au cimetière de la pensée

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Au cimetière de la pensée Dans le linceul de mes pensées funèbres Mon pessimisme chante l’oraison de ma lyre Du fond des ténèbres sombres En sourdine, le silence de la Raison L’arrêt de toute conscience Suit un cortège couleur crêpe triste Les arbres nus ne pleurent plus Les eaux des sources asséchées ne coulent plus L’oasis de mes amours est aride Désolation, désert, vide mortels Comme le commun des mortels Je m’en vais à l’ordinaire Seules restent orphelines Ma poésie, mes rimes, idées et pensées Dans le profond puits de l’oubli Sombrerait mon âme à nu, à blanc Dans le ciel des enfers Mon esprit volerait, en errance, en braises Se consumerait, en couleur de fraise Et finirait le livre blanc d’une vie vaine

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Page 1: Au cimetière de la pensée

Au cimetière de la pensée

Dans le linceul de mes pensées funèbres

Mon pessimisme chante l’oraison de ma lyre

Du fond des ténèbres sombres

En sourdine, le silence de la Raison

L’arrêt de toute conscience

Suit un cortège couleur crêpe triste

Les arbres nus ne pleurent plus

Les eaux des sources asséchées ne coulent plus

L’oasis de mes amours est aride

Désolation, désert, vide mortels

Comme le commun des mortels

Je m’en vais à l’ordinaire

Seules restent orphelines

Ma poésie, mes rimes, idées et pensées

Dans le profond puits de l’oubli

Sombrerait mon âme à nu, à blanc

Dans le ciel des enfers

Mon esprit volerait, en errance, en braises

Se consumerait, en couleur de fraise

Et finirait le livre blanc d’une vie vaine

Où les points interrogatifs

Page 2: Au cimetière de la pensée

Enlacent sans fin les points exclamatifs

Où mon ultime question

N’a pu avoir de réponse

Ai-je mal vécu mon corps, mon esprit, mon temps ?

Ai-je mal compris mon vécu ?

Me suis-je trompé de voie et de chemin ?

Me suis-je égaré dans le labyrinthe de la pensée ?

Me suis-je perdu entre le Bien et le Mal ?

Me suis-je donné la mauvaise raison ?

D’exister, de vivre, d’être ?

Plus rien ne perdure

Plus rien ne résiste

Quiétude, résignation

Ou sérénité et acceptation

La folie troue le voile de la Raison

Je suis feuille d’automne, obscure ermite

Créature ayant eu comme destin

Regarder passer le train

Dans son soupir qui déchire

Je soupire, je soupire, je soupire !

Abdelmalek Aghzaf, Fès, Le 08/03/2015®©