ASSOCIATION LITHOS COMPTE RENDU DE L’ASSEMBLEE GENERALE- 09-12 Mai 2013

L'A.G. S'étend sur trois jours, dont deux jours de visites et une journée de présentations à l'auditorium du Musée National de la Préhistoire des Eyzies-de-Tayac.

Jeudi 09 mai : La grotte de Bara-Bahau.

La grotte s’ouvre à 400m de la ville du Bugue, sur le versant d’un coteau arrondi. Elle a été découverte par Norbert Casteret en 1951. Glory et Breuil en ont fait les relevés. La caverne est un large couloir de 100m creusé dans le calcaire marneux, de 8 à 25m de large, de 3 à 12 m de hauteur. Les gravures sont concentrées au fond de la grotte sur la paroi gauche et s ‘étendent sur une vingtaine de mètres. Il s’agit de 18 animaux (10 chevaux, 4 bovinés, 1 ours, 1cervidé, 1 bouquetin, 1 « félin-cheval ») et 8 signes. dans la partie basse de gauche à droite on voit un trapèze aux antennes, une figure rectangulaire hachurée de traits verticaux, des griffades d’ours et une main verticale, un ours, tourné vers la gauche, un animal à la tête incertaine, un renne broutant, une tête de cheval, un cheval, un bison et un autre cheval. dans la partie médiane, de la gauche vers la droite on voit deux chevaux, un auroch. dans la partie supérieure on voit un cheval sans tête, un bison et un phallus.

La collection de Préhistoire Claude Douce à Sauveboeuf.

Après le repas nous allons au château de Sauveboeuf situé à 3,5 km de Montignac. C’est un château du XVII° siècle, laissé à l’abandon et racheté en 1986 par Claude et Florence Douce qui l’ont complètement rénové et ont installé dans les sous-sol un musée de préhistoire.Nous sommes accueillis par le propriétaire et Jean-Claude Piel-Desruiseaux qui nous font visiter une collection fabuleuse. Le site internet de Sauveboeuf dit qu’on y trouve « une myriade incroyable d'outils, de bijoux et de breloques rares qui forment la première

collection mondiale de préhistoire. Elle est estimée par les professionnels de la Préhistoire, étudiée par des chercheurs et conservateurs d'Europe, de Pékin ou New York».Nous sommes vraiment impressionnés par la variété et la multiplicité et la qualité des collections présentées.

Vendredi 10 mai : la grotte de Foissac

Située sur un plateau calcaire dominant la vallée du Lot à proximité de Figeac, la grotte a été découverte en 1959 dans une zone où des pertes de ruisseaux intéressaient les géologues. On est tout d’abord frappé par la beauté des concrétions de calcite dont des bulles et des fistuleuses.Les vestiges préhistoriques montrent une occupation très ancienne avec des représentations animales du paléolithique supérieur et des vestiges paléontologiques comme des lions des cavernes, des hyènes, loups, ours et des grands herbivores tombés dans d’anciens avens (bisons, aurochs, chevaux, mammouths ou rhinocéros, cerfs…).

La grotte est surtout marquée par une occupation du chalcolithique dont on remarque une empreinte d’un pied d’enfant et les traces des mineurs venus extraire l’argile il y a environ 5000 ans. Il s’agissait d’une exploitation importante dont subsistent des fragments de bois et de poteries.On y remarques diverses sépultures (une trentaine d’individus), les tessons de deux vases presque complets et des outils ou pointes de flèches de silex. La visite se termine sur un éboulis obstruant l’entrée primitive de la grotte de Foissac. Cette obstruction a permis la conservation du site.

Le Musée Champollion, à Figeac

L’après midi nous visitons le splendide musée Champollion rénové en 2007. Il explique comment l’écriture est apparue en plusieurs endroits de la planète. Une salle au Rez-de-Chaussée démontre comment Champollion a réussi à déchiffrer les hiéroglyphes.

Aux niveaux supérieurs, les salles sont organisées autour de grands thèmes :

- l’homme, le monde et- l’écriture,- la naissance des écritures en chine,

Amérique et Moyen Orient.- l’invention des alphabets en

Méditerranée.- le livre mémoire des hommes,

l’imprimerie.- l’écriture le pouvoir et le citoyen,

l’écriture comme moyen de contrôle, d’information, d’expression.

Samedi 11 mai :

Communications au Musée national de la Préhistoire

STALENS Henri : « La dame du Cavillon, nouvelle étude et nouvelles techniques de recherche ».Henri nous a déjà présenté, lors des précédentes AG de Lithos, la dame du Cavillon, qui a vécu, au Gravetien, dans le sud de la France près de Menton, Au cours de cette dernière année, des recherches complémentaires concernant les sédiments ont été à nouveau effectuées pour déterminer les conditions de l'environnement (température,micro-faune), mais aussi le mobilier (lames de silex) et les ornements (résille) dont elle était parée. Le crâne, à moitié écrasé a été reconstitué par ordinateur. D'autres études ont été menées : la provenance des colorants qui recouvraient la sépulture, les stries dentaires pour déterminer son alimentation et l'état d'une fracture qu'elle avait eu au radius. Bref, c'est toute une étude, réalisée avec des moyens d'investigation importants et onéreux qui sera présentée l'an prochain dans un rapport en trois volumes.

LAMBRECHTS Alain : « Les origines du langage » .

Voir le texte publié intégralement, par ailleurs, sur le site de Lithos-périgord.

BENARD Alain : " Les stèles néolithiques de la moyenne vallée de l'Essonne".

La moyenne vallée de l'Essonne présente une concentration de mégalithes. Il s'agit pour la plupart d'éléments de sépultures comme à Maisse où l'on trouve un coffre néolithique dans une structure ovalaire. Un bloc en réemploi était gravé (stèle) et se trouve au musée de Nemours. Sur une face une gravure de visage. A Boigneville, dans un champ, on a trouvé une dalle ornée avec des gravures. Les gravures représentent souvent des représentations humaine schématiques, des visages humains avc un bandeau de maintien de coiffe, des haches et des crosses piquetées. Les datations sont faites par comparaisons stylistiques, et plus rarement par mesure du carbone 14 lorsque l'on retrouve des ossements. Il s'agit d' une culture locale du néolithique moyen du bassin parisien.

GIRARD Marie (et Christina ...) : « Les Kogis »

En Colombie les Kogis sont les héritiers d'une civilisation pré-colombienne. Ils se sont réfugiés dans la Sierra Nevada au début du XVI° siècle, car les espagnols à leur arrivée ont massacré les prêtres, et pillé les objets en or. Les Kogis vivent, coupés du monde, entre 800 et 1000 mètres d'altitude. Le climat, tropical au niveau de la mer, passe par des zones de forêts humides, puis de prairies devenant semi-arides au dessus de 3000m et coiffées de neiges éternelles au dessusde 5000m. La capitale qui a été retrouvée était une grande cité en

terrasse, bien équipée de rues et de canaux. Chaque village était lié à une activité (agriculture, pêche). La population compte à l'heure actuelle 12000 personnes vivant de l'agriculture montagnarde, de l'élevage (moutons, chèvres, porcs). Ce sont des agriculteurs nomades qui se déplacent au grè des saisons ; les habitations sont ainsi souvent inoccupées. On trouve des lieux sacrés où se rassemblent les gens pour résoudre les problèmes. Les hommes et les femmes se séparent pour prendre les décisions. On y juge les délits par le dialogue et la persuasion. L'organisation sociale valorise le collectif avec séparation des tâches masculines et féminines. Il n'y a pas de chef. Les hommes sont plus tournés vers l'extérieur (défrichage, construction de ponts par exemple) et le tissage. Le poporo est un instrument de méditation composé d'une calebasse, de bâtons et de coquillages, son utilisisation, par les hommes, accompagne la mastication de la coca. Les femmes symbole de vie sont tournées vers le milieu intérieur, les repas, le ramassage des feuilles de coca. Les enfants ne sont pas scolarisés mais s'instruisent dans le groupe, les plus agés soutenant les plus jeunes.C'est un peuple lié à la terre qui est vécue comme un vaste organisme. Les humains doivent la protéger. Des gros rochers servent de lieu de mémoire de la culture et sont lus (9 niveaux de lecture) par les chamanes qui ont subi une longue initiation (7, 9, 18 ans dans l'obscurité). Ils effectuent leurs voyages chamaniques grâce à des animaux tutélaires. Ils dirigent toutes les activités de la vie et maintiennent l'équilibre de la société.Une association internationale s'est constituée pour les aider à récupérer leurs territoires et sauver leur culture.

RONGIER Régine : « l'art aborigène contemporain du désert central ».

La culture aborigène est surtout de tradition orale, mais elle transparait dans des peintures et des gravures qui sont effectuées sur des parois rocheuses, des écorces, des ornementations corporelles ou le sol. C'est un art sacré. La spiritualité des aborigènes repose sur le fait que c'est la pensée qui a créé l'univers. Chaque chose possède donc une part matérielle et une part spirituelle. Chaque élément de l'univers est partie d'un grand tout. Il y a interdépendance entre le cosmos et notre corps. Un individu a deux âmes, l'une mortelle l'autre immortelle. Le temps a trois moments : le temps des origines où des êtres surnaturels ont façonné le monde, le temps présent où les rituels servent à régénérer et maintenir la permanence du monde, le temps de l'avenir où l'âme mortelle réintègrera le néant et l'âme immortelle rejoindra le lieu des ancêtres. Les aborigènes sont liés à l'esprit des ancêtres (le ou les totems), et doivent subir une longue initiation jusqu'à l'âge mûr. L'art a pour but de décrire et de montrer la réalité du monde complexe et le temps du rève qui est le thème central de la culture puisqu'il explique l'origine du monde. C'est lui qui permet de communiquer avec les esprits et respecter les lois ancestrales. Tout est illustré par des paraboles, qui, par exemple, expliquent comment les femmes ont acquis leur immense pouvoir de faire surgir la vie, ou comment elles ont perdu le pouvoir de la chasse et de l'initiation, tentées par le serpent qui voulait échanger ces pouvoirs contre des bandeaux...

La colonisation de l'Australie a privé les aborigènes de leurs droits et les a parqué dans des réserves. Ce n'est qu'en 1970 qu'ils ont pu à nouveau reproduire leur art sur les murs et les portes des écoles et recommencer à exprimer leur culture.Régine montre alors de nombreux tableaux réalisés par des artistes contemporains et explique comment les signes ont un sens et ne peuvent être compris sans langage et clé de lecture. En l'absence des photos, il ne me semble pas possible de décrire ces œuvres. Il serait bon que Régine publie et fasse connaître aux adhérents de Lithos ces tableaux splendides et leur signification qui relie le présent et le passé dans un même mouvement.

CALDWEL Duncan : « Western Saharan Sculptural Families and the Possible Origins of the Osiris-Horus Cycle”. Des ressemblances existent entre les trouvailles faites autour de l'oued Draa dans le Sahara occidental et une zone englobant le lac Nasser et le Soudan dans la première moitié du 4e millénaire avant notre ère. Henri Borde avait déjà signalé une sculpture de rapace ressemblant à Horus. Il pourrait y avoir un continuum évolutif entre ces régions situées à 3500 kilomètres de distance, lié à la propagation du pastoralisme et de son bagage culturel de la Nubie au Maghreb de 6000 à 5400 avant notre ère. On a trouvé des aires de broyage avec des bas-reliefs montrant des serpents spiralés, dans le Sahara occidental dans le cadre d'une tradition de meules décorées, et le nord de la Nubie, où il n'y avait apparemment pas de tradition. Ces zones semblent isolées aux deux extrémités du Sahara mais sont presque identiques. Des reproductions de faucons montrent que les déplacements se sont faits vers l'est plutôt que vers l'ouest, vers 4000 avant notre ère. Si cette interprétation est correcte, l'apparition de ces ressemblances le long du Nil peut représenter l'arrivée de réfugiés fuyant la dégradation des conditions climatiques d'un Sahara devenu plus aride. Le voyage aurait été aussi longtemps que celui des Tsiganes migrant de l'Inde vers l'Europe. Il aurait également été extrêmement difficile, puisque la dernière étape de l'exode s'étant effectué dans la partie du Sahara la plus sèche. Cet exode primitif a apparemment laissé sa marque sur la mythologie égyptienne, contribuant au mélange culturel qui a donné naissance à la civilisation pharaonique : le mythe Horus-Osiris. Ce mythe, qui peut commémorer le voyage et intégre le concept cyclique de la royauté, a duré plusieurs millénaires.

CLAERHOUT François : « Les mégalithes du Sénégal, région de Sine Saloum ».

Après avoir évoqué ses derniers voyages dans le monde , François nous parle cette année des mégalithes qui se trouvent au nombre de 30000 sur l'ensemble du Sénégal. Dans le Sine Saloum il a trouvé des groupes de pierre, certaines assez basses et d'autres plus hautes et plus minces. Un premier cercle montre une dizaine de monolithes et une vingtaine de squelettes posés sans position bien définie et des poteries en relation avec les pierres centrales. Beaucoup de poteries sont percées pour ne pas être volées et réutilisées! On trouve des bracelets de fer, des fers de lances et des fragments de machettes. Le 2° cercle (28 pierres) avec des pierres couchées et 59

squelettes enterrés les uns au dessus des autres avec des bracelets et des poteries. D'autres sites montrent des structures équivallentes. Des datations indiquent une période de -4000 à -3000 .Des textes de Cyr Descamps parlent de tumulus (mais pas de cercles de pierres) et d'enterrements de rois entourés de leurs femmes et recouverts de monticules, avec des pieux coiffés de poteries. Ce type d'inhumation a du disparaître avec l'islam. D'autres auteurs pensent que ces cercles de pierres auraient pu être des lieux sacrés où l'on sacrifiait des humains.

RAUX Pascal : « Les grottes du Sud de la péninsule Ibérique ».

La Pileta est une grotte ornée privée d'Andalousie. Elle a été fréquentée au paléo et au néolithique. Pascal montre de nombreuses photos de peintures animalières ( chevaux, aurochs et bisons, une vénus qui ressemble à celles de Laussel, bouquetins). De grandes pendeloques (30m de haut) sont des lithophones sur lesquelles sont peints des animaux et des mains. Un grand bouquetin est peint à l'ocre jaune et des mains positives. Une niche de chamane a

été trouvée récemment avec un masque. Un serpent avec une tête en V. Un lac appelle le rite de l'eau entouré de peintures évoquant des anthropomorphes et un oiseau. Au fond un grand poisson (baleine selon Pascal ?) à l'intérieur duquel se trouve « Jonas ». Une galerie trouvée par Breuil montre des tortues.

BERROUET Florian.Florian et Maeva nous montrent les photos d'un chêne, qu'ils ont trouvé dans la vallée du Baztan, en Navarre, sur lequel a été posé un christ en croix surmonté d'un fer à cheval. Autour de l'arbre se trouve une structure de pierre dont un rocher en forme d'autel. (Voir les photos par ailleurs sur le site Lithos). Pour Pascal, on retrouve à plusieurs endroits en France des chênes identiques appelés « Chêne à Margot ».

Visite de la Grotte du sorcier de St Cirq.

Aprés les présentations au Musée, nous retournons rapidement voir la grotte du sorcier de Saint Cirq, près du Bugue, que nous n'avions pas pu voir jeudi. La première partie de la grotte qui bénéficiait de la lumière naturelle présente une frise de plusieurs chevaux et un bison On dénombre 10 unités graphiques dans cette partie dont 4 chevaux, 2 animaux indéterminés et 1 bison. La seconde partie, plus profonde et dans l'obscurité, présente 18 gravures différentes du Magdalénien, dont une représentation masculine célèbre : le sorcier. Corps féminin limité au bassin, au sexe et au cuisses, gravé tête-bêche, figurine féminine génoïde, têtes humaines bestialisées, bison, bouquetins, cheval, signe triangulaire, traits parallèles complètent la série. Les gravures de cette partie sont plus fines et beaucoup moins profondément gravées.

20 heures, Assemblée Générale au Carbonnier

Cette journée bien remplie se prolonge par la traditionnelle Assemblée Générale où sont approuvés et votés les rapports financiers et moraux de l'association et où sont présentés les projets de voyages futurs dont le prochain sera en Anjou. (Voir le site Lithos).Le bureau et le président sont réélus à l'unanimité des présents (longs applaudissements) .

21 h , repas convivial et clôture de l’Assemblée Générale 2013