissentpourn'en former qu'une, car leur substance est une et la division qui existait entre elles adisparu.Continuonscetexempleetpoursuivonscettepense,quinous permettront de concevoir la vrit, trs obscurment sans doute, car pour la concevoirclairementilfautquevoussoyezdevenuselle-mme,vousne pouvezriencomprendretantquevousn'tespasunaveccequevous cherchez saisir. La connaissance humaine est sparativit, mais la Sagesse Divine est unit, et c'est seulement quand disparait la forme extrieure de la Flamme qu'elle peut s'immerger dans l'Unit. Elle n'est pas perdue : elle a gagn immensment, grceaux nombreuses flammes qui sont redevenues une seule Flamme, et c'est l la libration : anantissement des limites qui nous sparent et largissement dans la connaissance intgrale infinie et sans limites,voill'essencedelaconnaissanceelle-mme.Maisest-ce"pour toujours"danstoutel'acceptionduterme ?Ne"revient-onjamais"du Nirvna ? Ceux d'entre vous qui ont tudi srieusement, la lumire projete sur ces vrits par ceux qui savent, ont appris qu'un cycle succde un autre, quechaquecycleestprissuccessivementcommelimite,etquechaque priodedenon-manifestationestencorrlationaveclamanifestationqui prcde et celle qui suit. De mme que le jour [66] et la nuit sont pris comme Symboles de manifestation et d'obscuration, ainsi vous avez la manifestation etl'absorptionplantaires ;puislarsurrectionplantaireprcdantune nouvelle absorption ; et ainsi de suite jusqu'au moment o le systme solaire passe en un Pralaya proportionnel sa dure ; mais il se rveille nouveau aprscettesuspensiondemanifestationetrapporte,danscettenouvelle priode d'activit, tout ce qui a t recueilli dans l prcdente. Lorsque nous avons tudi une leon pendant le jour, nous en sommes inconscientsdurantlanuit,maislaconnaissancesubsiste,etquandnous nousveillonslelendemain,nousretrouvonsennouscetteconnaissance acquiselaveille ;lorsquelaplanteatraverssapriodedePralaya,elle ramne dans la manifestation suivante tout ce qu'elle avait acquis au cours de la prcdente ; lorsque le systme solaire, aprs une longue vie, a franchi l'interminable priode de son obscuration, il merge nouveau sur un plan suprieur et devient un systme solaire d'un type plus lev. Il n'en saurait treautrementquandnousnousoccuponsdel'ensembleduCosmos,du Manvantara au sens le plus absolu du mot, et du Pralaya qui lui succde : lorsque toutes les Flammes n'en font plus qu'une et que toute diffrenciation s'estvanouie,ilexisteencorecommeunfildefeuattachchaque Flamme ; et quand recommence la diffrenciation, c'est sur ces fils de feu qu'elleagit :ilss'avancentlentementversl'extrieur,attirantaveceuxles Flammes[67]horsduseindel'Unit ;ellesensortentaveccefil d'individualit que ne saurait dtruire aucun Pralaya, aucun Nirvna, quelle qu'en soit la dure. LeUnetleToutsontredescendusdanslamanifestation,etles diffrencesquiexistententrecestincellesquimergentsontdes diffrences, dveloppes graduellement dans les Manvantaras prcdents et conserves mme pendant la destruction apparente. Le "jamais" s'applique la dure du cycle et ne suppose pas la fin absolue. Je n'ai pas de terme pour vous faire comprendre mme faiblement le sens que je cherche exprimer. Est-il seulement possible de trouver un mot pour rendre un tat qui n'est pas du tout un tat, et que je ne puis que symboliser par cette image de l'union debeaucoupdeFlammesenuneseule,unionquiimpliquecependantla facult pour chaque Flamme de se retirer en emportant avec elle son Karma individuel ! Elle est immerge dans le Feu central ; mais ce qu'on a appel le fil d'or persiste et rserve l'tre en Nirvna la possibilit d'une croissance future. LaviedeBrahmann'estpassemblablelaviedel'homme.SaVie renferme,pourainsidire,lesviesinfiniesqu'Ilaengendres,etchacune d'elles n'est qu'un clin d'il pour cette vie qui est ternelle. Il respire et son aspiration aspire les Flammes et son expiration les expire ;mais pourLui tout cela ne dure pas plus qu'un mouvement de paupire, et ce qui pour nous reprsentedesmillionsd'annes,n'estpourLuiquel'instantle[68]plus courtquenouspuissionsimaginer.Decepointdevuequepeuttrele Nirvna, que peut tre la sparation de conscience, que peuvent signifier nos dnominations de Manvantaras et de Pralayas ? C'est le Feu infini lanant ses Flammes dans l'Espace et les recueillant de nouveau dans son sein, pour les renvoyer encore en ondulations sans fin, d'olapossibilit,danschaque,nouveaucycle,demanifestations divergentes :carchacunerapportedansleManvantarasuivanttoutce qu'elleavaitamassdansl'interminableManvantaraprcdent.Nous commenons donc comprendre que, comme la conscience peut passer dans l'tat Turya et revenir ensuite dans la limitation, de mme cette conscience infinie du Cosmos peut rentrer en elle-mme, puis se manifester de nouveau. De mme que nous ne perdons pas l'exprience acquise, mais que nous la rapportonsdansunenouvellemanifestation,ainsicequiestvraiausens minuscule doit tre galement vrai au sens transcendant, doit tre galement vrai de l'Unit indestructible : Sa vie ternelle s'enrichit en quelque sorte par les innombrables expriences d'incalculables Manvantaras. Cette volution toujours grandissante nous parait tre une croissance : ce qu'elle Lui parait tre Lui-mme, personne que Lui ne peut le savoir. Voyons maintenant dans nos propres critures les allusions faites ce mystre,etcequ'onnousditdeceluiquiseraIndradansleprochain Manvantara, de l'tre qui fut adombr par Vishnou, [69] qui aprs la fin de cetteadombrationentradansuneautrephasedeconscience,etquidoit reparaitre dans un autre Manvantara pour en tre la force directrice. Vous devez commencer saisir le sens de ce passage de l'criture o il est dit que des tres de grande dvotion disparurent au sein des eaux, demeurrent dix milleansaufonddel'ocan,plongsdanslamditation,puisrevinrent peupler la terre 14. Que sont toutes ces paroles, sinon les efforts des Maitres pour vous faire comprendre si vous voulez dvelopper votre intuition en coutant lasignificationintimedecessymboles,decesnuitsetdeces jours, de ces priodes alternatives d'activit et de mditation ? Car Pralaya est la mditation du tout : puis, celui-ci, sortant des eaux, revient peupler le Cosmos. Lesmondessontainsipeuplsparl'ordrequeBrahmdonne quelques-uns de ses fils d'aller donner la terre sa population ; car toujours enBrahm,letroisimeLogos,ilyaleMotirrsistiblequiprojetteau-dehors ses enfants volus. Ces fils de Brahm, ces Rishis qui ont accomplir l'uvre de la cration doivent venir de quelque part, car vous ne pouvez avoir de cration, moins qu'ellen'aittlentementprpareauparavant.Ceuxdontnousparlons aujourd'hui comme Instructeurs du prsentManvantara, iront dans [70] le prochain Manvantara, vers des systmes bien plus levs que les systmes plantaires que nous connaissons ; tandis que les vainqueurs de l'humanit actuelle, ceux qui maintenant font voluer l'tincelle en Flamme, ceux qui par Tapas, par le feu de la connaissance, brulent l'ignorance et sont en train de devenir des Flammes vivantes, reparaitront dans le prochain Manvantara comme Fils du feu ; non plus comme de simples tincelles projetes, mais

14 LesdixPrachetasas,filsdePrchnabarhis ;voirleVishnouPourna,liv.I,ch.XIV,XV.Voir aussilesBrahmSotras,AdhyyaIII,PadaIII,Sotra32,aveclecommentairedeShr Shankarchrya. comme des Flammes suffisamment dveloppes pour construire et instruire les races futures. En quittant ces hautes rgions je me hasarderai suggrer ceux d'entre vous qui viennent ici non seulement pour y chercher un amusement,mais avec le dsir d'apprendre, qu'ils feront bien de mditer cette pense pendant des jours, des semaines et des mois, jusqu' ce qu'elle devienne une ralit pour eux ; il n'y a pas d'autres moyens de pntrer au cur des choses. Vous ne pouvez recevoir de moi que la forme extrieure ; j'ai beau faire des efforts pourquemonespritparleauvtre,toutcommemaparolevosoreilles, c'estdansvotrecurseulementquevoustrouverezlavritableforcede l'instruction et de la pense, et, en la mditant, vous dvelopperez ce qui est cach en elle. Passons une question plus simple que je vais maintenant traiter pour lemondeengnraletnonpourlesintimes,questionquiestpluttun argumentqu'unsujetdemditation,quivousserautiledanslemondeo vous vivez et auquel [71] nous devons essayer de donner quelque lumire sur la pense intrieure. Je vous ai dit, ds le dbut, que la science reconnait l'identit de la lumire et du son, et qu'il peut tre utile, pour justifier aux yeux du monde les critures, d'indiquer les nombreuses expriences faites dans le monde scientifique, au cours desquelles du son a t produit avec de la lumire et de la lumire avec du son. Ainsivoiciuneexpriencefaiteparquelques-unsdenossavantsles plus consciencieux 15 ; ils ont dcouvert qu'en prenant une certaine quantit de matire colore, et en projetant sur elle diffrents rayons de lumire, un certainrayonentombantsurcettesubstancecoloreluiferaproduireun son.Onpeutdoncdansl'universphysiqueengendrerlittralementduson par la couleur, qui est de la lumire ; en mettant une couleur dans un ballon en verre et en y projetant un rayon de lumire, vous entendrez se produire un son trs bas. Vous aurez ainsi transform un rayon lumineux en une onde sonore. Cette exprience du monde matriel est assez instructive pour que l'esprit s'y arrte. Si quelqu'un dans son ignorance vous parle des critures en s'enmoquant,prouvez-lui que la science occidentale enrevient cette notion de l'identit. Quand vous lisez dans un de vos livres que pour communiquer avec un Dva infrieur il faut lui parler en couleurs et non en langage articul, [72]

15 Exprience de Bell. Voir les Grands Initis, p. 22. (NDT) qu'est-cequecelasignifie ?Celasignifie,pourquiconqueatudila corrlation du son et de la couleur, que si vous parlez au cerveau humain par desmotsarticulsquimettentenmouvementl'airleplusgrossier,vous parlezauDvaplusthrparlacouleurquimetenvibrationlamatire astrale dont son corps est form. De sorte que ce qui est une parole sur le plan physique est couleur et lumire sur le plan astral. Sachant que chaque son a sa couleur, si vous avez communiquer avec un Dva qui n'a pas de Sthla Sharra, pas de corps visible qui rponde aux lourdesvibrationsdel'air,vousdevezengendrerdescouleursaulieude produiredessons,carlelangagedesDieuxinfrieursestlelangagedes couleurs ;ellescontiennentpoureuxcequenousappelonsuneide articule, une ide sur le planmental. Ce que la paroleest dans lemonde physique, la couleur l'est dans le monde astral. Quand vous lirez qu'il faut parler au Dva dans le langage des couleurs, on vous dira : "C'est un non-sensenfantin,unefollesuperstition ;iln'yaniDvas,nilangagedes couleurs, vous tes tout fait fou et vous parlez comme on le faisait dans l'enfance de la race ; c'est du ftichisme, et vous n'employez tous ces mots que pour cacher votre ignorance de la ralit". Si les personnes qui parlent ainsi en savaient un peu plus, elles qui ne font que commencer apprendre, ellesdcouvriraientquelelangagedescouleursestuneralit :etla premire notion de ce fait a t donne par cette exprience, faite Paris, [73] o, en projetant de la lumire sur des objets colors, on a produit du son. Les personnes qui possdent la clairvoyance ou vision intensifie, n'ont pas plus tt entendu une note qu'elles voient une couleur : l'exprience est laportedetousceuxquiontdvelopplesensastraldelavision ;et beaucoup de gens le dveloppent actuellement en Occident. Il y a une chose trange dont je n'ai pas entendu parler dans les Indes, mais qui est connue engypte ;c'estquequelques-unsdesancienslivresgyptiens,vous l'ignorez peut-tre, taient crits en couleurs et non en caractres uniformes commel'estpournousleSanscrit,cevritablelangagedesDieux.Les anciens gyptiens avaient appris la manire de les interprter avec l'aide de leursprtresInitisquitaientrellementdegrandsAdeptescommeles Adeptesdel'Inde :et,remarquetrsimportante,lorsqu'onordonnaitde transcrire un Livre Sacr, si les couleurs taient altres le moins du monde, on punissait de mort le copiste. une poque plus rcente, les gyptiens se souvenaient seulement que cet usage des couleurs leur avait t transmis par les grands Prtres. On n'avait plus conserv que la coutume ; quant au sens qu'elle cachait il avait compltement disparu. L'intention relle tait celle-ci :tandisquelepremiervenulisaitlesformescrites,l'Adeptelisaitles couleurs ;cequiformaitunsens,parlacombinaisonseuledeslettres,en donnaitunautrel'initi,parlacouleurquepossdaitchaquelettre.On pouvaitainsipublierunlivre[74]quifournissaitauxprofanesune connaissance simplement crite ou parle, et qui, rservait le sens occulte l'adepte qui, en le lisant, faisait plus attention aux couleurs qu'aux formes et pourquichaquelettresuccessive,avecsaproprecouleur,prenaitune significationmystrieuse.Decettefaonlessecretsdel'antiquittaient conservspourl'Initi,quitaitcapable,unefoisl'Initiationsubie,de recourir cette ancienne connaissance et de la faire sienne ; et cela existe encore aujourd'hui, mais naturellement sous le sceau du secret. Le langage descouleursestundesstadesdel'entrainement.Quandlediscipleliten couleurs et reoit ses enseignements par la sensation des diverses couleurs, ilapprendlesutiliserpourlecontrledesforcesquenotrelittrature connait sous le nom de Dvas. Vous trouverez de mme des allusions aux sept langues de Feu aux septlanguesdeFlamme quel'hommedoitcomprendre.La Prashnopanishad contient une description de la vie se divisant elle-mme en airs vitaux 16. Il est dit de l'un de ces derniers qu'il contient sept Flammes. DanslaMundakopanishad 17,voustrouvez"septlanguesdefeu vacillantes" ; chacune d'elles a un nom particulier, et plusieurs de ces noms sontceuxdecouleurs.Ce