afrikarchi magazine #2

70
1 AFRIKArchi M A G A Z I N E VILLAGE OPERA DE LAONGO Une architecture hors pair dans le sahel africain LA VILLE AFRICAINE DU XXI SIECLE Tribunes d’acteurs qui imaginent l’avenir des villes africaines URBANISME CRITIQUE ARCHITECTURALE #2 LE MONUMENT DE LA RENAISSANCE AFRICAINE Un caprice de Président Africain e

Upload: afrikarchi

Post on 25-Mar-2016

353 views

Category:

Documents


12 download

DESCRIPTION

AFRIKArchi Magazine s'adresse à tous, professionnels, étudiants comme amateurs, passionnés par les domaines tels que l'architecture, la construction, les énergies renouvelables, le développement durable, le design, l'investissement immobilier en Afrique. Ce magazine, nous l’initions, mais comme vous le savez c’est avant tout le vôtre. Nous comptons sur votre précieux soutien.

TRANSCRIPT

  • 1AFRIKArchi M A G A Z I N E

    VILLAGE OPERADE LAONGOUne architecture hors pairdans le sahel africain

    LA VILLE AFRICAINE DU XXI sIECLETribunes dacteurs qui imaginent lavenir des villes africaines

    URBANIsME

    CRItIqUE ARChItECtURALE

    #2

    LE MONUMENt DE LA RENAIssANCE AFRICAINEUn caprice de Prsident Africain

    e

  • Ne

    pas

    jete

    r su

    r la

    voi

    e pu

    bliq

    ue -

    afr

    ikar

    chi

    201

    2

    PARISSAINT-DENIS

    COTONOULOME

    KUMASI

    UBERLANDIA

    BAMAKOTUNIS

    KAMPALA

    ARCHIGENIEUR

    AFRIKARCHI PRESENTE

    UN MARCHE EN MILIEU URBAINEN AFRIQUE

    DES MARS 2013

    EXPOSITIONINTERNATIONALE

    AFRIQUE #2

    en partenariat avec :

    [email protected]

    KIGALICASABLANCA

  • Chers lecteurs,

    Notre premier numro, lanc en septembre dernier la Cit de lArchitecture et du Patrimoine, a ouvert la voie ce nouveau projet. Depuis septembre dernier, nous avons fait du chemin. Nos reprsentants et nos membres, au sein de nombreux pays africains, ont repr, analys, contribu au sein de ce magazine, autour denjeux territoriaux, urbains, architecturaux que connaissent lAfrique, dans sa diversit. Dans le Maghreb, en Afrique subsaharienne, francophone mais aussi anglophone, et mme jusquen Afrique du Sud. Des enjeux qui ont trait tout aussi bien larchitecture, qu la construction. Nous avons galement souhait aborder la question des matriaux comme celle de lurbanisme, ou encore de la voirie et des rseaux. Mais galement des questions patrimoniales. Cest tous ces sujets passionnants que nous vous invitons dcouvrir au sein de ce deuxime numro dAFRIKArchi Magazine.

    Notre association, a elle aussi poursuivi son dveloppement. Nous avons propos aux jeunes professionnels et tudiants africains mais galement trangers et issus de la diaspora, de concevoir des projets innovants dans le cadre du deuxime Concours international ARCHIGENIEUR AFRIQUE. Autour de la thmatique du march en milieu urbain, nous avons reu nouveau plus de 1000 participations, issues dune trentaine de pays africains et trangers. La dlibration du Jury est dj programme pour le 25 Fvrier prochain. Un grand moment en perspective ! A la suite de la dlibration, nous organiserons comme le veut la tradition, une exposition itinrante des meilleurs projets, en Afrique et dans le monde. Nous allons organiser prochainement une nouvelle confrence et continuons dvelopper des partenariats avec des coles, universits et entreprises. Nous continuons galement valoriser les meilleurs projets, en prospectant des fonds pour la ralisation du laurat de la premire dition du concours, le Baobab Urbain .

    Quant ce magazine, nous linitions, mais comme vous le savez cest avant tout le vtre. Une nouvelle fois, nous vous invitons bien sr le lire et le partager autour de vous, mais nhsitez pas galement nous faire part de vos propositions darticles, publications ou photographies. Notre comit ditorial se chargera de slectionner les propositions les plus pertinentes.Enfin, nous souhaitons galement faire appel vous, nos lecteurs, car pour que cette initiative perdure, nous avons galement besoin de la rendre prenne financirement. Si vous aimez nos actions, vous pouvez nous soutenir en adhrent lassociation ou simplement en effectuant un don. Mais nous sommes galement ouverts toute proposition de mcnat ou de partenariat. Nous comptons sur vous, et avons lesprit que chaque lecture est dj un soutien. Pour une Afrique ouverte, dveloppe, valorise, et reconnue sur la scne internationale.

    Khader BERREKLASecrtaire Gnral dAFRIKArchi

    EDITORIALEQUIPE REDACTIONNELLE

    Ce magazine, nous linitions, mais comme vous le savez cest avant tout le vtre. Nous comptons sur votre prcieux soutien

    REDACTION

    DIRECTEUR DE PUBLICATION ET DE REDACTIONRomarick ATOKE ([email protected])

    DIRECTEUR AJOINT DE PUBLICATION ET DE REDACTION Khader BERREKLA ([email protected])

    REDACTRICE EN CHEFSinatou SAKA (Bnin)

    REDACTEUR EN CHEF ADJOINTRoland YAO KOUASSI (Sngal)

    REDACTEURSAbiola AKANDE YAYI (Brsil)Fred ATOKE (Mali)Laure AUGEREAU (Maroc)Jean-Paul BIGIRIMANA (Rwanda)Manchini DEFELA (Cte dIvoire)Khara CISSE (Sngal)Roland YAO KOUASSI (Sngal)Francis SESSOU (Bnin)Serano STAHEL (Ghana)Rachidatou TCHAGBELE (Gabon)

    ONT COLLABORE A CE NUMERO Lahbib EL MOUMNISalima KARABERNOU

    GRAPHISTESerges Claude MEKA OTELE (Tunisie)

    PUBLICATION NUMERIQUEBoris HOUSSOU (France)

    ABONNEMENTSEcrivez-nous :[email protected]

    Magazine dit par AFRIKArchi 90, Aveunue des Acacias91800 Brunoy FRANCETl : +33 (0)6 26 57 41 60 +33 (0)6 82 83 68 87www.afrikarchi.com

    AFRIKArchi Fev - Mar - Avr 2014La reproduction, mme partielle, des articles publies dans AFRIKArchi Magazine est interdite. AFRIKArchi Magazine dcline toute responsabilit pour les documents remis. Les photos et illustrations avec la mention DR sont des lments droits rservs. Les articles sont libres de toute publicit, y compris lagenda. Les dessins techniques reproduits sont non-contractuels.

  • 4 | #2

    Quatre tribunes, quatre visions : quel avenir pour la ville africaine de demain ? Des acteurs et des passionns de larchitecture africaine nous dvoilent leur approche de la ville africaine du XXIme sicle.

    TRIBUNELa ville africaine du XXIme sicle

    Aprs son inauguration en grande pompe en 2010, que reste-t-il aujourdhui de ce monument cens surpasser la Statue de la Libert ou lArc de Triomphe ? Critique architecturale, urbaine et environnemental dun difice dont ltat, quelques annes aprs son ouverture, pose question.

    CRITIQUE ARCHITECTURALELa Statue de la Renaissance de Dakar

    Retour sur la restauration du muse dart contemporain de la ville de Ouidah au Bnin, dans une ancienne btisse de 1922 entirement rnove par la Fondation Zinsou. Une rnovation exemplaire et une manire innovante dapporter la culture dans les milieux populaires africains.

    PATRIMOINE Ouidah, moule de lart contemporain africain

    40

    Le village-opra de LaongoUn urbanisme et une architecture respectueux du site et offrant de rels bnfices pour les populations environnantes. Un projet original et ambitieux pour le Burkina-Faso. A dcouvrir ! 24

    A LA UNE

    46

    23

  • A LIRE AUSSI...

    ARCHITECTURE

    CONSTRUCTION

    PATRIMOINE

    URBANISME & VRD

    AGENDA

    www.afrikarchi.com | 5

    SommaireHope City, le rve deviendra-t-il ralit ?

    Jean-Jol Mebaley et lOrdre Gabonais des Architectes

    Housing in Kigali

    Concours du Pavillon darchitecture au Niger

    Archibat et la Cte dIvoire A quand les AFRICODES ?

    Des constructions viables au Bnin ?

    Les journes du patrimoine de Casablanca

    Dcrpitude de Tombouctou, lanctre

    A quand des contrats africains dans les domaines de lassainissement, de lurbanisme et des VRD ?

    Algrie, un urbanisme qui pose question

    Dakar lheure du dveloppement durable

    Liaisons urbaines Porto-Novo, la possibilit dun entre-deux cratif

    Les prochaines dates-cls

    36

    11

    14

    17

    8

    7

    38

    42

    68

    44

    56

    58

    60

    64

    Crdits photographiques : Couverture, pages 24 35 Francis Kr Architecture ; page 7 OBR Architectes ; pages 8 et 9 DR ; page 10 AFRIKArchi pages 11 12 DR ; pages 14 et 15 A. Yayi et RS de Lima ; pages 17 23 DR ; page 36 AFRIKArchi ; page 38 Romarick Atoke ; pages 40 49 DR ; page 50 Jean-Louis Fulcrand ; pages 51 56 DR ; page 58 AFRIKArchi ; Pages 60 62 DR ; pages 64 67 Francis Sessou et Franck Houndgla ; page 58 DR. Sommaire : Francis Kr Architecture et DR.

  • Global Archiconsult

    www.globalarchiconsult.com

    APPEL A COLLABORATIONBENEVOLAT

    LEGRAND

    COTONOU

    EgrainerMise en placeEquipe

    ArchitectesIngnieursUrbanistesTopographes ...

    SociologuesHistoriens Anthropologues ...

    Acteurs locauxConsultants ...

    RecherchesEtudesArchivesCartesBibliographieEntretiens

    Explication et Diusion de la dmarche sur la ville.Elaboration du cahier des charges & plan dactions

    Fdrer :

    Visites de sitesPrcision des actions mener

    EchangesConfrences et tables rondes occasionnelles, melant experts, usagerset acteurs de la ville.

    Sensibilisation & Implication dentreprises nationales et internationales

    Activer :Workshops, Exprimentations,Construction maquette ou chelle 1Prototypage

    Bouclage dunepremire propositiondu projet

    Prenniser :Prsentation duprojet la municipalitde CotonouRecherches dinvestisseursnationaux et internationaux

    Activater la premire graine

    1 2 3 4 5 6 7 8

    2013 2014 2015

    Vous tes interess par une collaboration internationale pour ce projet sur le Grand Cotonou. O que vous soyez, Contactez-nous!

    > Proposer des amnagements despaces verts paysags durables et de qualit dans la ville.

    > Privilgier les circulations routires et pitonnes scurises travers la ville et rnover lclairage et les perces.

    Les enjeux du projet> Amliorer laccessibilit, lassainissement et les VRD dans les quartiers de la ville.

    > Dsengorger la ville et proposer des solutions

    > Proposer des identits architecturales, urbaines

    Projet de charte architecturale, urbaine et paysagre

    Call Us : +33 (0)6 26 57 41 60 [email protected]

  • www.afrikarchi.com | 7

    Hope City. Le rve deviendra-t-il ralit ?Un grand projet pour la capitale ghanenne

    lheure prsente, il nest rien de plus quun terrain nglig, couvert par quelques arbustes et des herbes sauvages. Mais dans quelques annes, cet espace recouvert de verdure juste la sortie de la ville dAccra au Ghana, sera sans doute transform en un terrain fertile aux plus grandes innovations technologiques du monde.

    Le projet est une initiative de M. Roland Agambire, Prsident du Groupe AGAMS et Directeur de RLG Communications Group Ltd, en collaboration avec le gouvernement ghanen. Dans le cadre de la politique nationale de dveloppement, lobjectif est de tourner le Ghana vers une socit de la connaissance et de jouer un rle actif dans lconomie mondiale.

    Hope City sera lhte dun ensemble de btiments et des installations constituant un important parc technologique. Lensemble du projet devrait couvrir une superficie totale denviron 1 200 000 m. Il a t conu comme une ville de faon verticale compose de tours relis entre elles par des ponts diffrentes hauteurs, avec des installations publiques et prives. Lensemble est compos de six tours. La plus haute slvera plus de 270 mtres et comptera soixante-quinze tages. Il sagira tout simplement du plus haut btiment du continent africain. Deux autres tours compteront soixante tages et feront 216 mtres de hauteur, quant aux trois autres, elles mesureront 152 mtres de hauteur.

    Le projet a t conu par les italiens Paolo Brescia et Tommaso Principi de lagence Open Building Research.La conception architecturale est base sur la forme de maison ronde traditionnelle, principalement trouve dans trois rgions au Nord du Ghana. Nous voulions recrer une chelle diffrente le mme sentiment de la maison. Lobjectif du projet est de crer un lieu de vie, de dcouverte et dexploration qui reflte la tradition et la culture des populations locales dans un cadre urbain, contemporain., explique Paolo Brescia.

    Un projet permettant la cration de 300 000 emplois

    Le site de construction de Hope City initialement prvu Donkonaa, a t dplac Prampram. Le changement est li plusieurs raisons. Il sagissait de satisfaire les intrts des investisseurs et dallger la tche dans lacquisition des terres pour ce projet de plus de 10 milliards de dollars. Le nouveau site pour le projet couvre un espace de 900 acres, sera situ proximit du futur aroport international et du port prvu pour les annes venir. Le nouveau site Prampram possde une topographie avec peu de contraintes et des amnagements de transport seront raliss pour accder facilement au site. En outre, le nouvel emplacement offre plus despace, permettant la cration de 300 000 emplois au lieu des 50 000 emplois estims lancien site.La socit souhaite cependant prciser que le site Dunkunaa sera lui aussi dvelopp, mais autour dun concept diffrent qui est en cours dlaboration. Linstallation abritera une universit technologique, des centres commerciaux, bureaux, zones rsidentielles, des centres de jeu ainsi quun htel cinq toiles.

    En somme, ce projet vise accueillir les plus grandes entreprises de technologie et de tlcommunications, telles que Microsoft ou Google.Le lancement des travaux tait initialement prvu pour le mois de juin 2013, mais pour des raisons encore inconnues, le projet connait dsormais un retard considrable dau moins 5 mois. De plus, pourquoi encore et toujours faire appel des architectes occidentaux pour btir nos villes plutt que de mettre en pratique nos valeurs culturelles et nos comptences locales ? Jusquici, lon ne peut encore se prononcer sur les retombes de ce mga-projet, mais une question reste en suspens : le rve deviendra-til ralit ?

    Serano STAHEL

    ARCHITECTURE | Ghana

  • 8 | #1

    ARCHITECTURE | Gabon - InterviewJean-Jol Mebaleyet lOrdre Gabonais des Architectes

    M. Mebaley, vous tes le conseiller de lOGA (lOrdre Gabonais des Architectes). Pouvez-vous vous prsenter et nous prsenter lOGA ?Je suis Architecte Senior, membre et conseiller de lOGA, Directeur du Cabinet DESTINY Executive Architects, et Expert formateur en entreprise.OGA est une institution ne par dcret prsidentiel place sous la tutelle du Ministre des travaux publics. Elle regroupe tous les architectes habilits exercer au Gabon, et fonctionne comme une association de professionnels.A sa cration en 1976, il ny avait pas darchitectes libraux gabonais ; mais plutt des architectes dtat et des architectes trangers exerant au Gabon. Aujourdhui, 37 ans aprs, on compte plus de 20 cabinets darchitecture bien structurs et ayant pignon sur rue.

    Quelles sont les activits de lOGA et combien dArchitectes y sont inscrits ?LOGA recense, suspend ou interdit les architectes inscrits en son sein et organise la profession. Le recensement se traduit par linscription des jeunes architectes gabonais diplms et de tout architecte expatris qui viennent exercer au Gabon. Ils ont le devoir de se faire enregistrer lOGA, ds leur arrive au Gabon. Lorsque quun expatri sinstalle pour une dure limite il nest pas inscrit lOrdre ; mais se fait chapeauter par un autre Architecte inscrit au Tableau de lOrdre. Linscription au Tableau de lOrdre se fait une fois par an, et sur demande. Aprs sa publication les nouveaux

    postulants seront enregistrs mais ne figureront quau prochain Tableau. Actuellement, nous avons une soixantaine de professionnels figurant au Tableau. LOGA fonctionne grce aux cotisations mensuelles de ses membres et uvre depuis peu pour la promotion des architectes gabonais. Est suspendu ou interdit toute personne ne respectant pas le rglement de lOrdre ou dont les actions et travaux jettent du discrdit sur la fonction darchitecte.Extraits du rglement :Larticle 9- En conformit avec les dispositions de lU.I.A, le terme architecte est rserv par la loi une personne qui est professionnellement qualifie, diplme en architecture et inscrite au Tableau de lOrdre.Nul ne peut porter le titre dArchitecte ou sen prvaloir, sil ne remplit les conditions ci-dessus Larticle 17- Les personnes physiques titulaires dun agrment en architecture portent le titre dAgr en architecture et figurent au Tableau de lOrdre .

    Quel est votre rle en tant que conseiller de lOrdre ?Il va de soi, je conseille le Prsident de lOrdre de manire gnrale sur le fond ainsi que sur la forme.

    Pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours ?Pour moi, rien ntait prvu ds le dpart. Je fais mon cursus au Lyce, Makokou o jobtiens mon bac srie D. Amoureux des sciences, je minscris lUOB (Universit Omar Bongo de Libreville, en facult des sciences.

    Afrikarchi Magazine a rencontr Mr Mebaley Jean Joel, Conseiller de lOrdre Gabonais des Architectes (O.G.A.) son cabinet DESTINY EA. Ds les salutations, Mr Mebaley nous faisait dj faire le tour de ses locaux dont le matriel traduisait un cabinet high-tech.La courtoisie, le charme, la bonne humeur de ce Monsieur ne pouvait que nous mettre laise. Nous prenons place dans son bureau pour linterview.

  • www.afrikarchi.com | 9

    Seulement trs vite les cours mennuient : rencontrer les mathmatiques partout devenait assez dur supporter pour un touche tout comme moi. La diversit des cours du lyce me manquait normment.Il me fallait trouver une filire plus riche. La cration de lUSTM (Universit des Sciences et Techniques de Masuku), o se drouleront dornavant nos cours, na fait que me dprimer encore plus : Masuku (Franceville) constituait pour moi un coin perdu trs loign de mes repres. Par chance avant la fin danne, le concours dentre lEAMAU Lom, se prsenta. Cest ainsi que je saisis loccasion de dcouvrir de nouvelles choses.Croyez-moi, je nen fus pas du. A Lom, je fus tout de suite sduit par le fonctionnement libre et clectique de lEAMAU : pas de local fixe pour les cours, mais des btiments disperss un peu partout, certains cours se droulaient mme dans lenceinte de lUniversit de Lom. Les tudiants sjournaient aux alentours de ces btiments et la navette tait assure par un bus. Jtais merveill. Sur ces bancs me viennent lide de la cration du Cabinet DESTINY.En 1993, jeune diplm, je suis Architecte freelance. O que jaille, jamnage un coin dans mon studio qui me sert de cabinet. A mes dbuts Makokou, je minstalle avec du matriel achet en France.Je passe aprs la fonction publique en tant quArchitecte du Ministre des Travaux Publics charg du contrle des travaux. Puis, je suis pris dans une entreprise prive, SOCOBA (Socit de Constructions et de Btiment), en tant quArchitecte en chef des travaux de Btiments. Jy ai cr en 2003, le Dpartement tudes afin de rpondre au mieux la concurrence et dintroduire depuis la formation la qualit pour son fonctionnement durable. En 2008, je lance ma propre structure, celle-l qui a toujours t dans mes penses depuis 1991, DESTINY EA. DESTINY car cest le destin qui ma conduit lArchitecture.

    Laisance avec laquelle je conois les demandes de mes clients mamne penser quon nat architecte. On peut le devenir aprs une formation ; mais dans ce cas, votre travail refltera le plus souvent celui de votre matre penser et vous aurez du mal exceller ! Aujourdhui, bien que la passion brle en moi, je pense remettre le cabinet aux mains de la jeune architecte, Melle PAMBO pour me lancer vers dautres horizons.

    Quelle est votre opinion sur larchitecture au Gabon, les dfis de lOGA ?Il ny a malheureusement pas dArchitecture au Gabon. On na pas encore annonc la mort dun seul Architecte gabonais mort la tche. Tout simplement parce que peu de travaux nous sont confis. Si des Cabinets se retrouvent sans travail, il faut regarder du ct des dcideurs gabonais pour comprendre pourquoi.Tout dirigeant devrait laisser de larchitecture son peuple, car aprs sa disparition cest son architecture qui reste. Le cas des civilisations anciennes ou encore plus rcemment celui de Oscar Niemeyer, grand Architecte brsilien en est une illustration. Pas darchitecture pas de dveloppement.LOGA nest devenue trs actif que ces dernires annes. En 2000, il ny avait que 5 cabinets darchitecture gabonais. Mais en 2009, il y a eu une restructuration organisationnelle de lOGA par le biais de llection dun bureau de lOrdre. Et galement, un accent particulier port sur la Communication (interventions dans diffrents mdias, Tableau de lOrdre, insertion dans les annuaires locaux,). Dornavant, il sagit en plus de recenser, dorganiser la profession, de parler dArchitecture et de faire parler dArchitectes. Ces trois dernires annes sous le mandat de Mr Thierry OKENGUE un travail institutionnel a t fait. Nous avons multipli les rencontres professionnelles avec lensemble des intervenants dans lacte de btir.

  • 10 | #1

    ARCHITECTURE

    Quels sont les freins que lOGA a eu rencontrer dans lexercice de ses fonctions ?LOGA en tant que telle na pas eu de freins. Cest dune part larrive tardive sur le march darchitectes libraux gabonais et dautre part lintervention darchitectes internationaux sur des projets gabonais qui contribue labsence de larchitecture gabonaise. LOGA multiplie ses rencontres de sensibilisations, la balle est dans le cas des autorits gabonaises.

    Que pensez-vous dAFRIKArchi ?Cest selon moi une trs bonne initiative. Vous avez tout mon soutien. Dailleurs, pour votre prochain concours, je vous propose le thme de lhabitat rural. Cest une problmatique relle ici au Gabon o 80% de la population est concentre Libreville. Du coup, lenvironnement dans les campagnes, de nombreux hectares, reste peu touche et lon pourrait imaginer un cadre de vie en accord avec la nature, agrmenter lAgriculture pour avoir de belles perspectives et crer aussi des espaces utiles pour une autosuffisance alimentaire. Pensez-y !

    Quelle est votre vision de la ville africaine du XXIme sicle ?La ville africaine reste un modle unique rinventer. En faisant une synthse de tous les problmes rencontrs travers les sicles pour lamnagement dune ville et avec les puissants outils de projection actuels, lAfrique est le lieu o on peut faire les plus belles villes.

    Un message pour les jeunes acteurs africains, tudiants comme professionnels ?Il faut toujours soigner son image : langage, carte et habillement. Depuis ses locaux jusquau travail que vous rendez, tchez de le faire de faon irrprochable. Se mettre en valeur pour esprer en retour une considration digne. Apprenez raliser vos clients ce quils sont mmes de vous payer. Ne vous tuez la tche que quand cela en vaut la chandelle. Proposez des solutions adaptes aux bourses de vos clients. Ne vous laissez pas dcourager et apprenez dmarrer limpossible avec le disponible.

    Rachidatou TCHAGBELE

    ARTICLE AFRIKARCHI & ENSAPLV a venir

    Clin doeil

    Courant dcembre 2013, lassociation AFRIKArchi a t accueillie par M. Bruno Mengoli, le Directeur de lcole Nationale Suprieure dArchitecture de Paris-la Villette, lune des plus importantes coles darchitecture de France. Cet change a permis de valoriser les actions entreprises par lassociation afin de dvelopper lchange international autour des domaines de larchitecture, de lurbanisme, de lingnierie, mais galement de promouvoir les jeunes talents africains travers le monde.Au cours de cette rencontre, les jalons dun partenariat ambitieux ont t poss, puisque le

    Directeur de lcole a sond AFRIKArchi sur les potentialits de partenariats pdagogiques entre lcole parisienne et les coles et universits en Afrique. Ltablissement a ainsi souhait nous auditionner dans le cadre de sa rflexion portant sur la cration denseignements ayant trait lAfrique. Bref, ce partenariat met donc en exergue des perspectives de dveloppement intressantes pour lassociation et pour ltablissement... et nous vous annonons ds maintenant une bonne nouvelle venir trs prochainement !

    Khader BERREKLA

  • www.afrikarchi.com | 11

    ARCHITECTURE | Rwanda

    Rwanda, officially the Republic of Rwanda, is a country in central and eastern Africa with a population of Approximately 10,5 million(2012). Rwanda is located a few degrees south of equator, and it is bordered by Uganda, Tanzania, Burundi and Democratic Republic of the Congo. All of Rwanda is at high elevation (country of a thousand hills), with a geography dominated by mountains in the west, savanna in the east. The climate is temperate with two rain season and two dry seasons every year.

    Kigali City, the capital of Rwanda, is one of the fastest growing cities in Africa and has the fastest rate of urbanization. As we work towards our goal of becoming a leading urban centre in the region and on the African continent, we will try to follow a route of sustainable development, through balancing the needs of the economy with that of the environment and the community. In 2007, the Kigali conceptual master plan by US based Oz architects, developed by the Singaporean city planners Surbana envisaged a de-centralized city with densely populated sub-centres connected with a mass transit system to a sparkling new central business district - a new financial and IT hub for East Africa -. Rapid urbanization caused in part by an ever increasing population and rapid rural to urban migration has and will continue to put pressure on the capital city of Rwanda. Apart of Kigali master plan, the government

    of Rwanda produced legal framework documents such as: National land policyin 2009, National urban housing policy, National human settlements policy which contain regulations on grouped housing known as IMIDUGUDU in Kinyarwanda. The government of Rwanda is reinforcing and encouraging its people to live in IMIDUGUDU. Within this strategy, it is easier to provide facilities, infrastructures, and services for grouped housing. The view of government on urban housing, is dense housing which can accommodate many people, that is why, the city of Kigali will accommodate 3million and todays population about 1 million.

    This article discusses and describes housing issues between the African and the local Rwandan mostly in urban areas like Kigali. Kigali Housing is characterized by large squatter settlements largely developed spontaneously and without planning. The discussion reveals an analysis of existing built form, urbanization and demographic pressure, government attempts to react on and organize these spontaneous processes. The target of this article is to give solutions on the following questions: What kind of Housing is suitable for those growing urban population/cities? Are Rwandan people ready to live in small flats within high-rise building? Is this suitable both in terms of urban models and culturally and socially sustainable development of Rwanda? What housing typology suitable for cities like Kigali?

    Housing in Kigali

  • 12 | #1

    ARCHITECTURE

    Urban housing is a worldwide need, especially urgent in rapidly growing cities of the developing world, evident in unplanned and informal communities.( Bhatt. V & Rybczynski. W, 2004).Kigali, a young city, is founded in 1908 by the German Richard Kandt. Kigali City has the fastest rate of urbanization. Its density is particularly very high (1,049 in 2002 and 1,556 persons per square kilometre in 2012) and the city continues to grow at rate of 5.7% per annum. Recently the City of Kigali instigated a Housing Demand study which identified the need to build over 300,000 formal houses over the next 10 year period. The current data shows that Kigali has 223,000 houses with 50% are in good condition, 32% need upgrading and the rest rate needs to be replaced. The government of Rwanda is facing such problems, for provision a systematic approach to affordable housing for all the people residing in the city. From its creation till now the city has been developed, built in different ways. The housing needs continue to grow in such manner informal settlements were created.

    The city of Kigali is characterized by informal settlements, in which the majority of the urban poor live . And low income people, they are in urgent need of upgrade or replacement or are located on steep land deemed unsafe. This, in combination with land clearance for new city developments, has justified demolition and re-settlement of many central communities to the edge of the city in new planned village-like developments. The character of Kigalis citizens is that everyone wants to have a small house. The edges of the city are being developed informally to have a sense of ownership. These people who live in those small units they are not familiar with high rise buildings. If you walk around Kigalis informal areas you discover that everyone wants to maximize land by building it which make those places lacking open spaces such as playgrounds, and public squares. You may find houses with small pathways in between sometimes bordered with buildings walls or fences. The use of fences is predominant in informal and formal settlements; these fences are used for privacy and security reasons. Businesses are along those small streets, there is a mix of commercial activities within the dwellings, and some buildings have shops in the front and bedrooms at the back. There is no separation of activities in informal settlements.

    An informal area with mix of activities at Gitega

    Banyahe, an informal neighborhood in Kigali All the projects focusing on Umudugudu (grouped housing) like Gacuriro, Gisozi (Chez Gaposho), Kibagabaga, and Batsinda. There was not consideration about different economic classes. The first three are for high and medium income which represents a small percentage of people of Kigali. The only village that people for low income can afford is Batsinda, even it was built to accommodate people relocated from Kiyovu. All of these housing projects contain one typology; there is no variety of typologies which make these places for a certain group. In these places, there is a separation of activities which is different to the life of informal areas.

    Nyarutarama typical house for medium and high income

    To conclude, the type of housing that is suitable for Kigalis residents, is a housing which contains various typologies, mixed, which can combine all facilities, services and infrastructures.The housing typology should be flexible, being able to be changed as users wanted. Planning housing in Kigali, town planners and architects need to recycle wasted spaces mostly wasted due to the physical character of Kigali where 50% is on high slope with the gradient of 20%. Most of houses built in these areas are on high risk, they are unsafe. One of the options that can help us to adapt on those places, is using retaining walls which become building walls, circulation, drainage and recreational spaces which are lacking in informal areas. Currently there is no creative way to adapt on those areas.

    Jean-Paul BIGIRIMANA

  • www.afrikarchi.com | 13

    Maintenant disponible en kiosque

  • 14 | #1

    ARCHITECTUREARCHITECTURE | RcompenseAbiola Yayi et Robert Soares de LimaLaurats du concours : Le pavillon darchitecture en terre au Niger

    Le pavillon de Terre, issu de la proposition du concours, doit reflter dans son projet architectural, lutilisation du matriau terre ds les premiers croquis. La relation entre le site et le pavillon aussi doit tre explicite, puisque lide dune architecture unique qui puisse simplanter dans nimporte quel endroit a t surmonte. Le territoire africain possde des particularits qui ncessitent un regard plus attentif aux questions architecturales, climatiques et sociales. Sur le continent, il existe tant de nuances quil serait impossible de penser une architecture unique qui se rpterait indfiniment sur tout le continent.

    Niamey possde un climat semi-aride selon Kppen, avec peu de pluies durant lanne, et mme certains mois sans pluie. Ceci implique la ncessit de penser une architecture qui rponde ces conditions climatiques rudes.

    La terre crue comme lment de construction offre ainsi un excellent confort thermique, qui maintient lintrieur des difications une temprature douce durant toutes les diffrentes saisons de lanne. Ceci est d aux proprits naturelles de

    largile maintenues in natura. (ABCP, 1987 apud SATO). Ainsi, ce matriau se dfinit comme un excellent choix pour la construction civile dans cette ville.

    Un matriau qui rpond aux enjeux socio-conomiques du territoire dimplantation du

    projet

    Vaincus les prjugs, la terre crue comme matriau de construction rpond aussi aux enjeux de la ralit socio-conomique africaine. La terre est facilement accessible, cest un matriau de proximit. Quand il est bien travaill, ce matriau offre des conditions dhabitabilit suprieures la grande majorit des matriaux actuellement utiliss dans la construction civile. Mieux encore, la terre a une valeur symbolique qui depuis toujours ft associe la notion de culture africaine. Rien de plus naturel donc que ce matriau qui, en sadaptant aux quelques amliorations technologiques quoffre notre re, peut retrouver sa place de choix dans le quotidien des populations.

  • www.afrikarchi.com | 15

    Le concours dides international-Pavillon de lArchitecture en Terre prtend, entre autres aspects, transmettre le message que la terre comme matriau de construction, na pas besoin dtre substitue par dautres matriaux soi-disant nobles tant donne la ralit de lAfrique qui est trs diffrente de lEurope, principalement. Il est donc incohrent de vouloir simplement importer larchitecture dautres rgions vers lAfrique.

    Une architecture bioclimatique, ralise avec la technique de la

    terre pis

    Notre proposition consiste en une analyse minutieuse du site sur lequel sera construit le pavillon. Ainsi nous avons observ linsolation qui latteint, en prtant attention son orientation ; nous avons cherch des informations susceptibles de nous indiquer les vents dominants de la ville de Niamey.

    Nous avons aussi pris en compte galement des donnes sur la pluviomtrie, observ les difications existantes et la vgtation des alentours du site. Enfin, nous avons considr les flux principaux existants et dvelopper, ainsi que les types dactivits dvelopps aux alentours du site.

    Nous avons utilis la technique connue en milieu francophone de la terre pis, appelle taipa au Brsil, pays de formation des membres de notre quipe. Cette technique est appele plus spcifiquement taipa de pilo. En gnral, dans cette technique, la terre crue est compacte entre des plaques de bois appeles taipais, que sont mises lune ct de lautre, qui donneront forme au mur. Nous croyons quil est prfrable dutiliser une technique utilisant la terre crue que dautres o la terre est cuite, car la ressource nergtique utilise est moindre dans le cas de la terre crue.

    Abiola YAYI

    Laurats du concours : Le pavillon darchitecture en terre au Niger

  • 16 | #1

    ARCHITECTURE

    Guillaume Koffi & Ismal Boga NGuessanARCHIBAT ET LA CTE DIVOIRE

    CONSULTANT AFRIQUE

    Annuaire International de consultants en externalisation de comptences (outsourcing) pour l'Afrique.

    www.consultant-afrique.com

    VOUS FACILITE LA REALISATION DE VOS PROJETS

    EN AFRIQUE

    Les consultants sont classes par secteurs d'activits et par pays.

    International Directory of consultants in outsourcing competences (outsourcing) for Africa.Consultants are classified by sector and country.

  • www.afrikarchi.com | 17

    Guillaume Koffi & Ismal Boga NGuessanARCHIBAT ET LA CTE DIVOIRE ARCHITECTURE | Cte dIvoire - Interview

    Cest un Guillaume Koffi dcontract, heureux que nous avons rencontr dans le Cabinet Koffi & Diabat Architectes Cocody (Abidjan). Les mains dans la poche, la cravate laisse quelque part pour souffler la simplicit, le sourire brillant comme une fleur blanche, et les yeux bleuis de joie et de sympathie...

    ARCHIBAT, ce grand rendez-vous de larchitecture et du btiment, qui a ouvert ses portes pour la quatrime fois le 7 octobre 2013 lHtel Ivoire, a laiss lexultation large la bouche des organisateurs. Guillaume Koffi, prsident du CNOA-Conseil National de lOrdre des Architectes de Cte dIvoire, en est le premier. Lui lun des cerveaux de cette ide impressionnante qui fait aujourdhui crotre lespoir et lesprance des Architectes de Cte dIvoire. Aujourdhui, ARCHIBAT a ferm ses portes. En attendant la cinquime dition, ARCHIBAT 2015, quel bilan fait-on de ldition 2013 et des ditions prcdentes ? Quelles perspectives pour demain ? Guillaume Koffi se livre

    CONSULTANT AFRIQUE

    Annuaire International de consultants en externalisation de comptences (outsourcing) pour l'Afrique.

    www.consultant-afrique.com

    VOUS FACILITE LA REALISATION DE VOS PROJETS

    EN AFRIQUE

    Les consultants sont classes par secteurs d'activits et par pays.

    International Directory of consultants in outsourcing competences (outsourcing) for Africa.Consultants are classified by sector and country.

  • 18 | #1

    ARCHITECTURE

    Comment est n ARCHIBAT et qui en sont les initiateurs ?

    ARCHIBAT est n du rve concomitant de deux amis, Ismal NGuessan, professionnel de la communication et moi-mme. Parce queffectivement, nous avons senti le besoin de promouvoir lArchitecte, larchitecture et le btiment en Cte dIvoire, en particulier. Cela fait plus dune dizaine dannes maintenant quil fallait faire quelque chose pour pouvoir sensibiliser les pouvoirs publics et les populations face aux diffrents flaux que nous subissons. Ceci, au niveau des villes : les constructions anarchiques, le peu de considration que nous avons pour lenvironnement. Mais il sagissait aussi de faire comprendre aux gens que le fait de subir tout cela ntait pas une fatalit, et que lavenir de nos villes, la qualit de nos villes dpendait tout simplement de nous. Il fallait donc trouver une plateforme pour pouvoir exprimer tout cela. Mais comme ce sont des sujets qui peuvent tre ennuyeux pour le commun des citoyens, nous avons trouv quallier cette problmatique-l une plateforme dchange commercial sur les des matriaux de construction pouvait permettre de rassembler sur un mme lieu, tous les acteurs du cadre bti. Cest ainsi quest n en 2007 la premire dition dARCHIBAT. Ctait un grand dfi ! Cette anne nous en sommes la quatrime dition.

    Quels enjeux taient viss ?

    Nous avions tabli diffrents thmes. En 2007, la premire dition dARCHIBAT, ctait : Btissons mieux aujourdhui, pour mieux vivre demain . Ensuite en 2009, changeons nos villes, pour changer nos vies . Et en 2011, nous avons choisi un thme li lactualit sociopolitique, qui tait Le droit au logement .

    Et en cette anne 2013, nous lavons baptis Habiter autrement pour pouvoir effectivement rpondre la problmatique de logement pour le grand nombre. Il faut que nous changions notre mode dhabitation, notre faon de vivre ensemble. Il faut pouvoir vivre densment. Ce qui veut donc dire vivre plus collectif, vivre en hauteur, et cela nest pas une fatalit pour les Africains. Cest aussi la mise en place de rgles de vie que nous puissions respecter. Je pense que les pays dvelopps lont fait avant nous. Alors il faudra pour ce faire sensibiliser les populations et se donner les moyens dy arriver. Et ce sont des choses en lesquelles nous croyons. Il suffit que nous soyons aids, pauls par la puissance publique.

    Justement, pensez-vous que tous ces problmes politiques et lectoraux, sont un frein la ralisation effective de tous ces projets ?

    Vous savez, ce sont des combats de trs longue haleine. On le constate, et cela est mondialement connu, que les calendriers politiques ne correspondent pas aux calendriers des projets humains. Mais, il reste nous de trouver les mcanismes qui vont pouvoir faire concorder les deux choses. Sinon ce sont deux concepts diamtralement opposs. Cela est clair. Mais, cest force de leur rabcher les oreilles quils peuvent saligner. Parce que cest important que les politiques aient de la considration pour nos projets, car ils les concernent aussi de toutes les faons.

    Alors quelles avances peut-on noter depuis la premire dition ?Simplement la preuve que nous sommes l. Et mme si toutes nos proccupations ne sont pas prises en compte, les gens savent maintenant que nous existons.

  • www.afrikarchi.com | 19

    Cela signifie-t-il que ce ntait pas le cas avant ?

    Aujourdhui, on nous coute plus ou moins. Et on sait galement, que le travail que nous avons accompli depuis maintenant 8 ans commence porter ses fruits. Et je le disais tantt, cest un travail de longue haleine. Prsentement, on a lactuel ministre de tutelle qui est trs ractif. On ne dit pas que ce sont nos thmes belle glande qui lont emmen prendre ces grandes dcisions, mais nous y avons contribu. Cette anne, vous-mme vous lavez constat, le nombre de dcrets qui a t pris est trs important ! Et cela est saluer. Car ces dcrets ont pour but de faciliter laccs aux actes qui consolident le droit sur le foncier. Cest--dire le type de proprit dfinitif qui sappelle aujourdhui lACD (Arrt de Construction Dfinitive) sign il y a 3 mois peine. Avant, on avait une multitude dactes avant daccder la pleine proprit. Aujourdhui, il ny a quun seul acte. Et nous, cela nous rjouit.

    Il y a eu galement ce nouveau dcret qui fixe un barme par rapport la purge foncire au niveau des terrains villageois. Cest une avance notable, plafonne 3000 francs CFA le mtre carr. Il sagit dsormais de le rendre oprationnel sur le terrain. Mais l, cest une autre bataille. Au niveau de la loi, cest dj une avance. Des dcrets sur la coproprit aussi, qui permettent galement aux syndics davoir un recours immdiat devant les juridictions de sorte que, si quelquun ne paye pas ses charges de coproprit, on puisse saisir ses biens pour pouvoir faire avancer les choses. Tous ces dcrets dj signs en 2013, cest norme ! On navait jamais vu cela auparavant. Cest vrai que ce nest pas facile, mais nous avons foi que nous allons arriver quelque part, au bout de nos rves. Puisquon peut dj noter un grand pas vers le changement.

    Cela voudrait-il dire que les prcdents ministres navaient pas fait leur travail ?

    (Rires) Noublions pas que nous sortons dune grave crise qui a dur une dizaine dannes. Et les problmes les plus proccupants taient les coups de boutoir politico-politiciens. Et on accordait trs peu dattention aux choses de la socit. Dieu merci, nous sommes aujourdhui dans un cycle beaucoup plus apais. Et les ivoiriens se sont remis au travail. Il ny a qu voir les travaux effectus dans la ville dAbidjan pour comprendre quil y a tellement de choses qui donnent lesprance, qui accrochent.

    Quel est le budget dune telle manifestation ?

    Ah oui, cette question ! (Rires). Quand on a lanc ARCHIBAT en 2007, ctait un rve de fou. Nous navions pas dargent pour organiser une telle manifestation. Par contre, nous avions des ides, nous avions de limagination. Alors avec trs peu, un budget minimum de 7 millions FCFA lpoque, nous avons lanc le premier salon. Bien sr, parce quil faut le dire, la mise en place oprationnelle a t progressive et avec la contribution des exposants. Tout a pour vous dire que faire des choses intressantes, ce nest pas quun problme dargent. Cest dabord la volont, de lorganisation, du srieux et beaucoup de travail.

    Par rapport aux autres salons mondiaux, quelle est la spcificit de ce salon ?

    Cest dabord un salon local mais qui est ouvert sur le monde et surtout sur lensemble des pays de la sous-rgion. Nous avons galement les exposants qui viennent de France, de lAfrique du Nord notamment du Maroc et de la Tunisie. Et sa spcificit cest quelle traite dj de problmes locaux pour pouvoir sensibiliser les populations, cible de proximit. Lautre chose, est que nous essayons douvrir la discussion sur un certain nombre dacteurs qui, priori, nont rien voir avec le btiment. Cette anne par exemple, pour ARCHIBAT, nous avons initi un volet acadmique qui sappelle ARCHIACADEMIE qui a permis dinviter des acteurs divers, pour parler du Pilotage dune opration immobilire de A Z .

  • 20 | #1

    ARCHITECTURE

    Le thme donc intresse les Architectes, les promoteurs mais galement les banquiers, qui de faon traditionnelle, en terme de financement des travaux de lhabitat, sont essentiellement ports sur les crdits acqureurs, ces crdits quon fait aux individus qui veulent acqurir une maison. Mais, comment voulez-vous quon puisse acqurir une maison, si celui qui fait la promotion de ces maisons nest pas instruit sur les questions ? Voil comment nous avons russi faire participer tout ce monde et cela a eu un impact positif. Tout le monde est inform, alors mieux les choses sont.

    Ce salon peut-il vraiment tre considr comme la vitrine de larchitecture africaine ?

    Ce serait peut-tre prtentieux ! (Rires). Mais, il contribue mieux faire connatre lArchitecture, larchitecte et le mtier. Il y a 7 ans, par ici, quand on parlait dArchitecte, on entendait dire cest quoi celui-l ? Bah comment donner autant dargent quelquun qui fait de petits dessins, qui a un rle si limit Dautres encore disaient Les Architectes sont chers Et pourtant, tout travail mrite un salaire. Et puis attention, le travail que fait lArchitecte permet non seulement davoir des constructions de qualit, et aussi de faire des conomies sur les chantiers. Parce que, quand on construit sans Architecte, on est expos des erreurs monumentales qui pourraient coter beaucoup plus chres que les honoraires de lArchitecte En quelques annes, on a contribu mieux faire connatre le mtier. Maintenant, je pense que larchitecture africaine est multiple. Larchitecture Ouagadougou nest pas la mme que larchitecture Abidjan. Nous avons effectivement en Cte dIvoire la prtention davoir une criture abidjanaise, ivoirienne de larchitecture. Et mme, nous avons une marque que nous voulons et pouvons exporter vers les autres pays de la sous-rgion.

    Quelle est la place des jeunes architectes dans la promotion de ce salon ?Nous, au niveau de lordre des architectes, nous nous battons pour que les jeunes aient entirement leur place dans le tissu architectural. Parce que lavenir leur appartient. Cest pourquoi, ARCHIBAT cette anne a organis des formations pour eux. Elles les ont runis et leur a apport les outils et rudiments pour une architecture vivante, et un urbanisme de proximit. Nous avons organis aussi un atelier avec une quinzaine de jeunes architectes qui sont intervenus sur lespace dAdjouffou, quartier prcaire situ dans le District dAbidjan. Il le fallait. Parce que les gens pensent toujours que les Architectes et les Urbanistes ne servent que pour les grands projets. Mais non. Ce nest pas vrai. Les gens doivent savoir que l o on a besoin dArchitectes, cest l o il y a le moins dargent. Et donc notre rle nous, cest de transmettre notre hargne ces jeunes pour quils aient dj du cur et de la volont.

    Devant le manque de professionnalisme dans le milieu du btiment en Cte dIvoire, devant le presque rejet des Architectes jugs trop chers, quelle politique concrte ltat et les Architectes de Cte dIvoire envisagent-ils pour la planification et le respect de la hirarchie et des normes dans ce domaine ?

    Je pense que nous ne devons pas faire la politique de la chaise vide vis--vis des pouvoirs publics. Mme si nous avons du mal nous faire entendre, il faut que nous soyons prsents pour dire au monde ce quest notre travail, notre si noble mtier. Mme si nous avons le permis de construire qui, avec toutes les crises successives que nous avons subies, a t cet instrument quelconque utilis comme formalit administrative, il faut renouer justement avec cette tradition qui exige

    A gauche, Ismal Boga NGuessan et, au centre, la Premire Dame de Cte dIvoire

  • www.afrikarchi.com | 21

    que le permis de construire soit le passage oblig au niveau de lacte de construire. Et quau niveau de la commission du permis de construire o nous sommes membres, malheureusement qu titre consultatif pour linstant, nous ne jugions vritablement pas que des rglements de prospect et dalignement au niveau de la rglementation urbaine mais que nous jugions aussi la qualit architecturale. Ce qui nest pas le cas pour linstant. Et si nous introduisons cette notion l au niveau de linstruction des dossiers de construire, nous allons forcment amliorer la qualit architecturale. Parce que cette qualit architecturale passe galement par lducation des masses. Et puisque les gots et les couleurs ne se discutent pas, chacun allant avec sa dfinition du beau, il faudra alors juger par la qualit technique qui ne doit pas faire lobjet de marchandage. Cest donc une progression vers laquelle nous allons pour amliorer notre cadre de vie. Moi le premier. Parce que voyez-vous, je suis trs critique sur la physionomie de la ville dAbidjan qui sest normment dgrade. Et comme jai lhabitude de le dire mes collaborateurs, Abidjan nest beau que de la vue davion. Parce que quand on descend chelle humaine, quelle catastrophe ! Mais, je pense que le temps et le travail permettront darriver bout de tous ces maux-l.

    Alors quelle marque comptez-vous laisser cette jeunesse que vous avez transforme, mue de par votre plume, votre charisme qui donne envie de rver et tout le renouveau que vous avez apport la grande famille des architectes de Cte dIvoire ?

    Ce que jai envie de lguer vritablement aux jeunes Architectes, cest une cole darchitecture. Et, je compte ouvrir les premires classes de cette cole en septembre 2015. Pourquoi ? Parce quen Cte dIvoire, nous nen avons pas. Lcole panafricaine (EAMAU) est Lom. Et la Cte dIvoire a aujourdhui 24 millions dhabitants. Et nous ne sommes que 200 Architectes. Cest donc normal que nous ne puissions pas avoir notre impact sur la vie et les constructions. Nous serions 2000, 3000, en ce moment nous aurions de linfluence. Alors mon rve, cest quil y ait le plus dArchitectes possible. Et que dans chaque collectivit locale, dans chaque administration, il y ait des Architectes. Et l, vous verrez que vont bouger les choses. Et personnellement, ce que je demande aux jeunes, cest davoir une formation solide. Parce que voyez-vous, nous sommes 200 Architectes, mais sur ces 200, si nous ne sommes que 10 qui vivons convenablement du mtier, franchement, cest un scandale ! Ce nest pas normal ! Il faut donc de lintgrit intellectuelle, de la recherche dinnovation, du travail. Il faut faire des constructions de qualit.

    Ismal Boga NGuessan, lautre homme fort dARCHIBAT

    Sil y a quelquun qui justement se bat pour promouvoir la plume des Architectes de Cte dIvoire, cest cet homme trs peu connu, humble, qui fait office de respect : Ismal Boga NGuessan. Initiateur du concept ARCHIBAT avec son ami de tous les jours, Guillaume Koffi, ce stratge en marketing a fait de ce salon, le porte-voix, la ligue de larchitecture de Cte dIvoire. Si, aujourdhui la Cte dIvoire na pas encore de vritable criture architecturale, elle a des produits et des hommes de qualit pour construire son empreinte et exporter sa plume. Cest cette image que veut vendre Ismal NGuessan qui sest confi AFRIKArchi Magazine le 21 novembre 2013.

    Pouvez-vous vous prsenter nos chers lecteurs ?Je suis BOGA NGuessan Ismal, Directeur de la socit AS-MARKETING, accessoirement, Commissaire gnral dARCHIBAT.

    ARCHIBAT, pourquoi ? Qui en sont les initiateurs ?

    Cest une initiative commune entre AS-MARKETING et le Conseil national de lOrdre des Architectes de Cte dIvoire qui fait son petit bonhomme de chemin et qui enregistre des croissances notables autour de 10%, preuve de lengouement et de la professionnalisation de ce salon.

  • 22 | #1

    ARCHITECTURE

    Aprs cette dernire et brillante dition 2013, quelle lecture faites-vous de ARCHIBAT et surtout dARCHIBAT 2013 ? Avez-vous des regrets ? Des checs ? Des dfaites ? Quesprez-vous pour la suite ?

    Aussi tonnant que cela puisse paratre, nous navons aucun regret. On ne peut enregistrer dchec. Parce que sur toute la ligne, ce salon na t que succs, tant au niveau des visiteurs, quau niveau des exposants, tant au niveau des rsultats financiers quau niveau de linternationalisation du salon, tant au niveau des innovations quau niveau de la sensibilisation des populations, tant au niveau de lorganisation quau niveau de la trame des produits et des annonceurs, avec des croissances encourageantes. En terme de perspective, cest surtout la possibilit de trouver un espace qui va tre en capacit daccueillir la prochaine dition qui reste en ce moment une priorit. Parce que si nous navons pas despace, nous serons au regret de dire que laventure sarrte.

    De quelle manire qualifieriez-vous larchitecture ivoirienne ?

    Premirement, je dois prciser que je ne suis pas Architecte. Mais pour ma part, je pense quon ne peut pas parler de courant darchitecture avec une identit ivoirienne qui sexprime et qui est visible. En tout cas, ce serait prmatur de croire mme sa possible existence. Dj sil ny a pas dcole nationale darchitecture, cela suppose que les architectes ivoiriens sont de prime abord des architectes forms ailleurs. Donc, ils sont en train de construire selon des mthodes, des sciences ou des outils imports. Alors on ne peut pas parler de production architecturale livoirienne. On peut cependant noter aujourdhui quil y a quand mme des architectes qui se distinguent par la qualit des uvres quils produisent. Sinon proprement dit, on ne peut pas parler darchitecture ivoirienne. Peut-tre que lhistoire de demain va crire une cole ivoirienne darchitecture. Peut-tre bien. Car si mme pour beaucoup, les grands difices en Cte dIvoire ont t faits par les premiers architectes ivoiriens, il faut aller leur dire que cest une erreur. Cest simplement des gens qui nont fait que jeter leurs signatures sur des uvres architecturales importes. Puisque autrefois, sur nos chres terres, ce sont les europens qui avaient le march, alors ceux-l devaient forcment passer par certains architectes ivoiriens pour signer leurs plans et obtenir un permis de construire. Donc en ralit, toutes les uvres que nous voyons aujourdhui sont des uvres dailleurs. Et il faut le savoir.

    Une cole darchitecture pour septembre 2015, a promis Guillaume Koffi, le croyez-vous ?Je nai pas ne pas le croire. Le besoin est l. Cest une brillante initiative. Cest un vu. Et lui en tant que Prsident de lOrdre des architectes a vu le besoin, a tenu aussi compte dun certain nombre de facteurs. Je nai aucun jugement mettre. Cest juste un souhait que je peux accompagner. Si nous avons une cole dingnierie travaux publics, dAgronomes, dArchitectes dintrieur, alors pourquoi pas une cole dArchitectes ? Cest quelque chose qui manque. Et quand on voit le besoin darchitecture dans notre pays, le besoin darchitectes et de cration, de design, cest une brillante initiative que je ne peux quaccompagner et prier mme pour sa ralisation effective.

    Votre rve pour ARCHIBAT et la jeunesse ivoirienne.La jeunesse est la cl de la vie. Et nous faisons tout cela pour eux. Mon rve, cest que les jeunes, loccasion des visites, fassent preuve de curiosit pour dcouvrir le meilleur dans chaque activit du btiment. Cest le lieu de les duquer. Et quils sentent quils sont la relve.

    Manchini DEFELA

  • www.afrikarchi.com | 23

    ARCHITECTURE | Critique Architecturale

    La Statue de la Renaissance de DakarUn monument en dliquescence

    A linstar de la Statue de la Libert aux tats-Unis, lArc de Triomphe et la Tour Eiffel Paris, je veux donner une certaine image de la Renaissance africaine, aprs six sicles de tnbres nous allons vers la lumire dixit Abdoulaye WADE, architecte de cette uvre situe Dakar au Sngal.Le site ddi la Statue de la Renaissance est partag par une centrale de production de la Sngalaise des Eaux (Socit des Eaux du Sngal). Et en face, sur une hauteur se trouve le Phare de Dakar. La Statue est btie entirement en bronze et culmine plus de 100m de haut, sur une colline surplombant Dakar. Malheureusement, le bton, le pav et la rverbration ont subi les affres du temps de manire extrmement rapide pour une uvre qui a cot 21 millions deuros et inaugure en grande pompe, en 2010.

    Un monument plus grand que la Statue de la Libert

    Situ en haut de 251 marches, la sculpture monumentale en bronze dune cinquantaine de mtres est plus grande que la Statue de la Libert, New York ! Elle reprsente une famille se librant du joug de lesclavage et de lobscurantisme, et regardant vers lavenir radieux et la lumire. Cette construction na toutefois donn aucun emploi aux sngalais ; mme les tches les plus basses taient excutes par les nord-corens.Un problme de taille, alors que que la renaissance africaine passe dabord par lautosuffisance alimentaire, la confiance dans lexpertise locale ainsi que la bonne gouvernance.

    La verdure a repris ses droits autour de la Statue de la Renaissance. La vgtation se voit sur les escarpements menant jusqu la Statue. Les broussailles deviennent des

    refuges de reptiles et autres animaux dangereux pour les visiteurs. Un manque notoire de propret est galement vident, avec des bouts de papiers, des plastiques et des botes de conserves vides qui jonchent le sol. Une fois la grande entre franchie, o se tiennent quelques soldats en faction, le visiteur est livr lui-mme. Absence de guide pour faire la visite du site. En somme, on sy dirige comme on peut.Une situation gographique, en hauteur, au bas de laquelle se trouve un quartier prcaire.La gurite servant de billetterie a elle aussi subi les squelles du temps. Cest un endroit propice au pturage de nombreux bovins qui pullulent aux alentours du site. Les animaux domestiques sont galement nombreux divaguer autour du monument.

    La nature reprend ses droits sur un site trs peu entretenu

    Au vu de ce site, lentretien nest pas rgulier. Une peinture qui scaille et mueUn ascenseur qui fait souvent des siennes avec des coupures intempestives dlectricitLe matriel nest pas entretenu. Le podium sur lequel ont prest des chefs dtat et autres invits lors de la crmonie dinauguration se dgrade lui aussi. L, ct des matriels qui agonisent. Ils sont soumis aux intempries du climat. Un escalier gant et abrupt. Il nexiste pas non plus de passerelle pour le passage des personnes mobilit rduite ou des personnes ges voulant visiter la Statue de la Renaissance. Un nouvel exemple de ralisation dconnecte de la ralit qui nous fait croire que parfois, nous en perdons le bon sens.

    Roland Yao KOUASSI

  • 24 | #1

    DOSSIER

    Le village-opra de LaongoThe Opera Village, Laongo

    ARCHITECTURE

  • www.afrikarchi.com | 25

    DOSSIER

    Le village-opra de LaongoThe Opera Village, Laongo

    Laongo, Burkina-FasoFrancis Kr Architecture

  • 26 | #1

    ARCHITECTURE | Dossier

    Lorsque jai t confront la question dune maison dopra pour lAfrique, jai dabord pens que ctait une blague. Une telle imagination ne pouvait venir que de quelquun qui soit ne connat pas lAfrique , ou qui est tellement born dabsurdit. Ce fut spontanment ma premire raction . (Francis Kr) Mais quand Francis Kr a rencontr Christoph Schlingensief, linitiateur visionnaire du projet Opra pour lAfrique, il savait que ce ntait pas une blague... Bien que le Burkina Faso soit lun des pays les plus pauvres de la plante, il est aussi un pays fier avec une population fire. Ce que beaucoup de gens ne savent pas, cest que le Burkina Faso est le centre du cinma et du thtre africain. Christoph Schlingensief a russi convaincre Francis Kr quun projet dart qui contribue faonner ou rveiller lidentit culturelle dune communaut est important pour le dveloppement dun pays. Et si Francis peut arriver construire ce btiment avec ses mthodes, en intgrant les populations locales, en utilisant des matriaux locaux, ainsi que la participation des personnes et leurs proccupations, alors ce projet serait une excellente opportunit pour un pays aussi pauvre.

    Le Burkina Faso a t victime dimportantes inondations la fin dAot 2009. lpoque, Francis Kr voyageait au Burkina avec Thomas Goerge, le scnographe de Christoph. Celui-ci a donc t tmoin de cette inondation et des destructions quelle a caus.

    Quelques heures aprs que leau ait recul, Francis et Thomas ont essay de regarder un site Ouagadougou, la capitale, que Christoph avait identifi comme un emplacement possible pour lopra. Mais ce site nexistait plus. Il avait simplement t emport par la crue. Les personnes qui vivaient auparavent heureux, sur ce site, avaient tout perdu en quelques heures.

    Aprs cette exprience, ils ont ralis le projet dOpera House se devait alors dintgrer la question la plus importante : aider les gens reconstruire leurs maisons par llaboration dun prototype de maison qui serait appropri pour cette population et pourrait tre duplique. Pour Francis, architecte et urbaniste, ce fut loccasion de dvelopper un module qui pourrait tre intgr dans le projet. Cette catastrophe a ainsi, dune certaine manire, t initiatrice du projet de lOpera Village.

    Un village opra au plein coeur du Burkina-Faso. Au premier abord, ce projet parait compltement fou. Mais celui-ci prend rapidement corps grce larchitecte Francis Kr. Comme il est dusage avec Kr, les proccupations locales, environnementale, et limplication des populations est au coeur de ce projet exemplaire. Dcouvrons-le !

  • www.afrikarchi.com | 27

    Le Village-Opra se pose sur un terrain de 12 hectares sur un petit relief de Laongo, une heure de voiture de route de la capitale du Burkina Faso, avec vue sur le paysage ouest-africain du Sahel. Le site est connect la route principale louest du site qui rejoint Ouagadougou. Il est prvu un thtre, des ateliers, un centre de sant, des logements, des panneaux solaires et un puits, une cole pour 500 enfants et adolescents avec des cours de musique et de films.

    La partie principale du projet correspond la salle des ftes qui inclut un thtre lintrieur. La scnographie de la salle de thtre a t conue et construite pour une pice de thtre en Allemagne et na plus t utilise par la suite. Maintenant, celle-ci va tre rutilise au Burkina Faso pour les besoins du village opra.

    Les ranges de siges et les murs intrieurs seront recouverts de tissus burkinab. Tout le thtre sera entirement clos sur une hauteur de 15m et sera abrit des conditions climatiques . Le village en lui-mme est constitu de modules simples et basiques, qui selon lusage qui en est fait, varient en taille et en quipement. Les modules les plus simples sont auto-construits. Les matriaux locaux tels que largile, la latrite, les briques de ciment, le bois de gomme sont utiliss pour la construction. Le bton est utilis pour les lments tels que des poutres, les poteaux, les fondations. La salle de thtre occupe une position centrale, elle est pense comme le lieu de rencontre et dchange pour des personnes de diffrentes cultures.

  • 28 | #1

    ARCHITECTURE | Dossier

    When I was first confronted with the question of an opera house for Africa, I initially thought it was a joke. Such a fantasy could only come from somebody who either doesnt know Africa, or who is so saturated that all he can think up is nonsense. That was my first, spontaneous reaction. (Francis Kr)

    But when Francis Kere met Christoph Schlingensief, the initiator and visionary of the projekt Opera House for Africa, he knew that it was no joke.

    Although Burkina Faso is one of the poorest countries on earth, it is also a proud country with proud peoples. What many people dont know Burkina Faso is the centre of African film and African theatre. Christoph Schlingensief managed to convince Francis Kr that an art project which helps to shape or awaken the cultural identity of a group is important for the development of a country. And if Francis can construct this building with his methods, by integrating local people, using local materials, involving people and their concerns there, then this project is also right for such a poor country.

    Burkina Faso fell victim to major flooding at the end of August 2009. At the time, Francis was travelling with Thomas Goerge, Christophs stage designer, in Burkina, and thus was a witness of this flood and the destruction it caused. A few hours after the water had receded, Francis and Thomas tried to look at a site in the capital Ouagadougou that Christoph had identified as a possible location for the opera house.

    But this site, located at the intersection between official and informal settlements, didnt exist anymore. It had simply been washed away by the flood. The people who had been living there happily had lost everything within a few hours. After this experience, they realized that one shouldnt just speak of the opera house project, but more important of a way to help people rebuild their houses by developing a house prototype that would be suitable for these people. For Francis as an architect and urban planner, this was an opportunity to develop a module that could be integrated into the project. This catastrophe was the initiator for the project opera village.

  • www.afrikarchi.com | 29

    The Opera Village arises on a 12-hectare land on a little rise in Laongo, one hour car drive from the capital of Burkina Faso, overlooking the West African landscape of the Sahel zone.

    The infrastructure provision is given by connection to the main road in the west of the site which is going to Ouagadougou. Planned is a festival theatre, workshops, a health station, guest houses, as well as solar panels and a well, a school for up to 500 children and teenagers with music and film classes.

    Central part of the project is the festival hall with the total theatre inside. This stage with auditorium was designed and constructed for a piece of theatre in Germany and not used anymore afterwards. Now it is going to be transformed in Burkina Faso for the needs of the Opera Village. To be maintained is the support construction of the stand and the rotating stage. The seat rows and interior walls will be covered with Burkinabe fabrics.

    The total theatre will be completely enclosed by a 15m high covering to shelter it from the climatic conditions. Simple basic modules, which depending on the equipment differ in quality and function , constitute the entire village. The most simple modules should be built in self-construction.

    Local materials such as clay, laterit, cement bricks, gum wood and loam rendering will be used for construction. For reinforcing elements such as beams, columns, ring-beams and foundations, concrete will be used. Due to the massive walls and big overhang of the roofs, air conditioning could be disclaimed in most buildings.

    The theatre hall should be a place of encounter and exchange for people of different cultural and family background.

  • 30 | #1

    ARCHITECTURE

  • www.afrikarchi.com | 31

    ARCHITECTURE | Dossier

  • 32 | #1

    ARCHITECTURE

  • www.afrikarchi.com | 33

    ARCHITECTURE | Dossier

  • 34 | #1

    ARCHITECTURE

  • www.afrikarchi.com | 35

    Program Mixed-use (theater, medical center, school, housing...)

    ClientFestspielhaus Afrika gGmbH

    Built area14.230m

    StatusUnder construction

    ArchitectKr Architecture

    Structural engineeringICI, Answer Architects

    Construction supervisionKr Architecture

    Plant EngineeringKr Architecture

    Landscape designKr Architecture

    Special thanks to Francis Kr Architecture. All Documents - Kr Architecture

    ProgrammeMixte (thtre, centre mdical, cole, logement...)

    Matre douvrageFestspielhaus Afrika gGmbH

    Surface btie14 230 m

    StatutEn construction

    ArchitecteKr Architecture

    Ingnieur structureICI, Answer Architects

    Suivi de chantierKr Architecture

    Ingnieur rseuxKr Architecture

    PaysagisteKr Architecture

    Remerciements lagence Francis Kr Architecture. Tous documents graphiques - Kr Architecture

    Khader BERREKLA, avec Roland KOUASSI

    Datasheet | Fiche technique

  • 36 | #2

    L Afrique, continent de toutes les croissances, assure son dveloppement aussi par la construction des infrastructures telles que les barrages, les ponts, les routes et les stades.

    Nul ingnieur ne saurait dimensionner et construire sans tudes de sol et autres variantes techniques pour tablir sa note de calcul. Ces tudes sont rgies par des normes et rglementations qui doivent videmment tre les plus fidles possibles lenvironnement de louvrage.

    Pour nos calculs, nous avons tous eu appliquer des thormes, des principes, des normes, des rglements caractre universel tablis par des savants, datant parfois de lpoque antique. Toutefois pour ce qui est des constructions de grands projets, il est important aussi de prendre en compte la particularit de lenvironnement dans lequel il sera plac. Il ne sagit plus dappliquer des formules universelles; mais aussi les normes du pays tablis en fonction de sa particularit gotechnique, gophysique, hydrique etc

    Pourtant toutes les notes de calcul en Afrique sont truffes de normes trangres (NF, SIA, AASHTO, EUROCODES,) tablies dans un contexte environnemental diffrent du ntre. Daucuns diraient quil ny a pas de mal procder ainsi! Il faut rappeler que la science par dfinition exacte nexiste pas, elle tolre juste une marge derreur et la mtrologie nous le dit si bien : laccumulation de multiples petites erreurs conduisent indniablement des valeurs fausses. Ainsi, se multiplient les frais de rparation sur un mme projet.

    Allez dans les bibliothques dUniversits africaines et trouvez une classification des sols par rgions, ou une norme technique de dimensionnement de votre pays. Peu dentre vous en trouveront! Certains pays ont fait des progrs dans ce sens : lAlgrie son code parasismique (le RPA), le Congo-Kinshasa a sa propre classification de sols, Madagascar son rglement anticyclonique, la Tunisie, le Maroc, le Cameroun ont leurs propres normes techniques (NT, NM, NC). Ces progrs restent parpills, car tous les pays du continent ne

    CONSTRUCTION | Rglementation

    Normes et constructions en Afrique

    A quand les AFRICODES ?

  • www.afrikarchi.com | 37

    sont pas au mme niveau. La plupart utilisent encore aujourdhui des normes ou rglements tablis depuis plusieurs dcennies, faute de mise jour. Le Guide pratique de dimensionnement des chausses pour les pays tropicaux, de 1984, en est une illustration.

    Des rglementations ancestrales et trs diffrentes

    selon les paysPour compliquer les choses la plupart des entreprises trangres uvrant sur le continent nutilisent pas le mme rglement : si au Gabon on applique les normes franaises, lAngola elle va privilgier les normes espagnoles ou portugaises, le Congo travaillant avec des normes belges et franaises Labsence de cadre normatif est criante en Afrique, elle est ainsi encore influence par les normes des anciens pays colonisateurs qui ne partageaient pas, jusqu rcemment encore, le mme rglement.

    Dans ces conditions, les cooprations inter-Etats dans le domaine technique restent trs faibles. Il est ainsi difficile de garantir des constructions fiables ou respectant leur durabilit annonce, ou encore de participer llaboration des normes internationales ISO. On assiste lapplication de techniques non adaptes, diverses ou de niveau beaucoup trop lev (plus de 7m de large pour des routes rurales de 20 30 vhicules par jour, par exemple) entrainant une perte dnergie et dargent, pnalisant les communauts et les tats emprunteurs.

    Si depuis 1970, le 14 Octobre est la journe mondiale de la normalisation ; cest depuis cette anne que le 19 Juin est dcrte, journe africaine de la normalisation par lOrganisation Africaine de la Normalisation (ORAN/ARSO) ne en 1977. LORAN uvre pour ltablissement de politiques communes en matire de systme de normalisation et dvaluation, afin damliorer le commerce intra-africain.

    Selon le Dr. Marcelin Kana, Secrtaire gnral du Comit Transnational des Gotechniciens dAfrique (CTGA), la normalisation est une entreprise participative, qui requiert de la volont politique, de lexpertise, des moyens et surtout du temps et de labngation. En dautres termes, pour de grandes avances, il faut disposer des outils ncessaires aux recherches et exprimentations en grandeur nature et vulgariser la normalisation

    tous les niveaux. La formation dExperts qualifis est aussi encourager afin de renforcer les capacits des organismes de normalisation.

    Une prise de conscience mergente des acteurs

    concernsDans le domaine de la route, de multiples actions sont menes, depuis les annes 60, par le biais de confrences, sminaires, journes et congrs de chercheurs et spcialistes, pour lvolution des politiques et techniques routires en Afrique. Le CTGA, en collaboration avec divers acteurs dont lALBTP (Association des Laboratoires de Btiments et de Travaux Publics), annonce bientt la mise jour du Guide pratique de dimensionnement des chausses pour les pays tropicaux prenant en compte les spcificits des pays ; un confort de plus pour les usagers, une harmonisation des limites de charges dessieu, voire une facilitation commerciale pour les tats.

    Plusieurs rencontres importantes sont galement programmes pour 2014. Nous pouvons citer le 2me forum international Des Normes pour lAfrique prvu pour le mois de fvrier Kinshasa. Pour le Secrtaire gnral de la Francophonie, le Prsident Abdou Diouf, cela dmontre que la normalisation constitue une tape majeure pour linscription de lAfrique dans la chane des valeurs internationales .

    Cest dire lveil des consciences et lintensification des efforts pour la ralisation et lharmonisation des standards. Ltablissement dun code unique dans le domaine de la construction par lEurope, EUROCODES, rsout le problme de la pluralit des normes. Il ne nous reste plus qu rassembler nos nergies pour redfinir les parties incohrentes nos cosystmes. Des techniques, des produits spciaux, des normes pour lAfrique, tel est notre souhait. Esprons que cela aboutisse aux AFRICODES !

    Rachidatou TCHAGBELE

  • 38 | #2

    La ncessit imprieuse de disposer dune demeure reprsente pour bon nombre de bninois un besoin trs important, de nos jours plus quhier parce que les grandes villes se dveloppent trs rapidement ! Mais au-del de la volont de jouir dun habitat, les propritaires exigent surtout la qualit.

    Pour remdier cette situation, les architectes et les urbanistes du Bnin, conscients de leur rle dintermdiaire entre ltat, les Collectivits locales et les citoyens ont dcid de prendre en compte les valeurs du dveloppement durable. La promotion de ces valeurs permettra de btir un cadre de vie de qualit qui rponde la fois aux besoins prsents et aux aspirations des gnrations futures malgr labsence dun cadre juridique.

    Larchitecture au Bnin est trs contraste dj par le choix des matriaux de construction qui sont majoritairement constitus de tles et de faux plafonds alors que lon se trouve dans un pays tropical. A Cotonou, le bton et le ciment, le toit plat ou le bac alu, avec des fentres constitues de lames mobiles en verres ou encore de vitres rflchissantes arborent les rues des quartiers rsidentiels.

    Une architecture htroclite dans un cadre urbain matriser

    Cependant, pour tenter de rsoudre ces problmes, il importe aussi pour les architectes et les urbanistes de limiter ltalement urbain. Cette forme urbaine conduit la spculation foncire et des cots exorbitants en infrastructures et en quipements. Il sagit plutt de promouvoir une densification optimale des tissus urbains centraux et priphriques, notamment !

    Mais avant cela, il sera ncessaire de concevoir et raliser des projets titre exprimental. Dune part, en proposant des formes dhabitat alternatif qui intgrent la fois les proccupations dindividualit, dintimit et de densit. Dautre part, que cette forme dhabitat soit dense et rponde aussi aux besoins dindividualit, de proprit et de spcificit des mnages. Les projets doivent galement favoriser les solutions innovantes au regard de lenvironnement relatif aux nergies renouvelables, lassainissement collectif, au biogaz, et aux rseaux de courants faibles collectifs, etc

    Sinatou SAKA

    Des constructions viables au Bnin ?

    CONSTRUCTION | Regard

  • Jouez avec Terroir Africain & Tentez de gagner Lancement trs prochainement ...

    Gastronomie|Critiques Culinaires|Art de vivre|Cours de cuisines africaines | Recettes|Conseils

    Tl : +33 (0)1 80 37 19 95 | +33 (0)6 26 57 41 60 | [email protected] | www.terroir-africain.com

  • 40 | #1

    Le choix de Ouidah, nest pas anodin. Il sagit dune ville historique et o se croisent diffrentes cultures fortes. Ce muse est abrit par la Villa Ajavon, une btisse de 1922, au style afro-brsilien abandonne par ses propritaires et compltement rnove par la Fondation Zinsou. Lobjectif premier de ce Muse est de promouvoir lArt contemporain de la ville de Ouidah.Promu par la jeune passionne et ptillante Marie-Ccile Zinsou, ce muse est considr comme un outil fondamental pour donner voir la cration de notre continent notre poque . En dpit, des problmes plus urgents dont les bninois font face, elle tente vaille que vaille dapporter lArt la porte de tous.Pour Marie-Ccile Zinsou, il sagit donc de valoriser la culture afin quelle participe au dveloppement du pays. Elle a relev des dfis et en 8 ans, 4 millions de personnes ont visit les expositions de la Fondation Zinsou. Le muse dOuidah vise ainsi le mme but, pour ainsi mettre en valeur et reprsenter dans toute sa splendeur la particularit de productions artistiques africaines.

    Dmocratiser laccs la culture pour tous

    Cette promotion sinscrit totalement dans un objectif de dmocratisation de la culture. Il sagit damener vers les populations lart et ainsi les rapprocher et les motiver la cration. En outre, ce muse a aussi un rle de conservatoire du patrimoine artistique pour transmettre le savoir-faire africain aux gnrations futures. Comme lexplique Marie Ccile Zinsou dans une interview donne Slate : Cette ville fut un point dembarquement des esclaves vers les Amriques. Elle est aujourdhui lune des plus pauvres du Bnin, avec taux de chmage des plus terribles. Le muse permettra dclairer Ouidah dune faon positive . Marie-Ccile Zinsou ajoute, savoir do lon vient pour comprendre o lon va, et donc ainsi, pouvoir dployer toute sa crativit .

    PATRIMOINE | Bnin

    Ouidah, moule de lart contemporainOuvert le 9 novembre 2013, le nouveau muse de Ouidah au Bnin, est le premier muse consacr lArt contemporain africain de lAfrique subsaharienne ! Cette initiative est ptrie par la Fondation Zinsou, cre en 2005 par le financier franco-bninois Lionel Zinsou.

  • www.afrikarchi.com | 41

    Selon les informations que nous avons eu au niveau des responsables du muse, un an de travaux a t ncessaire pour restaurer cet difice du patrimoine de Ouidah. Avant daborder ce chantier colossal, de nombreuses recherches ont t effectues, tant documentaires, quauprs des descendants de la famille Ajavon. La contrainte tait de rnover ldifice dans le respect des principes architecturaux dorigine. Tous les corps de mtier bninois ont apport leur savoir-faire et ont t particulirement prcautionneux lors de ce chantier dexception.

    Un travail dorfvre pour un btiment exceptionnel

    Le btiment a dabord t consolid. Le toit en pagode, particulirement caractristique de la btisse, ayant disparu, il a fallu le recrer intgralement (rparation de la dalle, cration de la charpente, couverture du toit). Les faades btonnes ont t rouvertes. Les sols ont t remis niveau. Une grande partie des boiseries galement reconstruite partir des exemples originaux qui se trouvaient encore en place.

    Toutes les fentres et les volets du btiment ont d tre remplacs. Des sanitaires ont t crs. Llectricit a t installe dans le respect des normes actuelles. Lescalier a t scuris. Lintrieur et lextrieur ont t repeints pour se rapprocher des couleurs dorigine qui avaient, quant elles, disparues depuis longtemps. La cour a t transforme en jardin pour revenir la configuration dorigine. Enfin, la maisonnette attenante la maison principale a elle aussi t entirement rnove. En somme, un travail dorfvre pour un btiment dune grande qualit patrimoniale.

    Il faut ajouter que la participation aux expositions du muse dart contemporain de la ville de Ouidah est totalement libre et gratuite. La premire exposition du muse accueille, Chefs-duvre de la collection et des uvres dartistes locaux et internationaux tels que Frdric Bruly-Bouabr, Romuald Azoum, Bruce Clarke ou Samuel Fosso. Des artistes que lon ne prsente plus en matire dart africain sur la scne internationale et qui seront dsormais plus connus chez eux grce la Fondation Zinsou.

    Sinatou SAKA

  • 42 | #1

    PATRIMOINE | Maroc

    Casablanca est une ville qui sest majoritairement construite au XXme sicle contrairement aux grandes cits impriales du Maroc. Certes, des vestiges tmoignent dune occupation du site trs ancienne (500 milles ans av.JC), de lexistence dune cit, appele Anfa, protge par ses remparts dont on a retrouv des traces datant du XIme sicle. Rase par une expdition punitive portugaise au XVme sicle, il faut attendre trois sicles pour quelle renaisse de ses cendres par la volont du sultan alaouite Sidi Mohammed Ben Abdallah. Mais mme dote de remparts, dune mosque, dune mdersa et de hammams, celle que lon nomme Dar el-Beida , la ville blanche, prfiguration de son destin futur, a des allures de bourgade et doit connatre bien des hauts et des bas avant daborder un

    tournant dcisif dans la deuxime moiti du XIX me sicle. Sa position stratgique en fait en effet un port dexportation de crales et de laine en direction de lEurope qui connat alors une grave pnurie. Lintroduction de la navigation vapeur acclre lintensification de ces changes qui deviendront galement un commerce dimportation. Lactivit du port de Casablanca attire des populations de tous les horizons : des ruraux, des commerants de Fs, de Tanger ou dEssaouira, des Europens. Tous sentassent dans la mdina qui, peu peu, substitue un habitat prcaire des constructions en dur. Aujourdhui, laspect de ces habitations et de ces htels pour voyageurs ont une configuration trs loigne des mdinas traditionnelles : grandes fentres et balcons tmoignent

    Les journes du Patrimoine de Casablanca 6me dition - du 1er au 6 avril 2014Fortes de leur succs croissant (15 000 visiteurs en 2014), les journes du Patrimoine invitent le grand public dcouvrir une autre facette de leur ville, longtemps plus connue pour son dynamisme conomique que pour ses monuments.Plus de 150 guides bnvoles, rpartis sur cinq sites, sengagent chaque anne, une nergie mise au service des populations tant il est vrai que le patrimoine est laffaire de tous et que la dlicate question de sa prservation passe par la mobilisation des habitants.

  • www.afrikarchi.com | 43

    dj de la spcificit de lidentit de Casablanca : une ville mtisse, cosmopolite, ouverte sur son port et le monde.

    Un laboratoire de la ville moderne au XXme sicle

    La crise du logement et la spculation immobilire sont une autre spcificit de Casablanca. Elles seront canalises, dfaut dtre matrises, par lapplication Casablanca, vritable laboratoire exprimental ciel ouvert, dune discipline encore balbutiante en Europe : lurbanisme. La ville moderne voulue par le Marchal Lyautey en 1912, sdifie au-del des remparts de la mdina. Lyautey fait appel auprs de lui dune quipe dirige par Henri Prost, qui met en place des principes toujours visibles aujourdhui : alignement et mitoyennet des immeubles, rglementation urbaine dfinissant le gabarit des constructions, hirarchisation des voies (des grandes artres comme le boulevard Hassan II aux rues rsidentielles) sparation des fonctions. Ainsi, en pendant la place des Nations Unies, connecte au port, moteur de lactivit conomique, est amnage la place Mohammed V destine recevoir les btiments officiels de la ville. De 1917 1937, slve ainsi un ensemble ddifices signs par des architectes qui ont en commun une gale fascination pour la tradition marocaine et

    pour la modernit. Ils vont forger ensemble, grce lextraordinaire vitalit de lartisanat marocain, ce quon appelle aujourdhui le style no-marocain.

    Pour rpondre la demande croissante de logements, Lyautey lance la construction dun quartier rpondant aux modes de vie dune population plus traditionnelle. Esquiss par Albert Laprade, construit partir de 1922 par les architectes Auguste Cadet et Edmond Brion, le quartier des Habous semble exister depuis toujours tant ses habitations protges de la rue, ses voies en arcades abritant des commerces et ses quipements collectifs appartiennent la tradition marocaine. Mais rien y fait, ds cette poque, le mot bidonville est invent Casablanca. La pnurie de logements est le mal endmique de la trop attirante capitale conomique. Le quatrime ple, propos la visite par les Journes du Patrimoine, tmoigne avec les anciens abattoirs des besoins impressionnants de la ville pour nourrir sa population puis, avec les cits de la priphrie, des tentatives, dans les annes 50, sous la direction de Michel Ecochard, de rpondre la ncessit pour les habitants de se loger. Casablanca, encore une fois, devient un champ dexprimentation en matire de logement social dont les modles traverseront la Mditerrane pour essaimer en Europe et devenir les foyers de lindpendance.

    Laure AUGEREAU

  • 44 | #1

    PATRIMOINE | Mali

    Dcrpitude de Tombouctou, lanctretat actuel du patrimoine architectural au nord du Mali, notamment des mosques, des mausoles et des manuscrits aprs les vnements de 2012 orchestrs par des organisations terroristes.

    La ville de Tombouctou ft fonde vers le V sicle et connut son apoge conomique et culturelle aux XV et XVI sicles. Ctait un haut lieu de la diffusion de la culture islamique avec luniversit de Sankor comprenant 180 coles coraniques et comptant 25 000 tudiants. Carrefour au cur de lAfrique et au centre de lEmpire du Mali, Tombouctou tait un vritable lieu de commerce o se ngociaient les manuscrits et le sel venant du nord contre lor, le btail et les crales provenant du sud.En 1988, lUNESCO fit rejoindre la ville de Tombouctou aux 745 biens culturels rpertoris au patrimoine de lhumanit. Les trois grandes mosques de Djingareyber, Sankor et de Sidi Yahia, seize mausoles de saints et les places publiques, tmoignent toujours de ce pass prestigieux. Les mosques sont des exemples exceptionnels de larchitecture de terre et des techniques traditionnelles dentretien continu.

    Les grandes mosquesMosque de Sankor

    Btie au XIVe sicle, elle a t restaure par lImam Al Aqib entre 1578 et 1582. Il fit dmolir le sanctuaire et le reconstruisit en lui donnant les dimensions de la Kaaba de la Mecque.

    Mosque de Sidi YahiaConstruite vers 1400 par le marabout Cheick El Moktar Hamalla dans lattente dun saint qui se manifesta quarante ans plus tard en la personne du chrif Sidi Yahia, qui fut alors dsign comme Imam. La mosque a t restaure en 1577-1578 par lImam Al Aqib.

    Les mausoles 14 mausoles sur les 16 inscrits sur la liste du patrimoine mondial ont t dtruits durant les incidents. 2 mausoles en mai 2012, 7 en juillet 2012, 3 en septembre et 2 en dcembre.

    Mausole Cheik Alpha Moya et Sidi Ben Amar, avant/aprs

    Les manuscrits de TombouctouLes manuscrits de Tombouctou reprsentent un patrimoine documentaire trs important dont le nombre est estim environ 300 000. Ils sont constitus de documents anciens, crits ou recopis localement, acquis sur des marchs dAfrique du Nord, dAl-Andalus ou du Machrek, ou envoys par des plerins depuis des pays musulmans loigns. Beaucoup dentre eux datent de lge dor de Tombouctou, qui se situe entre le 12e et le 15e sicle. Ils traitent de sujets varis allant des tudes religieuses aux mathmatiques, en passant par la mdecine, lastronomie, la musique, la littrature, la posie, larchitecture, ou encore les pratiques sotriques et portent le tmoignage de la richesse historique de la ville, la fois carrefour culturel et centre dapprentissage.

    Nous estimons quenviron 4 200 manuscrits de linstitut des hautes tudes et de recherches islamiques Ahmed Baba ont t brls et que 300 000 autres issus de la rgion de Tombouctou sont exposs au trafic illicite a dclar Lazare Eloundou-Assomo du Centre UNESCO du patrimoine mondial, qui dirige au premier semestre 2013 la mission de lUNESCO envoye pour faire un tat des destructions.

    Sources :- UNESCO Dossier dinformation sur le Mali - La destruction des mausoles de Tombouctou au Mali par Alexandre Boza

    Fred ATOKE

    made from AFRICAN

    m

    aterials OR FA

    BRIC

    S

    Made from African Materials or Fabrics

    !! SIGNEZ LA PETITION !!

  • www.afrikarchi.com | 45

    PATRIMOINE | Mali

    made from AFRICAN

    m

    aterials OR FA

    BRIC

    S

    Made from African Materials or Fabrics

    !! SIGNEZ LA PETITION !!

  • 46 | #1

    PATRIMOINEURBANISME & VRD

    La ville africaine du XXIme sicleTRIBUNE

  • www.afrikarchi.com | 47

    La ville africaine du XXIme sicleTRIBUNE

    Casablanca