actes colloque crup bsm 2014 - wordpress.com · réponse de michel françois, président du crup-ra...

48
1 COMITÉ RÉGIONAL DES UNIVERSITÉS POPULAIRES RHÔNE-ALPES ACTES DU COLLOQUE RÉGIONAL Universités Populaires Quelles valeurs, quel projet, pour quelles actions ? Bourg-Saint-Maurice Les Arcs, 3 et 4 juin 2014 En partenariat avec :

Upload: others

Post on 13-Aug-2020

2 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

1

COMITÉ RÉGIONAL DES

UNIVERSITÉS POPULAIRES RHÔNE-ALPES

ACTES DU COLLOQUE RÉGIONAL

Universités Populaires

Quelles valeurs, quel projet, pour quelles actions ?

Bourg-Saint-Maurice Les Arcs, 3 et 4 juin 2014

En partenariat avec :

Page 2: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

2

SOMMAIRE

Mardi 3 JUIN 2014 Introduction : page 3 Mardi 3 juin : Allocution de Michel Giraudy, maire de Bourg-Saint Maurice page 4 Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6

Mercredi 4 JUIN 2014

Accueil de Régis Berholet, proviseur de la Cité scolaire Saint-Exupéry page 7 Prise de parole de Jean-Luc Favre, président de l’UP Tarentaise Vanoise page 8 Prise de parole de Michel François, président du CRUP-RA page 9 Prise de parole de Jocelyne Pobel, adjointe au Maire de Bourg-Saint-Maurice page 11 Prise de parole de Lela Bencharif, vice-présidente de la Région Rhône-Alpes page 12 Intervention de Virginie Poujol, directrice du LERIS page 14 Travaux de groupes page 24 Photo des participants par Pierre Pézet, photographe page 25 Le carrefour des initiatives : introduction page 26 Témoignage 1 : Lutter contre l’illettrisme page 27 Témoignage 2 : L’ouverture aux autres dans le cadre de l’espace européen page 31 Témoignage 3 : S’enraciner localement avec des ateliers d’écriture page 34 Témoignage 4 : Développer des partenariats et co-construire des projets page 38 Témoignage 5 : Développer la vie associative et mobiliser ses adhérents page 42 Conclusion par Virginie Poujol, Jean Luc Favre et Michel François page 45 Synthèse du colloque page 46 Synthèse des appréciations des participants page 47

Page 3: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

3

Ce premier colloque régional a été possible grâce à la contribution : - de la région Rhône-Alpes, signataire d’une convention pluriannuelle d’objectifs avec le comité régional des universités populaires (CRUP-RA) ; - de l’université populaire Tarentaise-Vanoise ; - de la municipalité de Bourg-Saint-Maurice-Les Arcs ; - du lycée Saint Exupéry de Bourg-Saint-Maurice. Il a également bénéficié du soutien actif : - de représentants de l’assemblée de pays Tarentaise-Vanoise ; - de la radio associative « Radio Altitude » ; - de l’hebdomadaire « La Savoie » ; - du quotidien « Le Dauphine Libéré ».

Il a eu l’honneur d’accueillir Madame Lela BENCHARIF, vice-présidente du Conseil régional, en charge de la vie associative, de la démocratie participative et de l’éducation populaire. Il a été animé par Madame Virginie POUJOL, directrice du Laboratoire d’Études et de Recherche sur l’Intervention Sociale (LERIS), avec le témoignage de représentants - de l’université populaire Tarentaise Vanoise ; - de l’université populaire Savoie Mont Blanc ; - de l’université populaire de l’agglomération valentinoise ; - de l’université populaire de Montélimar ; - de l’université populaire de Romans-sur-Isère. Il s’est déroulé, dans les locaux du lycée Saint Exupéry, en présence de plus de 60 personnes, représentantes des collectivités, des universités populaires et de la société civile.

Page 4: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

4

MARDI 3 JUIN 2014 : Accueil des participants

Après un accueil à la salle Saint Michel, autour des œuvres de Johan FABIN et Eva GRAMM, les participants sont invités au restaurant, « la Boîte chaude ».

Allocution de Michel GIRAUDY, maire de Bourg-Saint-Maurice Monsieur Michel FRANÇOIS, président du comité régional des universités populaires en Rhône-Alpes, Madame Colette CHAPELET, secrétaire générale du comité régional des universités populaires, Monsieur Michel GARDE, président de l’association des universités populaires de France (AUPF), Madame Virginie POUJOL, directrice du LERIS, Monsieur Jean-Luc FAVRE, président de l’université populaire Tarentaise-Vanoise, Mesdames et messieurs les délégués des universités populaires en Rhône Alpes, Demain va se dérouler, au Lycée de Bourg-Saint-Maurice les Arcs, et nous remercions son proviseur, Régis BERTHOLET pour son accueil, un colloque important placé sous l’égide du comité régional des universités populaires en Rhône-Alpes et de l’université populaire Tarentaise-Vanoise, sur une thématique essentielle :

« Universités populaires : quelles valeurs, quel projet, pour quelles actions ? » Malheureusement, je ne pourrai être parmi vous pour cette journée qui s’annonce riche en échanges. Jocelyne POBEL, adjointe à la vie scolaire, la culture et le patrimoine, représentera la municipalité, en inaugurant ce colloque. Nous le savons, les universités populaires ont pour objectif la transmission des savoirs auprès des populations, dans un esprit citoyen, en préservant les liens de cohésion sociale, notamment sur le plan intergénérationnel. Ces missions ne peuvent s’exercer sans, évidemment, les fortes convictions qui vous animent et dans l’affirmation consciente des valeurs républicaines de notre pays. Mission difficile dans une société en pleine mutation qui requiert de la part d’entre nous, la plus grande attention, tant les difficultés apparaissent partout grandissantes. Je pense à la précarité qui frappe certaines familles ou certains groupes sociaux et, parfois, parmi les plus jeunes. C’est pourquoi la commune de Bourg-Saint-Maurice les Arcs, à la demande de Jean-Luc FAVRE, apporte son soutien, dans le cadre de l’organisation de cette manifestation. Cette jeune et active université populaire, depuis sa création, l’an dernier, a montré sa capacité à formuler des actions concrètes, et le plus souvent en adéquation avec les problématiques de notre territoire. Je remercie, également, vivement Virginie POUJOL, directrice du laboratoire d’études et de recherche sur l’intervention sociale, d’être parmi nous, aujourd’hui et d’avoir accepté de coordonner les travaux de ce colloque. L’intervention sociale est d’ailleurs l’une des préoccupations constante de notre municipalité, sous la conduite, notamment de notre adjointe aux Affaires sociales, Michèle RENAULT. C’est dire combien les échanges qui vont se dérouler, demain, calquent bien avec nos propres intentions. Je vous souhaite une bonne soirée et un bon colloque dans notre ville.

Page 5: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

5

Réponse de Michel FRANÇOIS, président du comité régional des universités populaires de Rhône-Alpes (CRUP-RA)

Monsieur le maire, Sans vouloir rentrer dans l’histoire de l’éducation populaire qui nous réunit ce soir, autour d’un repas et demain, au lycée Saint Exupéry, je voudrais commencer par poser quelques jalons chronologiques et géographiques. � Le concept d’éducation populaire remonte à 1791 dans un rapport de Condorcet dans lequel il disait que l’instruction se doit « d’offrir à tous les individus de pourvoir à leurs besoins, d’assurer leur bien-être et d’exercer leurs droits, d’entendre et de remplir leurs devoirs ». Il s’agissait, déjà, de permettre à l’homme de se construire, à la fois comme personne et comme citoyen. � Le deuxième grand jalon se situe au moment de l’affaire Dreyfus et du déchaînement antisémite qui la caractérise. C’est le moment où Georges DEHERME crée la première université populaire qu’il appelle alors « La coopération des idées » (1896). Face aux excès et à la déraison, les universités populaires vont proposer la voie de l’humanisme. � Puis les universités populaires connaîtront des fortunes diverses, allant pratiquement jusqu’à disparaître pour connaître un nouvel essor, dans le dernier quart du 20ème siècle. � En cette première partie du 21ème siècle, elles sont en plein essor dans une société où les fondamentaux de la République sont parfois malmenés. Elles sont des lieux de culture, de partage, d’échanges, de réflexion, d’éducation à la citoyenneté, dans le respect des valeurs de la République. Et ce n’est pas par hasard qu’elles se retrouvent derrière des slogans tels que « Le savoir partagé » ou « Comprendre pour agir ». Si le mouvement a connu un essor important dans l’est de la France, un autre pôle fort s’est vite dégagé dans la Région Rhône-Alpes, à la fois dans le département de la Haute-Savoie et dans les deux départements plus méridionaux de la Drôme et de l’Ardèche. C’est de la rencontre de ces 2 pôles et du désir de faire ensemble, qu’est né le comité régional des universités populaires Rhône-Alpes, en 2005. Quelques années pour s’organiser, se faire connaître et reconnaître et en 2012, c’est la signature avec le conseil régional d’une convention pluriannuelle d’objectifs définissant 4 missions :

- Information et communication entre les associations ; - Formation des bénévoles ; - Échanges d’expériences et mutualisation d’outils ; - Développement et valorisation du réseau.

Et c’est ainsi que, peu à peu, le réseau s’étoffe et que se créent sur le département de la Savoie de manière presque simultanée, en 2013, l’UP Tarentaise-Vanoise et l’UP de Chambéry. Aussi, quand nous avons cherché un lieu pour un colloque régional, nous n’avons pas hésité une minute pour accepter la proposition de Jean-Luc FAVRE de nous accueillir, même si la Tarentaise est quelque peu excentrée. Il donnait, là, la preuve de son engagement, de son énergie, de son envie de réussir en s’intégrant dans une politique de développement de territoire. En échange de son hospitalité et du travail d’organisation, nous lui proposions une occasion de réfléchir et de débattre sur ce que sont les universités populaires, sur les valeurs et le projet qu’elles portent.

Page 6: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

6

Mais j’ai bien conscience, en partisan convaincu de la nécessité de travailler en partenariat que rien n’aurait été possible, sans le soutien de l’assemblée de territoire et plus encore sans le soutien du maire et de la municipalité de Bourg-Saint-Maurice. Merci Monsieur le maire, par votre aide, d’avoir permis à celles et ceux qui ont fait une longue route de pouvoir être hébergés dans d’excellentes conditions et …sans bourse délier. Vous ne pourrez suivre nos travaux demain, dans les locaux du lycée Saint Exupéry ; mais plusieurs membres de votre équipe municipale seront parmi nous et confirmeront tout l’intérêt que vous portez à l’université populaire Tarentaise-Vanoise où là, comme ailleurs, l’essentiel, voire la totalité de l’activité est portée par des bénévoles. Merci encore, Monsieur le Maire et longue vie à l’UPTV !

Remise de diplôme Le président de l’université populaire Tarentaise-Vanoise, Jean-Luc FAVRE, met à profit, cette occasion, pour faire remettre, par le président du CRUP-RA, son diplôme de formatrice à Marie BERTHOMIÈRE.

Quand Jean Luc FAVRE, président fondateur de l’université populaire Tarentaise-Vanoise m’a demandé de braquer, de manière un peu solennelle, les projecteurs sur vous, je n’ai pas pu refuser : - ni pour lui que je tiens en haute estime pour son engagement, son investissement, sa ténacité - ni pour vous dont je me sens proche, même si plus d’une génération nous sépare. Éducateur, formateur, j’ai, toute ma vie d’actif, accompagné des personnes dans la construction ou la réorientation de leur projet personnel professionnel : des adolescents d’abord, des adultes en reconversion avec toutes les remises en cause de soi que cela suppose, ensuite. Vous avez compris que la retraite venue, l’activité n’a guère changé, à travers la volonté de continuer à contribuer à ce que les apprentissages et la culture soient accessibles à tous et le vivre ensemble, une réalité. Marie, vous êtes née, loin de cette belle terre de Savoie, à Poitiers et votre démarrage dans la vie n’a pas été facile. Très tôt, dans votre Poitou natal, vous avez travaillé comme agent technique d’alimentation, appellation aujourd’hui abandonnée. Puis, vous êtes venue travailler, comme saisonnière, à la montagne et tout particulièrement, en Tarentaise. De toute évidence, vous vous y êtes plu : vous y avez construit votre vie professionnelle, mais aussi votre vie personnelle. Voilà donc 18 ans que vous êtes là, le temps qu’on met pour passer de la toute petite enfance à la majorité ! Ça pourrait faire un bel anniversaire !!! - Vous avez travaillé 8 ans à Val d’Isère, au restaurant « L’Olympique » - Puis, vous vous êtes venue à Bourg-Saint-Maurice, au restaurant « La Notte » - Aujourd’hui, vous travaillez à « La Boîte Chaude » qui nous accueille ce soir. Chacun se plaît à reconnaître votre dévouement, votre honnêteté, votre attention portée aux autres. C’est pour l’ensemble de vos qualités humaines et de vos compétences que l’UP Tarentaise- Vanoise vous ouvre grand ses portes et vous reconnaît comme formatrice. Je suis fier d’être son porte-parole et heureux de vous voir, ainsi, dans la lumière.

Page 7: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

7

MERCREDI 4 JUIN 2014 (matin)

Accueil par Régis BERTHOLET, Proviseur de la Cité scolaire Saint Exupéry

Bonjour à tous, Je suis très heureux de vous accueillir à la cité scolaire Saint Exupéry de Bourg-Saint-Maurice. Ça va bien se passer. Je n’ai pas d’inquiétude. Je sais qu’on apprend à l’école mais pas qu’à l’école. Et au final, c’est bien que ce qui se passe à l’extérieur puisse revenir à l’école. C’est donc une bonne chose qu’il y ait ces échanges entre l’éducation nationale et la société civile. Bienvenue. N’hésitez pas, si vous en avez besoin, à venir nous voir. Tout a été organisé, y compris le repas de midi, pour vous recevoir dans de bonnes conditions. Je vous souhaite une bonne journée.

De gauche à droite : Virginie POUJOL, intervenante, directrice du LERIS – Michel FRANÇOIS, président du CRUP-RA - Régis BERTHOLET, proviseur de la cité scolaire – Jean-Luc FAVRE, président de l’UPTV – Jocelyne POBEL, adjointe au Maire de Bourg-Saint-Maurice les Arcs (Photo : Pierre PEZET)

Page 8: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

8

Prise de parole de Jean-Luc FAVRE Président de l’université populaire Tarentaise-Vanoise (UPTV)

Je serai aussi bref que Monsieur le proviseur en raison d’un temps limité. Car il faut laisser à chacun la possibilité de s’exprimer. Bienvenue à nouveau, puisque nous nous sommes déjà rencontrés, hier, dans le cadre de l’exposition de Johan FABIN et Eva GRAMM et ensuite autour d’un repas pour le moins convivial, en présence de Michel GIRAUDY, Maire de Bourg-Saint-Maurice, un homme d’exception. Je ne veux pas refaire ici l’historique de notre université populaire qui a aujourd’hui, presqu’un an et qui coïncide avec ce premier colloque du CRUP-RA encouragé, notamment, par la région Rhône-Alpes. Évidemment, je remercie, tous les participants, Michel GARDE, président de l’AUPF, Michel FRANÇOIS, président du CRUP, Virginie POUJOL et bien sûr, Lela BENCHARIF qui a fait quelques centaines de kilomètres, pour venir inaugurer ce colloque. Lela BENCHARIF est vice-présidente de la Région Rhône-Alpes, en charge de la vie associative, de la démocratie participative et de l’éducation populaire et je sais qu’elle fait beaucoup pour encourager les universités populaires dans leurs nombreuses actions. Aujourd’hui, si nous sommes là, c’est parce que Lela BENCHARIF s’est considérablement impliquée et je pense qu’il faut remercier la Région Rhône-Alpes d’avoir pris en considération le fait que les UP sont, tout de même, un tissu social assez important et aujourd’hui plus que nécessaire. Je suis également très fier d’avoir dans notre UP, un autre vice-président Philippe MERIEUX qui est membre du comité d’honneur. Il a tout de suite répondu à ma demande et j’en suis, vraiment, très touché. Comme le disait à l’instant Monsieur le proviseur du Lycée Saint Exupéry, nous côtoyons régulièrement, à la fois l’éducation nationale, dans ses aspects rigoureux d’enseignement et dans une autre direction, mais complémentaire, l’éducation transversale. L’éducation transversale, c’est, entre autre, l’inter-générationnalité, la possibilité donnée à toute personne de poursuivre son acheminement, vers la connaissance et le savoir. Je voudrais en profiter, aussi, pour saluer deux personnes présentes parmi nous : L’UPTV est née d’une prise de parole, en Conseil local de développement, que soutient la Région. La personne qui a émis, en premier, l’idée de la création d’une université populaire, c’est Joseph MOUGEL. Il est là, très discret. Et je tiens à le remercier vivement. Joseph est quelqu’un qui depuis de nombreuses années accumule un énorme travail en matière d’intervention sociale et d’insertion, y compris sur le plan associatif. Ses prises de position autant que ses actions considèrent la sagesse et la noblesse d’intention. C’est grâce à des personnes comme lui, que notre société peut évoluer, de manière intelligente, en incluant l’écoute et la réciprocité. Je voudrais aussi saluer Simone GAIDET, vice-présidente du CLD, sur laquelle on peut toujours compter. Disponible, efficace, Simone est de ces femmes dont l’investissement sur le plan culturel et social est incontestablement lié à la bonne volonté. Oserais-je dire l’espoir ? En attendant, son travail est essentiel. Je vous remercie,

Page 9: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

9

Prise de parole de Michel FRANÇOIS président du CRUP-RA

Je veux, bien sûr, avant de commencer, dire tout le plaisir que nous avons eu à partager la soirée d’hier, avec Michel GIRAUDY, maire de Bourg-Saint-Maurice les Arcs, autour d’un excellent repas savoyard, et, devant vous, le remercier, une nouvelle fois, pour sa contribution à la réussite de ce colloque. J’adresse mes plus cordiales salutations à : - Mme la vice-présidente du Conseil Régional, Lela BENCHARIF ; - Mme la maire adjointe de Bourg-Saint-Maurice, Jocelyne POBEL ; - M. le président de l’université populaire Tarentaise-Vanoise, Jean-Luc FAVRE ; - Mesdames et Messieurs les élus ou représentants des assemblées de territoire ; - Monsieur le président de l’association des universités populaires de France ; - Louis CAUL-FUTY, président d’honneur du CRUP-RA dont il fut le principal artisan de sa création et de sa reconnaissance ; - Mesdames et Messieurs les présidents des universités populaires présentes ; - Mesdames et Messieurs les représentants des différents moyens d’information, presse écrite ou radio ; - Mesdames et Messieurs, l’ensemble des participants à ce 1er colloque régional des UP. Je tiens à remercier plus particulièrement et très sincèrement toutes celles et ceux qui ont permis que nous soyons réunis, aujourd’hui, à Bourg-Saint-Maurice où la 1ère université Populaire de Savoie a vu le jour l’an dernier. Impossible de remercier tout le monde, mais au moment où le bulletin de liaison des UP est consacré aux partenariats avec les collectivités, je mentionnerai tout particulièrement : - la Région Rhône-Alpes avec laquelle le CRUP-RA a signé une convention pluriannuelle d’objectifs. Nous le devons, en grande partie, à Lela BENCHARIF qui nous a toujours soutenus, encouragés, stimulés ; mais aussi aux services de la vie associative toujours à l’écoute et toujours prêts à faciliter les choses. C’est d’abord à la Région que nous devons d’avoir pu organiser cette journée de travail et de réflexion. - La municipalité de Bourg-Saint-Maurice qui s’est investie dans l’accueil de celles et ceux qui sont arrivés, dès hier soir, et qui soutient activement l’UPTV. - Le lycée Saint Exupéry et son proviseur pour avoir, spontanément, accepté de mettre à disposition ses locaux, sa logistique, son personnel et permettre cette très appréciable unité de lieu. - Deux acteurs particuliers de cette manifestation, pour leur investissement personnel : Jean-Luc FAVRE, président fondateur de l’UPTV qui, alors même que son UP venait à peine de se créer, s’est porté volontaire pour nous accueillir et qui, depuis, n’a pas cessé de se démener, parfois avec les moyens du bord, pour que l’aventure réussisse. Et le CRUP-RA lui a fait confiance parce qu’une des missions du CRUP est de valoriser et de développer le réseau Rhône-Alpes des universités populaires et à travers elles, l’éducation populaire, si nécessaire aujourd’hui. Colette CHAPELET, infatigable secrétaire du CRUP, qui a veillé à tous les détails de l’organisation pratique et qui souvent a dû faire preuve de patience et de diplomatie pour obtenir toutes les informations dont elle avait besoin.

Mais aussi et enfin à : - Virginie POUJOL, directrice du LERIS (Laboratoire d’études et de recherche sur l’intervention sociale) qui a accepté, aujourd’hui, d’être celle qui va nous aider à réfléchir à qui nous sommes, à ce que nous faisons, à pourquoi et pour qui nous le faisons.

Page 10: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

10

-Toutes celles et ceux qui interviendront, cet après-midi, pour témoigner, concrètement, d’actions qui peuvent donner à réfléchir et ouvrir des pistes. Je veux aussi redire, brièvement, pourquoi nous avons choisi ce thème de réflexion aujourd’hui. Il peut sembler si général que nous avions, initialement, pensé à un autre thème (sur lequel nous reviendrons certainement, plus tard). Puis, on s’est rendu compte que, dans le domaine de l’éducation populaire comme dans bien d’autres, il faut sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier : - parce que les responsables, toujours bénévoles, changent ; - parce que le réseau des UP s’étoffe mais que les approches et les démarches peuvent différer ; - parce que la démarche qui caractérise l’éducation populaire doit, comme nous l’a dit plusieurs fois Jean BOURRIEAU, primer sur la ou les pratiques. D’où un retour, sur les fondamentaux, comme un fil rouge à ne pas perdre.

Les participants (photo Pierre PEZET)

Page 11: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

11

Prise de parole de Madame Jocelyne POBEL Adjointe au maire de Bourg-Saint-Maurice les Arcs

C’est une grande première pour moi, c’est mon premier discours ! Je parle au nom du maire. Je voudrais remercier : - tous les présidents des universités populaires en Rhône-Alpes ; - les délégués régionaux des universités populaires ; - Madame Virginie POUJOL, directrice du Laboratoire d’études et de recherche sur l’intervention sociale ; - Madame Lela BENCHARIF, vice-présidente de la Région Rhône-Alpes ; - Mesdames et Messieurs les représentants des institutions et de la société civile. C’est donc avec un immense plaisir qu’il m’a été confié la mission, au nom de la commune de Bourg-Saint-Maurice les Arcs, d’inaugurer le présent colloque, en l’absence de M. le maire, Michel GIRAUDY, retenu pour obligations, mais qui a pu, dès hier soir, rencontrer dans une soirée fort sympathique, les participants à cette journée, notamment des personnes venues de Romans, de Valence, de Montélimar, de Crest, de la vallée de l’Eyrieux, du grand Briançonnais, et plus près de nous, nos amis Hauts-Savoyards. Madame Lela BENCHARIF, par sa présence, nous démontre que les liens entre la Région et les collectivités territoriales constituent une véritable motivation lorsqu’il s’agit d’enrichir, par de nouvelles expériences, les patrimoines culturels locaux. Madame Virginie POUJOL, directrice du LERIS, par son action concrète, en matière d’intervention sociale, est légitimement désignée pour mener les débats. Bon courage. Ce colloque n’aurait, évidemment, pu avoir lieu sans le travail considérable, effectué depuis plusieurs semaines, par le CRUP-RA et l’UPTV qui fêtera, dans un mois, sa première année d’existence. Au même titre, nous adressons nos sincères remerciements au proviseur de la cité scolaire. Je déclare ce colloque ouvert.

Page 12: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

12

Prise de parole Lela BENCHARIF

vice-présidente de la Région Rhône-Alpes, en charge de la vie associative, de la démocratie participative et de l’éducation populaire

Je vous remercie très sincèrement pour cette invitation. C’est avec bonheur et plaisir que je me retrouve ici, parmi vous, après trois heures de route, mais on ne va pas se plaindre. C’est important et essentiel d’être là. Chers toutes et tous, Merci M. FAVRE, merci M. FRANÇOIS. Merci, bonjour et bienvenue aux responsables des universités populaires, aux fous militants géniaux, bénévoles et salariés, même s’il y a plus de bénévoles que de salariés dans les UP. Merci aussi pour la présence des membres de la société civile, en particulier dans le cadre des Conseils locaux de développement. Merci, ma très chère collègue élue. J’ai juste envie de dire que si nous aidons le CRUP-RA, nous ne vous aidons pas à la hauteur des moyens que vous espérez. C’est important de le dire. C’est vrai que vous êtes liés au conseil régional de Rhône-Alpes via une convention pluriannuelle d’objectifs. C’est vrai que je suis très fière et très heureuse de vous réunir dans le cadre de cette quarantaine de têtes de réseau qui militent au quotidien pour accompagner des projets d’utilité sociale qui impactent le développement social, économique, humain, culturel des territoires et qui défendent des projets d’utilité sociale dans le cadre d’une démarche d’éducation populaire et citoyenne. Ce n’est pas à vous que je vais devoir dire que l’éducation populaire n’est pas un secteur associatif comme il existerait le secteur de la santé, de l’environnement, de l’éducation, de la culture, etc., et quand on défend, comme vous le faites, l’éducation citoyenne et populaire, on défend avant tout, une démarche transversale qui participe de l’émancipation individuelle des hommes et des femmes que nous sommes et de l’émancipation collective, et tout cela au service de la transformation sociale. Et c’est important de le dire aujourd’hui, quelques jours après un triste 25 mai et je m’en arrêterai à ça. J’ai juste une conviction que je voudrais partager avec vous : c’est que, mises bout à bout, toutes les actions qui ne sont pas des activités occupationnelles, que vous mettez en œuvre dans vos UP- et j’entends que les UP ont fait des bébés, donc c’est bien, c’est la preuve que nous sommes à un tournant, qu’il y a un mouvement qui accompagne cette dynamique citoyenne, ces nouvelles formes d’engagement - et qui sont au fondement des valeurs d’éducation populaire et citoyenne, sont éminemment plus fortes que les forces sombres, réactionnaires, fascistes, racistes qui se sont exprimées un certain 25 mai. Ce n’est pas une lueur d’espoir mais une vraie conviction, pour nous acteurs publics, pour vous militants citoyens engagés au service de l’éducation populaire et citoyenne : nous avons à continuer à promouvoir l’éducation populaire et citoyenne, à la faire connaître, reconnaître, à la valoriser, et surtout continuer à l’accompagner et à la soutenir financièrement, car je le redis, nous ne vous soutenons pas à la hauteur des moyens demandés. Maintenant, je suis très heureuse aussi, de pouvoir ouvrir, avec vous, ce colloque dans un lycée. Le lycée, et Monsieur le proviseur l’a très bien dit ce matin, n’est pas un simple lieu de production et de transmission des savoirs. C’est aussi un lieu où se fabriquent les citoyens, et la présence du CRUP-RA, aujourd’hui, dans ce lycée, montre à quel point nous avons tout intérêt à jeter des passerelles entre l’éducation formelle et non formelle, et cela me donne une sacrée idée pour aller plus loin, dans notre capacité, acteurs publics et élus du Conseil régional, d’ouvrir résolument le lycée.

Page 13: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

13

Nous avons conduit une expérimentation de démocratie participative, pendant un peu plus d’un an, que nous avons appelée « démarche participative dans les lycées et les CFA » et à l’issue d’une année, après que 10 établissements, lycées et CFA, se sont engagés dans cette expérimentation, nous avons créé, modestement, un dispositif qui permet de faire entrer le « hors école » dans les cours de lycée, pour réfléchir avec les jeunes lycéens, avec les acteurs de la communauté éducative, aux processus qui permettent de fabriquer des collectifs citoyens et qui impliquent résolument, les jeunes, non pas en tant qu’objets d’un travail ou d’une action quotidienne, mais en tant qu’auteurs d’une démarche citoyenne. C’est ce travail pour promouvoir l’engagement des jeunes, lycéens et apprentis, qui va permettre de définir collectivement, de délibérer des actions collectives qui vont impacter la vie du lycée mais aussi la vie hors du lycée, puisque le lycée s’inscrit dans un territoire avec des réseaux d’acteurs qui ont tout intérêt à se rencontrer. C’est donc très bien d’être présents dans un lycée et je vais pouvoir dire à la Région que vous avez déjà impacté l’éducation non formelle dans un lieu qui s’appelle un lycée et que cela incarne la nécessité d’aller plus loin dans la fabrication du citoyen. Je suis très heureuse d’assister à cette journée. Merci à vous tous.

À droite, Lela BENCHARIF, vice-présidente de la Région Rhône-Alpes (photo Pierre Pezet)

Page 14: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

14

Intervention de Virginie POUJOL Ethno-sociologue

directrice du laboratoire d’études et de recherche sur l’intervention sociale (LERIS)

« Universités populaires : Quelles valeurs ? Quel projet ? Pour quelles actions ?

Le savoir, pour quoi faire ?

I. Précision et cadrage Quelques mots de présentation. Je suis ethnologue, j’ai travaillé sur l’accès des plus précaires à l’autonomie, et sur les formes de participation et d’accès à la citoyenneté. Je suis directrice du LERIS, laboratoire d’études et de recherches sur l’intervention sociale1, depuis deux ans. Parmi nos activités, nous accompagnons actuellement de nombreuses associations d’éducation populaire qui réinterrogent la mise en œuvre de leur projet au regard de leurs valeurs.

C’est également la question qui vous anime aujourd’hui et sur laquelle on m’a demandé d’intervenir : quel sont les rapports entre valeurs, projet et actions au sein des universités populaires, en partant, « si possible d’une analyse critique des activités qu’elles proposent et donc des outils de communication dont elles disposent (programmes annuels ou semestriels, sites, manifestations particulières, etc.) »2.

Cette interrogation n’est pas nouvelle, et l’on s’interrogera en arrière-plan sur cette nécessité de revenir sans cesse sur les rapports et tensions entre les projets et les actions.

Vous faites le constat d’un retour « aux actes d’incivilités, au retour de la parole et des actes racistes, à un individualisme de plus en plus affirmé, à une laïcité contestée ou interprétée, « Vivre ensemble » est devenu un enjeu et une préoccupation bien réels » (cf. édito du président de CRUP Info, janvier 2014). Et les résultats aux dernières élections européennes illustrent ce contexte. Vous vous questionnez – à juste titre – sur ce que sont devenus vos objectifs dans cet environnement. Qu’en est-il des volontés de transformation sociale et d’émancipation ? Dans cette période de repli sur soi, quelle doit être la posture des acteurs d’éducation populaire, quel doit être leur rôle ?

Pour répondre à la demande qui m’a été formulée, je baserai mon intervention sur l’analyse du contenu des sites Internet existants sur la région (16) complété par des études existant sur le sujet. Je complèterai en convoquant des expériences similaires réalisées ailleurs en France. Je reviendrai tout au long de cette intervention sur le sens des mots, avec des définitions ou précisions sur leurs contenus et finalités.

Ma représentation initiale du rôle que devraient avoir les universités populaires se résume dans les deux phrases suivantes : « l’éducation populaire consiste à interroger les modes d’organisation de nos sociétés, les modes de représentation institutionnels qui président à nos destins collectifs et individuels ; elle consiste aussi à questionner la manière dont sont construites et distribuées les richesses produites. Ce qui veut dire que donner la parole, permettre le débat, diffuser des savoirs critiques, favoriser le questionnement et la réflexion (à travers la conférence, l’atelier, l’art, la littérature, le cinéma et autre… sont autant de pratiques d’éducation populaire aujourd’hui indispensables.)

1 www.leris.org 2 Demande telle qu’elle a été formulée.

Page 15: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

15

Les universités populaires fleurissent un peu partout avec ce besoin de construire et de partager des savoirs, de se revendiquer « laboratoire social », pour faire travailler ensemble les acteurs sociaux, culturels et artistiques dans une même recherche de démocratisation et de démocratie culturelle. L’éducation populaire, donc nos UP, doivent être en phase avec ce besoin et avec les enjeux de notre époque. Leur tâche de conscientisation et d’émancipation est immense. Elles la poursuivront modestement, mais avec obstination, afin que le plus grand nombre puisse « comprendre pour agir » dans l’édito de Louis CAUL-FUTY, ou « Une université populaire qui ne dérange pas le système, l’arrange… » indique Michel TOZZI de l’UP de Narbonne.

Alors la question qui vient directement après est : En quoi les universités populaires dérangent le système ? C’est cette question qui va constituer le soubassement de ma réflexion et je vais essayer d’avancer des éléments d’éclaircissement sur leur rôle et leur projet.

II. Université populaire et éducation populaire

A. « Comprendre pour agir » : éléments historiques Tout d’abord un petit retour historique. Il ne s’agit pas, là, de refaire ce que d’autres font très bien, mais juste de donner quelques éléments structurant la constitution des universités populaires. On observe un parallèle dans l’histoire entre la création des UP et leur récente remobilisation. Devant l’ignorance qui fait se taire les gens ou les engage dans des voies de rejet de l’autre, un objectif apparaît : diffuser dans le peuple l’esprit critique, c’est-à-dire développer une capacité d’interroger la réalité pour en établir la validité. Il s’agit donc de mieux comprendre le système de contrainte qui nous entoure pour mieux s’en dégager. Diffuser l’esprit critique contribue donc à l’émancipation des personnes.

Un autre élément important de la constitution des universités populaires est le rapport entre les participants à ces projets. Même si vers 1904, les intellectuels ont commencé à dominer en terme d’organisation en raison de leur plus grande disponibilité et de leur familiarité avec l’écrit, il s’agit au départ d’une construction basée sur des « égaux volontaires », entre ouvriers et intellectuels : « par là nous affirmons que l’action de l’individu ne se complète, ne s’achève que par celle des autres hommes, donc qu’elle doit être avant tout un effort pour chercher par l’entente des esprits, le concert des volontés » (Séailles, in Mercier, p.25). Il s’agit donc de l’éducation mutuelle qui est mise en avant dans le but de « faire des administrateurs intègres et éclairés des coopératives et des syndicats et de former ainsi une puissante élite prolétarienne, noyau vivant de la future société » (Deherme, in Mercier, p. 21). On voit ici qu’un troisième élément apparaît : il s’agit du rapport entre l’action et le pouvoir qui est posé d’emblée : développer son esprit critique, s’éduquer pour agir. C’est ainsi qu’au-delà des séances d’études, les universités populaires vont « agir » et transformer certains aspects des conditions de vie des ouvriers : logement social, vacances ouvrières, place des femmes et des enfants…

Si l’on résume le projet initial, les universités populaires ont donc pour objectif de diffuser dans le peuple l’esprit critique, élaboré entre égaux volontaires, pour agir et transformer les conditions de vie. Ce projet s’inscrit clairement et structurellement dans celui de l’éducation populaire, j’aurai l’occasion d’y revenir.

Mais derrière ces termes, vont se développer des pratiques et des projets différents qui reflètent des postures différentes : « d’un côté, les tenants d’une tendance que nous pouvons qualifier de philanthropique et humanitaire, de l’autre, ceux d’une émancipation de la classe ouvrière face au capitalisme. Il s’agit bien de deux conceptions très différentes de l’éducation et de l’action sociale à partir de deux finalités contradictoires : intégration ou émancipation.

- Dans un cas, l’objectif des universités populaires est de donner “au peuple” les moyens d’une “promotion sociale”, de “prendre une place dans la société”, de sortir de la misère par la promotion.

Page 16: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

16

- Dans l’autre cas, il s’agit de donner les moyens “au peuple” de comprendre, d’analyser et de lutter contre une organisation de la société qui le condamne à la misère, bref d’agir pour la transformation sociale et de s’émanciper. On comprend bien que les connaissances nécessaires pour atteindre l’un ou l’autre de ces objectifs se situent dans des registres très différents. » (Jean BOURRIEAU, intervention en 2011).

B. Comprendre… des finalités divergentes Évidemment, nous allons retrouver ces ambivalences aujourd’hui. Il ne s’agit pas de juger les uns ou les autres, mais de déterminer quelles sont les pratiques qui correspondent le plus aux besoins sociaux actuels.

Qu’en est-il chez vous, en Rhône-Alpes ? L’analyse des documents nous donne quelques précisions sur les finalités des universités populaires (extraits issus des sites Internet des UP) :

- Pour le CRUP : « Les valeurs qui y sont transmises consistent à amener chaque personne à s'interroger sur soi-même, être curieux, comprendre le monde et chercher à s'ouvrir à l'autre. »

- « dans une démarche d’éducation populaire qui permet à chaque homme de se comprendre soi-même, de comprendre le monde dans lequel il vit, d’échanger avec les autres » (cf. Charte CRUP)

- « que tout homme peut accéder à la culture »

- « rendre la culture accessible au plus grand nombre »

- permettre à tous ceux qui le souhaitent d’accéder à la culture dans des domaines aussi variés que possible

- échanger et d’enrichir leurs connaissances

- transmettre et échanger des savoirs théoriques et pratiques

- lancer et de soutenir des activités et des animations ludiques et récréatives

- une association d'éducation populaire, dont l'objectif est la transmission de savoirs théoriques et/ou pratiques pour tous.

Et d’autres : - « Ce projet rappelle un engagement au plus près des populations, dans la vie de la cité, sur les

territoires et leur attachement à la chose publique. » (Texte un projet d’avenir »)

- permettre à chacun de mieux comprendre son environnement pour y trouver sa place et être un "acteur-citoyen", encourager une recherche active

- offrir à ses adhérents les moyens d'agir sur leur environnement personnel, familial, social, politique et d'être des citoyens et des citoyennes critiques et autonomes

- satisfaire sa curiosité et partager le plaisir d'apprendre; chercher à mieux comprendre le monde et à agir sur son évolution

- chercher à mieux comprendre le monde et à agir sur son évolution (mais dans la déclinaison des objectifs : aucune mention sur comment agir)

- « Comprendre pour agir »….

Quelques constats issus de ces extraits de textes :

Page 17: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

17

- Ce qui prime dans la description des projets est « l’épanouissement personnel », le plaisir

d’apprendre, c’est-à-dire le développement individuel au détriment du collectif.

- Certains termes apparaissent peu ou quasiment pas : éducation populaire, émancipation (n’apparaît jamais ! or c’est ce qui est visé semble-t-il à travers la description du projet), agir et transformation,

- Il existe une rupture entre celles qui se construisent sur la transmission des savoirs et celles qui disent être orientées vers l’agir,

- C’est, en fait, la question du rapport au savoir qui est toujours posée : est-on dans l’optique de “l’éducation mutuelle” et de “l’éducation du peuple” ? (cf. Mercier en 1986)3.

Ces constats interrogent sur ce qui fait éducation populaire aujourd’hui dans les universités populaires. De nombreuses associations d'éducation populaire sont aujourd'hui loin de l'objet qu'elles se sont donné, voire sont, dans leurs actions, en contradiction avec le projet qui est le leur ou les valeurs qui le sous-tendent. Et parfois, à l’intérieur même des associations, l’université populaire est une fin en soi pour les adhérents, alors qu’elle est intégrée dans une perspective globale de transformation sociale pour les fondateurs4 (on reviendra sur des éléments qui produisent cet écart).

Faisons un arrêt sur des termes employés, ou qui ne le sont pas mais qui ont à voir avec le projet :

« L’émancipation suppose l’accroissement de l’autonomie de pensée et d’action d’une personne. Elle se traduit dans une plus grande capacité à s’impliquer dans des actions de transformation de sa situation de vie concrète. Elle passe par la mise en œuvre de démarches impliquant à la fois plus de liberté, de justice et d’égalité. L’émancipation concerne plus particulièrement les individus qui sont privés du pouvoir ou limités dans l’exercice de ce dernier. Elle requiert une transformation des personnes, certes, mais elle exige aussi que les acteurs puissent réaliser des transformations institutionnelles qui modifient concrètement et durablement les rapports sociaux de domination. Autrement dit, l’émancipation revêt nécessairement une dimension collective. » Le Grain d’Asbl5

Et l’éducation populaire propose une pédagogie qui prolonge cette finalité : « l’ensemble des démarches d’apprentissage et de réflexion critique par lesquelles des citoyens et citoyennes mènent collectivement des actions qui amènent une prise de conscience individuelle et collective au sujet de leurs conditions de vie ou de travail, et qui vise à court, moyen ou long terme, une transformation sociale, économique, culturelle et politique de leur milieu. » (Mepacq6)

Au vu de ces définitions, et de ce qui ressort de l’analyse des projets des associations d’université populaire, on peut se demander s’il n’existe pas un glissement de l'alternatif - voire du transgressif - au normatif ? Il faut se poser quelques questions sur ses pratiques pour voir où nous en sommes et nous pouvons faire un détour pour cela par d’autres associations qui se revendiquent d’éducation populaire.

- Certaines associations qui organisent des centres de vacances ou des accueils de loisirs mettent en place des activités très variées. Et lorsque l’on regarde les « programmes d’activités » (certains étant de véritables catalogues empruntant au secteur commercial), on peut se demander en quoi les colonies de vacances organisées sont différentes de centres de

3 Lucien MERCIER, Les Universités Populaires : 1899-1914, éducation populaire et mouvement ouvrier au début du siècle, Paris, éditions ouvrières, 1986. 4 Arnaud TRENTA, la vie des idées, L’université populaire entre fondateurs et adhérents, Mutations de la participation associative, 2011 5 Le GRAIN est une association d’éducation permanente qui poursuit l’émancipation des milieux populaires par la voie de l’éducation. 6 http://www.mepacq.qc.ca/

Page 18: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

18

vacances à vocation commerciale. Ces programmes interrogent effectivement sur la manière d’associer, en amont, les animateurs, les parents et les enfants à l’élaboration des séjours et des projets. Comment par les méthodes que j’utilise, je ne favorise pas une attitude consumériste ? Quel projet est mobilisé et fait référence ?

− Autre exemple avec l’accompagnement réalisé par les travailleurs sociaux dans les résidences pour jeunes travailleurs (anciens Foyers de jeunes travailleurs). Comment ces accompagnements diffèrent de ceux qui sont réalisés par les CROUS ou des bailleurs sociaux ? Comment ne pas être dans une logique de remplissage ou auxiliaire des pouvoirs publics mais bien dans une posture d’éducateur populaire ? Qu'est-ce qui fait « éducation populaire » dans ce que j’organise ?

Cela nécessite de travailler à la fois les valeurs et les pratiques de l'éducation populaire, sans les dissocier.

III. Quelles actions pour servir quel projet ? Pour mettre en œuvre leurs projets, au pluriel, puisque l’on a vu que cette question des projets n’est pas claire, comment les UP d’aujourd’hui peuvent répondre à l’enjeu de l’éducation populaire ? Qu’en est-il de la mise en œuvre de ce projet au sein des UP. Je m’appuie là, aussi, sur l’analyse des outils de communication, tout en étant consciente que cette analyse n’est que partielle et ne reflète probablement pas la réalité de la diversité des expériences.

J’ai interrogé ce matériau par une série de questions afin de mieux cerner et mettre en lumière des points d’achoppement qui permettent de mettre en lumière les processus d’élaboration des programmes des UP.

� Comment les universités populaires se sont construites ? rarement des informations à ce sujet. Certaines sont parfois devenues des auxiliaires de l’Etat : au lieu d’émanciper, on intègre en mettant en œuvre des projets ou dispositifs d’action publique dont les finalités leur échappent en partie.

� Qui participe aux UP ? il y a peu d’informations sur les sites de Rhône-Alpes. Ph. Corcuff indiquait dans une enquête en 2005 : « 16% pour les moins de trente ans, 16% entre 30 et 40 ans, 20% entre 40 et 50 ans, 30% entre 50 et 60 ans et 18% au-delà de 60 ans. Il y avait 70% de personnes en activité, 11% sans profession et 19% retraités. Enfin, pour les 93 personnes indiquant une activité professionnelle plus précise, on notait : 15% d’employés, 6% de techniciens, 20% de travailleurs sociaux et paramédicaux, 22% dans l’enseignement et la formation, 27% de cadres et professions libérales et 10% d’étudiants. C’est une image un peu grossière et très imparfaite, mais qui donne déjà quelques indications quant aux effets de notre initiative et à ses limites ». Par ailleurs, un article dans Sciences Humaines indiquait : « Le participant type serait plutôt une femme active, âgée de 35 à 45 ans, souvent mère de famille, qui parvient à trouver du temps pour elles à côté de son activité professionnelle et de sa vie familiale. Pour ce qui est du niveau d'études, qui peut constituer un bon indicateur de la démocratisation de l'enseignement, 60 % des participants auraient le bac ou plus. Mais, comme le notent D. RAMBAUD et M. MARC, cela veut aussi dire que 40 % n'ont pas le bac, ce qui est déjà un bon chiffre. »7.

� Comment sont-elles organisées ? « Le conseil d’administration, maître d’œuvre de l’élaboration du programme garantit le respect des valeurs de l’association et la qualité des formations. Dans le souci de permettre à chacun d’accéder à la culture et de construire son savoir, les universités populaires s’efforcent de multiplier et de croiser les formations. Les méthodes pédagogiques associent pratique, apport théorique et échanges, sans hiérarchie des savoirs » (cf. charte CRUP), c’est donc les membres du conseil d’administration qui déterminent le programme annuel des universités populaires.

7 Catherine Halpern, À la découverte des universités populaires, Sciences Humaines, N° 171, mai 2006

Page 19: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

19

� Comment se construit le programme ? « On publie en début d’année scolaire un programme qui présente les activités de la saison ». Dans la construction, les organisateurs regardent les attentes des participants (de connaissance, d’informations…) et font des propositions en conséquence : on observe donc une séparation entre l’extérieur et l’intérieur, c’est un fonctionnement classique dans toutes les UP (et qui rapproche l’AUPF du réseau de Caen), mais qui tendent à favoriser une attitude consumériste. Les participants viennent piocher dans ce que l’on a envie d’apprendre : « école des connaissances pour tous » : signale une position ascendante. Mais la « transmission des savoirs » est-elle suffisante pour se les approprier et permettre de faire des choix raisonnés ? (et donc d’agir sur la société ?)

� Que se passe-t-il après une séance ? aucun élément dans les documents consultés n’apporte une information sur quelque chose qui se passerait après et viserait l’appropriation et la mise en œuvre des savoirs acquis ou la vérification de l’impact.

� Sur les thématiques, on peut les classer en trois grandes familles : celles qui relèvent de la culture scientifique et littéraire, celles qui dispensent des savoirs à des fins particulières (en vue d’un diplôme), ou des savoirs pratiques (cuisine, œnologie…). On s’aperçoit qu’elles ne sont pas rattachées à des analyses locales et à un enracinement sur des problématiques locales (alors que l’AUPF insiste sur l’importance de leur rôle dans le développement local), Et enfin, celles qui relèvent de la culture générale.

� Comment se fait la recherche des intervenants ? Sur quels critères sont-ils choisis ? À quels

moments, par qui ? À quel moment les intervenants sont formés au projet d’éducation populaire, comment est travaillée la posture qu’ils adoptent ? Il n’y a pas d’informations sur ce point important. Seule information sur ce sujet, le guide du livret méthodologique du CRUP qui est un outil intéressant (de nombreuses associations travaillent dans ce sens). Cependant, il prend la forme d’un outil formel, on privilégie les aspects techniques en oubliant de travailler le sens, comme si cela allait de soi. Les intervenants représentent un point d’appui très important, mais souvent, ils n’ont pas d’autres liens avec les membres de l’UP que pendant les conférences. Quelles pédagogies ? Elles prennent généralement la forme de cours classique, de café-débat. Rien n’indique dans les documents consultés que la pédagogie ait été travaillée, réfléchie. En fait, c’est une posture éducative qui reproduit le système scolaire et risque donc de reproduire les mêmes inégalités ; on est plutôt ici dans des espaces de démocratisation culturelle plutôt que de démocratie culturelle8. Au final, que permet la participation aux UP telles qu’elles existent ? Elles permettent aux participants : de développer la confiance en soi, une première prise de parole, de se remettre dans une démarche de formation et d’acquisition de savoir (mais tout dépend de pourquoi ils sont utilisés). Elles permettent en fait l’enclenchement du processus d’accès à la puissance sociale : processus qui permet à une personne de (re)constituer un socle pour l’agir. Il s’agit de prendre conscience du monde qui nous entoure, des contraintes, des espaces de liberté et de l’interdépendance de sa situation et de celle des autres. La puissance sociale constitue la condition de la puissance d’agir (faisant partie du processus d’émancipation). Il ne s’agit pas d’une puissance qui viserait la domination des uns sur les autres, (ce n’est pas un pouvoir sur, mais un pouvoir de faire), mais bien du développement d’une prise de conscience de sa propre condition, d’une élucidation de cette condition dans le système social dans lequel nous vivons, de façon à pouvoir agir sur son environnement, se mettre en projet et envisager les voies qui permettraient de prendre concrètement place dans la cité (citoyenneté active).

8 La démocratisation de la culture met l'accent sur la « valeur civilisatrice des arts » et accorde la priorité à l'accès du grand public aux formes principalement européennes de haute culture. La démocratie culturelle va au-delà d'un accent sur l'accès aux ouvrages culturels pour intégrer l'accès aux moyens de production et de distribution de la culture.

Page 20: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

20

Ce portrait nous indique que les universités populaires oscillent entre les deux tendances que nous avons dégagées plus haut, et nous interrogent sur l’utilisation du/des savoirs au regard de l’objectif général.

IV. D’autres modalités de mise en œuvre du projet d’éducation populaire

Je ne vais pas vous parler ici des réseaux de Caen qui, pour moi, ne sont pas vraiment une alternative compte-tenu du contexte social, mais plutôt d’initiatives que vous connaissez peut-être moins. Il ne s’agit pas de prêcher la bonne parole, mais plutôt de faire un pas de côté pour mieux interroger vos pratiques. Je choisis de vous présenter une pratique qui permet d’interroger notamment la question de la posture éducative et qui met en œuvre le processus d’émancipation (même si l’auteur lui-même reconnaît quelques limites à ce processus). Cette initiative interroge également le rapport au savoir où ce dernier est utilisé au service d’un projet, elle propose de reconnecter également la compréhension de sa situation et du fonctionnement du groupe et du monde, et l’agir. Cette pratique s’inscrit dans la lignée du travail engagé par Paolo FREIRE dans Pédagogie des opprimés. Elle part du principe que, pour s’inscrire directement dans les consciences et dans les corps, l’expérience ou le processus de la construction des savoirs doit être vécu, « dans sa chair ». Il disait « Personne n’éduque autrui, personne ne s’éduque seul, les hommes s’éduquent ensemble par l’intermédiaire du monde » (Paolo FREIRE, 1974). S. ALINSKY parle lui de « l’expérience sensible9 » comme première étape vers l’émancipation (après la conscientisation selon M. BENASAYAG). Petite précision sur ces expériences (une parmi d’autres), il ne s’agit pas de faire de l’anti-intellectualisme (comme c’est le cas d’une certaine vidéo pour la dissolution de l’UP de Chambéry) mais de voir comment on peut mettre en place un autre rapport au savoir. Miguel BENASSAYAG est né à Buenos Aires ; il est philosophe, psychanalyste, chercheur en épistémologie et ancien résistant guévariste franco-argentin. Il participe à l’université populaire de La Courneuve et coordonne l’université populaire de Ris-Orangis. Selon lui, il existe 3 types d’universités populaires :

� Classique : dans lequel les intellectuels viennent parler aux gens � Intermédiaire : type forum, où les gens se préparent, réfléchissent, et essaient d’éviter l’opinion � Directement inscrite dans le développement de contre-pouvoir (Va-nu-pieds, ATD quart monde,

Geneviève Tardieu, Université Populaire Laboratoire Social). « L’université populaire pour nous ce n’est pas transmettre des savoirs, c’est produire des savoirs avec les gens » et des savoirs directement liés à nos expériences. On met en place par « affinité élective », et on choisit une ou deux choses qui nous intéressent et sur lesquelles on veut travailler ». « Nous pensons qu’il ne faut pas éduquer les gens. Il faut s’auto-éduquer. Le problème n’est pas de transmettre des savoirs au peuple parce que, comme Michel FOUCAULT l’a démontré si brillamment, il n’y a pas de savoirs autonomes. Les savoirs correspondent à des structures de pouvoirs qui les ont produits pour s’auto-légitimer ». Comment cette université populaire fonctionne ? Pour faire partie de l’université populaire, quatre choses sont demandées aux participants :

� Être affecté par un problème, local, de sa ville, de son quartier, de l’école fréquentée par son enfant, etc. Ceci afin de pouvoir travailler et agir sur un problème « territorialisé », un problème pour et sur lequel la personne a le savoir du vécu, le savoir d’une expérience concrète

9 C’est la connaissance qu’on a des choses par la médiation de ce qui nous définit : nos représentations, notre histoire…, elle s’acquiert par l’apprentissage et les pratiques quotidiennes. Elle se situe avant l’expérience scientifique.

Page 21: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

21

� Vouloir résoudre ce problème, ne pas rester dans la simple dénonciation qui conduit à l’impuissance

� Expérimenter des solutions concrètes, ne pas renvoyer forcément le problème aux institutions, aux politiques, pour qu’ils règlent, eux, la chose

� Accepter de travailler à la résolution de ce problème collectivement et non pas individuellement. Le déroulé : Un séminaire théorique (sur plusieurs séances, qui permet de comprendre le système de contrainte et les logiques sociales à l’œuvre), le choix par les participants d’un ou plusieurs sujets de recherches (par exemple ils ont travaillé sur la disparition du commerce local de proximité, la violence au collège de Ris-Orangis et la rupture du lien entre les générations à Ris-Orangis), enfin, une expérimentation concrète pour mettre en œuvre et tester de nouvelles modalités d’organisation sociale. Qu’est-ce que l’on constate :

� que cela nécessite un véritable travail et un engagement des participants � que la posture change radicalement, il n’y a plus des auditeurs et des intervenants, il y a un

groupe qui engage un travail sur un sujet � que la dimension collective est mobilisée � que le rapport au savoir change ; il est important, mais mobilisé pour approfondir des questions

particulières et déconstruire le social en rapport avec celui-ci � qu’on met en présence des « égaux volontaires », qui sont reconnus pour leurs compétences

selon leur domaine � que ces formules créent un espace sécurisant permettant la première prise de parole � qu’elles permettent aux participants d’être reconnus comme des citoyens actifs, et donc

permettant de prendre confiance � qu’elle leur permet de comprendre la société, pour pouvoir y être véritablement acteurs, acteurs

de transformation sociale comme acteur de transformation de sa propre vie et de faire des choix. C’est en effet « resituer l’action dans une compréhension de la société, des institutions, replacer les responsabilités, aider à retrouver de la dignité et de la force collective.

� … Autant d’éléments qui sont mis en œuvre et qui développent un certain nombre de capacités qui s’inscrivent dans un processus d’émancipation, individuelle et collective. L’éducation populaire doit permettre aujourd’hui d’accompagner ce changement de posture pour passer d’une société de « bénéficiaires », de « participants », « d’auditeurs » (paradigme assistanciel et/ou consumériste) à une société d’acteurs et d’auteurs, et donc de citoyens actifs (paradigme émancipateur). Jean BOURRIEAU avait listé certaines de ces capacités qui contribuent au processus d’émancipation10. S’interroger sur leur mobilisation permet de s’assurer du changement de paradigme au sein des UP (capacité de faire des choix - qui impliquent parfois contraintes et renoncements - après en avoir pesé les avantages et les inconvénients et les assumer, capacité de prendre des décisions et d’en mesurer les conséquences, capacité de prendre la parole et d’écouter les autres…) Nous allons voir avec les expériences de cet après-midi que le partage de savoirs et les échanges de pratiques sont importantes pour comprendre pourquoi, et comment les UP mobilisent des capacités différentes. Mais tout cela nécessiterait, bien entendu, d’être approfondi.

10 Voir ses précédentes contributions sur le site de la Région Rhône-Alpes.

Page 22: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

22

Réactions, remarques, échanges, questions Q1 : Vous avez donné des informations intéressantes. Votre texte sera-t-il distribué aux participants ? CRUP-RA : Chacun disposera, à l’automne, de tout ce qui s’est dit, soit sous la forme de compte-rendu, soit sous la forme d’Actes. Q2 : Le premier constat, la première impression, c’est qu’il y a beaucoup de questions à se poser. On n’y pense pas de façon permanente et on n’a pas forcément, en soi, les bonnes réponses. Virginie POUJOL propose alors 3 pistes de réflexion, à travailler en petits groupes, ensuite. - Quels sont les points d’accords et de désaccords sur les valeurs et finalités des UP ? - Qu’est-ce qui pourrait être mis en avant au niveau régional et au niveau de chaque UP pour accompagner le rapprochement entre valeurs et actions ? - Comment changer le rapport aux savoirs pour mettre en œuvre des projets et actions qui s’appuient sur des « égaux volontaires » donc dans une perspective d’éducation mutuelle ? Q3 : Les points de votre intervention qui m’ont particulièrement interpellé, c’est justement : qu’est-ce qu’on fait pour faire en sorte que les intervenants aient une culture à l’éducation populaire, et partagent nos valeurs ? On essaie timidement de faire des choses mais on est parfois loin de la réalité. Le deuxième point qui m’interpelle, c’est que nos principes nous conduisent sans doute plus à du développement personnel qu’à un développement collectif, même si on essaie, timidement. Donc, on juxtapose plein de choses en direction de plein d’individus mais il y a peu de collectif. Cela fait partie des choses sur lesquelles nous devons réfléchir. Q4 : Les deux points-clés que je partage à 100%, c’est ce que vous venez de dire sur l’interrogation qu’on peut avoir concernant la diffusion du savoir. Cela me paraît particulièrement fort. Q5 : Après ce qui vient d’être dit (cf. Q3), la question qu’il faut se poser et qu’on ne s’est, peut-être, pas posée jusqu’à maintenant, c’est : « Qu’est-ce qui se passe après ce qu’on fait, maintenant ? » Il y a, premièrement, toutes les questions sur ce qu’on fait et on s’en pose un certain nombre, en particulier sur les intervenants, localement, au cours de réunions qu’on a déjà eues. Il y a, deuxièmement, les questions de l’émancipation qui font déjà un peu réfléchir. Mais, la dimension humaine que je n’avais pas, moi, envisagée et que, collectivement, nous n’avons pas abordée non plus, c’est : « Qu’est-ce qui se passe après ce qu’on fait dans une UP ? » à la fois, pour nous-mêmes, en tant qu’organisateurs mais aussi pour nos adhérents, notre public. Sur quoi ça débouche ?... J’ai des modèles d’UP, celles d’intellectuels notamment. J’en ai une dans la tête et tout le monde a la même. La partie moyenne et je me trouve là-dedans, c’est celle qui vise au fond, à déboucher d’une manière ou d’une autre, sur des prises de conscience par rapport à des problèmes et à travers des actions qu’on n’a pas bien approfondies. À la limite, on a fait quelque chose qui a réussi ou qui n’a pas réussi, mais on ne va pas plus loin, on n’envisage pas un prolongement. C’est une ouverture que vous apportez.

Page 23: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

23

Q6 : Ce qui vient d’être dit renvoie aussi à ce qu’on fait avant, c'est-à-dire, à qui est ou devrait être à l’origine des programmes ? Ils émanent la plupart du temps de conseils d’administrateurs, d’administrateurs. Cela complique certainement l’interrogation sur ce qu’on va faire après et sur quoi ça débouche, y compris pour les participants…

Virginie POUJOL : Est-ce qu’ils sont venus seulement pour consommer ?

Lela BENCHARIF : Très souvent dans les colloques, dans le cadre du CRUP ou dans le cadre d’autres UP, nous nous posons systématiquement ce type de questions. Tant mieux ! Vous me posez aussi une colle. Moi, je ne sais pas évaluer l’émancipation. C’est qu’on se dit souvent, en tant qu’élus, sur les questions liées à la participation citoyenne. II n’y a pas de modèle idéal. On ne décrète pas la démocratie participative pas plus qu’on décrète la démocratie citoyenne. Ce que nous avons à faire, modestement, c’est d’accompagner, de permettre de créer une boîte à outils et de la partager. Voilà. Je dépoussière, je recueille, etc. Ces questions, elles sont communes, on les entend à d’autres endroits et ce que je voulais dire aussi, c’est que vous êtes un peu durs avec vous-mêmes. J’ai trouvé très intéressante l’approche de Virginie POUJOL, c'est-à-dire qu’en gros, vous allez sur les sites Internet. Vous avez quelques matériaux, vous « découvrez » les UP ; non, vous ne découvrez pas les UP, j’en suis bien consciente, vous utilisez des outils de communication qui sont mis en avant, produits par les UP qui les balancent ici ou là, sur la presse, un site … et vous, vous en dites quelque chose… Je trouve très bien cette démarche, ce parti pris. Moi, je me suis connectée, hier soir, et je me suis dit : « Ben, y a quoi de nouveau, côté CRUP ?» Et je me suis dit : « Pourquoi ils ne mettent pas, en avant, les actions qu’on accompagne, notamment dans le cadre du dispositif de soutien d’actions d’accompagnement à la participation citoyenne pas très loin d’ici et qui démarrent sur un projet de formation citoyenne, co-construites avec ce que vous appelez l’extérieur et qui visent à mettre en place des actions très ciblées, des actions, accompagnées, comme lutter contre l’exclusion, la pauvreté, … en direction de public tsigane avec une démarche tout autour de l’emploi, le logement… Ça, ce sont des actions très localisées, très identifiées et dont vous auriez tout intérêt à parler, comme celles qui vont être discutées, cet après-midi et qui sont ancrées sur un territoire. En un mot, vous vous êtes forcément questionnés sur la démarche de fabrique de l’action. Et moi, ce qui m’intéresse vraiment, c’est de savoir comment avec la formation citoyenne et sa diversité de formes, on arrive à avoir un sens commun, une image commune de ce qu’est une formation citoyenne, de ce qu’elle peut produire ? Ce qui nous intéresse c’est ce qu’elle produira à court, à moyen et à long terme ?

Page 24: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

24

Travaux en groupes proposés par Virginie POUJOL

À partir des 3 questions énoncées précédemment et affichées à l’écran, constitution de 3 groupes faits de personnes d’origines différentes, avec un rapporteur. Objectifs : rapporter les points d’accord ou de désaccord et proposer des pistes qui débouchent. Cette manière devrait permettre de ne pas en rester à des échanges d’opinion, mais de construire des suites pour l’avenir.

Quels sont les points d’accords et de désaccords sur les valeurs et finalités des UP ?

Points d’accord :

- La finalité est de s’inscrire dans l’éducation populaire - Valeurs : accessibilité à tous, lien social et partage des savoirs - Tout ce qui correspond à la nécessité de faire exister le vivre ensemble - Émancipation, valeur induite par le travail fait.

Points de désaccord :

- Désaccord sur le terme populaire : en débat renouvelé - La finalité : la démarche d’éducation populaire.

Qu’est-ce qui pourrait être mis en avant au niveau régional et au niveau de chaque UP pour accompagner le rapprochement entre valeurs et actions ?

- Les UP devraient chercher à se rapprocher des conseils locaux de développement pour s’inscrire dans les politiques de territoires

- Le partage du savoir (beaucoup viennent comme consommateurs, des intervenants ne sont pas dans le partage) : en parler au moment de la négociation avec les intervenants (à partir des chartes)

- Retour des participants aux actions : à améliorer (interactions). - Pourrait se faire plus facilement si on faisait un partage d’initiatives, de pratiques sur celles qui sont

plus orientées vers l’action. Comment changer le rapport aux savoirs pour mettre en œuvre des projets et actions qui s’appuient sur des « égaux volontaires » donc dans une perspective d’éducation mutuelle ?

- Aller vers le choix et la construction ensemble : acteurs, jeunes de la cité… en fonction de besoins locaux et des ressources locales.

- Les publics : quel public choisit-on ? - Travailler le choix des thématiques pour ne pas être élitiste. - S’inscrire dans une méthode : une transmission de savoirs, un débat entre savoirs, invitation à

agir…

Page 25: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

25

Page 26: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

26

MERCREDI 4 JUIN 2014 (après-midi)

Le Carrefour des initiatives

Introduction par Michel FRANÇOIS président du CRUP-RA

Les initiatives que vont rapporter les témoins de l’après-midi n’ont pas été choisies, tout à fait, au hasard. Nous avons voulu qu’elles viennent en appui de l’intervention de Virginie POUJOL et nous pensons qu’elles sont bien dans l’esprit de ce que nous avons entendu. La règle est simple : on s’est donné deux heures pour les 5 témoignages, ce qui fait 25 minutes pour chacun. La parole sera successivement à : - Laurent BATTIER, pour l’université populaire Tarentaise-Vanoise : Lutter contre l’illettrisme - Louis CAUL-FUTY de l’université populaire Savoie Mont-Blanc : S’ouvrir aux autres dans le cadre de l’espace européen - Josette DRIAY, Pierre FAVRAT, Annie GAY, Jean-Claude GRANGIER de l’université populaire de l’agglomération valentinoise : S’enraciner localement avec des ateliers d’écriture - Geneviève ROUSSIN, Michel GARDE de l’université populaire de Montélimar : Développer des partenariats et co-construire des projets - Lucien DUPUIS de l’université populaire ACCÉS de Romans-sur-Isère : Développer la vie associative et mobiliser ses adhérents. Au terme de cette présentation et des échanges, nous demanderons à Virginie POUJOL de conclure nos travaux.

Page 27: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

27

Témoignage 1 : Lutter contre l’illettrisme par Laurent BATTIER

directeur du comité de bassin d’emploi (CBE) de l’arrondissement d’Albertville Préambule : Objet du CBE : « Impulser et fédérer des actions pour l’emploi et la formation sur l’arrondissement d’Albertville » - pas un spécialiste de l’illettrisme. Illettrisme et CBE ? Illettrisme et accès à l’emploi – Illettrisme et maintien / évolution emploi – Compétitivité des entreprises ; relation évidente - Axe en direction de publics éloignés de l’emploi « compétences premières ». Dispositif régional de formation permet d’acquérir ou d’actualiser des savoirs fondamentaux, nécessaires à une insertion professionnelle réussie. - Axe expérimental en direction des employeurs. Réflexion de territoire avec CLD associé à l’UP : conférence de 2013 (modestie « simple conférence ») Objectif : proposer des pistes d’action ou d’amélioration concrètes, sur ce thème, dans le cadre de la préparation du prochain contrat de développement « 2014-2020 », pour la Tarentaise Invités : intervenants, associatifs, centre de formation … Isabelle GROS, « Centre Ressources Savoirs de Base ».

La prise en compte des difficultés liées à l’illettrisme, en Tarentaise-Vanoise De quoi parle-t-on ? Quels sont les outils locaux existants ?

Quelles pistes d’action ou d’amélioration ?

On parlera plutôt de savoirs de base ou de compétences-clés : ensemble de connaissances, d’aptitudes et d’attitudes appropriées à chaque contexte, pour tout individu. Elles sont nécessaires à l’épanouissement et au développement personnel de chacun, à son inclusion sociale, à sa citoyenneté active et à l’emploi. Les causes sont multiples : un passé scolaire douloureux, des problèmes de santé, des situations de travail où le recours à l’écrit n’est pas nécessaire, etc. En France, selon l’INSEE (ANLCI 2013), 2 500 000 personnes de 18 à 65 ans et scolarisées sont en situation d’illettrisme soit 7% de la population. - 51% des personnes sont dans l’emploi - 50% vivent en zone rurale ou faiblement peuplée. En Savoie, selon les « Journées Défense Citoyenneté » (Direction du Service National 2012) : 3,1% des jeunes sont en situation d’illettrisme (selon les sources, les données sont variables, ce qui montre la difficulté de la mesure bien que le phénomène ne soit pas niable). En Tarentaise : quels constats ? - Une offre d’accompagnement reposant sur des bénévoles ; - Une mobilisation des acteurs locaux et les professionnels à soutenir ; - Un éloignement géographique des lieux de formation, une offre de formation mouvante, tributaire des marchés publics ; - Une diversité des profils et des besoins des apprenants ; - Une difficulté à repérer et à accompagner le public en situation d’illettrisme, souvent isolé ; - Saisonnalité de l’activité ; - Nous pouvons constater un abandon des études, plus précoce, en Tarentaise que dans les autres régions.

Page 28: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

28

L’offre d’accompagnement et de formation des publics en Tarentaise : L’association « Déchiffrer des lettres » œuvre depuis 20 ans, en Tarentaise et permet de mettre de futurs apprenants en lien avec un réseau de bénévoles. L’animation de son activité sera, sous peu, reprise par l’ « association d’animation du canton de Moûtiers ». L’ « espace associatif cantonal » permet, de même, le déploiement d’initiatives intéressantes sur le canton d’Aime, aux côtés d’un réseau de bénévoles, engagés pour accompagner les publics. Un certain nombre de dispositifs d’État ou de la Région permettent de financer des actions de formation pour des publics spécifiques, notamment, demandeurs d’emploi (le centre de formation « Aider » intervient dans ce cadre, sur Moûtiers et Bourg-Saint-Maurice). Sur le canton de Bourg-Saint-Maurice, l’idée d’un numéro de téléphone unique porté par le « Centre polyvalent d’action sociale » a été expérimentée. Propositions pour le territoire de Tarentaise-Vanoise : Au vu des difficultés repérées, de la structuration des réponses existantes, des débats issus de cette rencontre, avec les principaux associatifs ou institutionnels engagés dans cette thématique de l’illettrisme, en Tarentaise, il nous semble que deux pistes de travail prioritaires seraient à étudier, dans le cadre de la préparation du prochain contrat de développement pour notre territoire : - Il est difficile de repérer, de mobiliser et d’orienter les publics en difficulté vers les outils de l’accompagnement ou de la formation, en place. Aussi, il nous semble qu’il serait tout à fait pertinent, sur notre territoire, d’identifier et de développer des « relais », des personnes en mesure d’accueillir et d’orienter les personnes en difficulté de lecture ou d’écriture, vers les organisations ou dispositifs compétents. Ces « relais » devraient être d’une grande diversité : des animateurs d’ « Espaces saisonniers », en stations, des agents d’accueil des foyers d’hébergement d’urgence, des personnels de mairie, des employés de CCAS, des responsables associatifs… Des ateliers d’information et de sensibilisation de ces personnes « relais » seraient nécessaires pour leur meilleure connaissance de cette problématique et une aisance renforcée pour repérer et accompagner vers l’apprentissage. - Une véritable dynamique territoriale serait à impulser, en Tarentaise-Vanoise, par la structuration d’un réseau organisé, à l’échelle des quatre cantons, réseau à même de soutenir les divers acteurs engagés sur ce thème, qu’ils soient bénévoles ou professionnels. Un réseau qui pourrait permettre de faciliter l’information, la mutualisation, l’accompagnement et le soutien des bénévoles, leur formation, notamment, en matière d’accueil des publics, la mobilisation de nouveaux bénévoles, les liens avec l’Éducation Nationale pour un repérage, à la source des publics, etc. Ce réseau pourrait s’appuyer sur le CRSB (centre ressources savoirs de base) / PSA Savoie. Suites données ? Le prochain « Contrat de territoire », signé avec le Conseil général pourrait reprendre ces pistes de travail, avec des moyens financiers. Sigles : CBE = Comité de bassin d'emploi CLD = Conseil local de développement ANLCI = Agence nationale de lutte contre l'illettrisme PSA Savoie = Pôle soutien associatif

CLD Tarentaise-Vanoise – 20 septembre 2013

Page 29: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

29

Compléments et/ou échanges avec l’intervenant ou entre participants :

Bernard ANDRÉ : membre du CLD et bénévole en alphabétisation, est invité par Laurent BATTIER, à donner son point de vue. - Je peux dire deux mots. Cela fera entendre que le bénévole qui est censé s’occuper des problèmes d’illettrisme se trouve confronté à un gros problème : c’est le repérage de ces personnes, en situation d’illettrisme parce que pour beaucoup d’entre elles, c’est vraiment une honte d’avouer leur illettrisme et donc ça nécessite de leur part, une démarche et de créer des situations très favorables pour qu’elles puissent se mettre dans une situation d’apprentissage. Donc, l’association dont je fais partie et qui œuvre depuis une vingtaine d’années sur Moûtiers, s’occupe majoritairement plutôt d’apprentissage du français, la plupart du temps de personnes d’origine étrangère qui viennent s’installer dans la vallée. Nos formations ont, donc, été plutôt orientées dans cette direction. On prend en charge des personnes d’origines diverses soit de l’Union européenne soit hors de l’Union européenne, pour leur apprendre les bases du français, de manière à faciliter leur insertion professionnelle. Q1 : Est-ce que vous avez des personnes nées en France et en situation d’illettrisme qui n’ont pas les bases pour lire, écrire un curriculum… J’allais dire des « Français de base ». B. A : On en a eu mais ça représente une très petite minorité. C’est vraiment, à la marge. Je pense que depuis que l’association existe, depuis une vingtaine d’années, ça doit représenter 4 à 5 personnes. Q2 : Vous parlez de difficultés de repérage. Alors, vous faites comment ? C’est ça le problème ! B.A : On essaie de travailler avec les organismes sociaux. Mais, il y a surtout le bouche à oreille. Notre association est connue sur le plan local et c’est beaucoup par cet intermédiaire qu’il y a des personnes qui finissent par se manifester. Q3 : Combien d’interventions ? B.A : C’est très variable suivant la motivation de ces personnes. En principe, les prises en charge sont individuelles, de manière à coller le plus possible à leurs problèmes spécifiques. Quand on arrive à trouver des personnes qui ont à peu près le même niveau, on peut les regrouper par 2 ou 3, mais rarement plus. La plupart du temps, ces personnes sont prises en charge 1, 2 ans, à raison de 1 à 2 fois par semaine. Étant donné que ces prises en charge sont assurées par des bénévoles, c’est là, une limite liée à leur disponibilité. Q4 : J’ai deux questions. La première est de savoir si ces personnes sont stabilisées par rapport à la durée de 1 à 2 ans de prise en charge ? B.A : oui Q4 : La deuxième question, c’est qui s’occupe des cours ? Ont-ils reçu une formation ? B.A : Au départ, les bénévoles n’avaient pas de formation, sauf ceux qui étaient, initialement, des enseignants. Depuis, il y a une formation que, pratiquement, tous les bénévoles ont suivie, une formation du type Français langue étrangère (F.L.E.). Q5 : Je représente ACCÉS (Apprendre, Comprendre, Communiquer, Échanger, Savoir), UP de Romans-sur-Isère. Depuis le début (l’UP s’est créée, en 1987), on est préoccupé par ce sujet et, au départ, on avait essentiellement des subventions du Fonds Social Européen (F.S.E.) pour un public qui venait spontanément. Petit à petit, ces subventions ont disparu. On a alors été obligé de répondre à un marché public. On a remporté deux fois le marché public et dans ce cadre, les gens nous sont envoyés, essentiellement, par Pôle emploi.

Page 30: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

30

On s’est dit que ça allait peut-être changer complètement la façon dont les apprenants réagissent car poussés par Pôle emploi. On s’est rendu compte que non. Ces apprenants sont accueillis par une formatrice professionnelle, encadrée, dans tous ses ateliers, par un bénévole pour un ou deux apprenants. On a un très grand nombre de bénévoles qui l’épaulent et qui reçoivent une formation spécifique pour s’adapter à ce public. Il ne suffit pas d’être enseignant d’origine pour être en capacité de s’adapter à ce public ; et ça fonctionne bien. Cette année, il y a eu encore plus de cours assurés que les années précédentes. Ça, c’est le premier type d’actions en direction, donc, d’un public envoyé sur prescription mais pas uniquement car on parvient à intégrer des personnes qui viennent d’elles-mêmes. Comme on ne veut laisser personne, à la marge… on a un autre type d’actions qu’on appelle l’alphabétisation. Ces apprenants viennent par le bouche à oreille, des personnes qui n’ont jamais su ni lire ni écrire ni compter, même dans leur langue d’origine. C’est un public essentiellement d’origine étrangère : des Marocaines, Algériennes… essentiellement des femmes. Ça fonctionne depuis plus de trois ans. Là aussi, on a beaucoup de bénévoles. C’est du bénévolat, donc totalement gratuit. On a aussi du Français langue étrangère (F.L.E.) avec deux niveaux. En vérité, on n’a pas trois types d’actions mais quatre. Une action concerne, par exemple, une infirmière roumaine ou espagnole, un médecin hongrois qui travaillent à l’hôpital et qui maîtrisent mal le français ou un ingénieur polonais… Je donne quelques exemples, au hasard mais vous voyez le profil. Ces personnes-là sont prises en charge, aussi par des bénévoles et c’est du face à face. Généralement, ce public avance très vite car il maîtrise bien sa langue d’origine, sa culture d’origine. En conclusion, on essaie de répondre aux besoins d’un public le plus large possible car on a la chance d’avoir beaucoup, beaucoup de bénévoles… Q6 à Laurent BATTIER : Je n’ai pas bien suivi le rôle de l’UPTV dans votre schéma. Laurent BATTIER : L’UPTV est récente, fondée, l’année dernière. Son membre fondeur est Jean-Luc FAVRE. Dès la création, s’est posée, tout de suite la question de la situation de l’illettrisme sur le territoire. C’est une démarche intéressante. Qu’est-ce qu’on peut faire, proposer ? C’est d’aller chercher des conseils auprès du Conseil local de développement (CLD). Et on va se mettre ensemble pour faire un débat pour proposer des choses. On a commencé par une conférence relayée par la presse et on réitère auprès des élus, l’intérêt de se pencher sur cette question. Q7 : Je partage tout à fait votre point de vue. Toutes les UP auraient intérêt à se rapprocher davantage des CLD. C’est d’ailleurs ce que tente de faire le CRUP-RA, actuellement Q8 : Je crois savoir qu’il y a un taux d’abandon très important, qu’en est-il ? B.A : Quand je disais que la prise en charge était d’un à deux ans, c’est pour les personnes qui réellement s’impliquent. Le taux d’abandon, malheureusement, est normal à cause des difficultés auxquelles ces personnes sont confrontées, avec des moyens, pour certaines, très aléatoires. Moi, je tirerais plutôt mon chapeau aux personnes qui arrivent à s’impliquer au point que certaines qui ont trouvé du travail, après leur dure journée, viennent encore en cours pour l’apprentissage du français. Effectivement, il y a un fort taux d’abandon qui est dû aux conditions d’existence de ces personnes et pas à leur motivation.

Page 31: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

31

Témoignage 2 : L’ouverture aux autres dans le cadre de l'espace européen

par Louis CAUL- FUTY université populaire Savoie-Mont Blanc, président d’honneur du CRUP-RA

Nous vivons dans un village planétaire où les nouvelles technologies, le commerce, la finance, le sport, la culture et l’information ont fait voler en éclats les barrières nationales. Le tiercé que constituent aujourd’hui la mobilité, la fluidité et l’adaptabilité permet même désormais à chaque métier de revendiquer le label « sans frontières ».

Et pourtant, nous sommes loin du merveilleux décloisonnement annoncé. Toutes sortes de séparations (physiques, symboliques, culturelles) maintiennent le cloisonnement des territoires et des sociétés. Malgré la promotion du principe de la libre circulation de l’information et des ressources, malgré, surtout, le regroupement des nations européennes dans une union organisée en zone de libre-échange, les peuples ne se connaissent pas. En 2005, dix nations d’Europe centrale sont entrées dans l’Union. Qui connaît ces pays, leurs peuples, leurs cultures, alors que l’on parle d’union, de coopération, de politiques communes et d’une citoyenneté européenne ? Les frontières, entre pays européens surtout, ne sont-elles pas une invitation à goûter les différences ? Connaître au-delà de ces frontières n’est-ce pas découvrir l’autre, ce voisin inconnu, sans pour autant se perdre ou se dénaturer ? N’est-ce pas une invitation à connaître, à connaître pour comprendre, à comprendre pour créer la relation qui rend capable de gérer l’influence mutuelle des identités ? Éducation populaire et interculturalité L’éducation populaire a à voir avec l’international. L’importance qu’a prise aujourd’hui cette dimension dans notre environnement a permis l’irruption culturelle autour de nous. Cet interculturel nous fait obligation, pour comprendre le monde et pour transmettre ce nouveau savoir, de regarder les différents visages de l’étranger, de regarder aussi les interactions qu’entraîne cette relation entre personnes, appartenant à des cultures différentes. La fédération des UP Savoie-Mont Blanc est très engagée dans cette dimension internationale, notamment à travers des voyages et des échanges internationaux avec l’Italie, l’Espagne, la Hongrie, la Roumanie, la Slovénie, la Suède et prochainement l’Estonie. Des contacts sont pris, également, avec le Québec et le Maroc. Nos objectifs et nos pratiques Trois objectifs déterminent cette démarche : 1. Découvrir un pays, un peuple, une culture 2. Apprendre et connaître par le contact, le dialogue, la relation 3. Partager des temps de vie commune :

- vivre chez l’habitant

- échange de pratiques (jeux, cuisine, etc.)

- échanges professionnels (de groupe d’enseignants, d’arboriculteurs, d’éducateurs, de Maires, etc.)

- projets de coopération (échanges inter-écoles, aide au développement associatif).

Ces temps partagés dans ces différents projets sont des moments privilégiés d’apprentissage interculturel à caractère social autant que politique, à travers les attitudes, les perceptions, les comportements. Cet apprentissage contribue à réduire l’ignorance culturelle causée par le

Page 32: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

32

monolinguisme et certaines caractéristiques sociales comme l’origine, la famille, la religion, le sexe, etc. en provoquant des situations de contact et de convivialité. Il s’agit d’un apprentissage actif au sens où il se situe dans une dynamique de groupe qui conforte la confiance en soi et qui refuse à priori toute hiérarchisation entre les cultures et leur accorde une égale légitimité.

Les universités populaires Savoie- Mont Blanc attachent une grande importance à cette action vers l’international. La démarche d’éducation populaire est toute entière contenue dans ce chemin de la découverte (l’apprendre) au contact (comprendre) jusqu’à la relation (agir : le faire ensemble).

Questions - réponses

Q1 : « Moi, ce n’est pas d’aller en Hongrie qui m’intéresse, j’y suis allé récemment, mais pour te demander si ce que tu viens de décrire là, ce n’est pas aussi la démarche des comités de jumelage ou d’associations qui s’occupent de relations internationales. J’ai été, moi-même, président d’une association, à Romans qui s’appelle Romans International. J’avais pris la suite du comité de jumelage qui s’était donné exactement les objectifs que tu viens de décrire. La différence, c’est que nous, dans les UP, nous nous situons bien dans le mouvement d’éducation populaire. Dans les jumelages, il y avait une dimension, du moins, en ce qui me concerne, institutionnelle. Je le dirai comme ça. On assure les rencontres des élus avec des signatures de jumelages entre les villes, les associations… et ce que je voulais savoir, c’est ce qu’il en est des relations que tu viens de décrire, au niveau d’une UP avec les élus ? Y en-a-t-il ? N’y en a-t-il pas ? Et les problèmes de moyens ? Louis CAUL-FUTY : Il faudrait que tu me dises de quel type de relations tu voudrais que je te parle. Il y a plusieurs types de relations : on a des élus qui participent aux voyages mais de façon individuelle, volontaire. On a des élus, c’était le cas, en particulier pour la commune que j’habite qui nous demandent d’organiser un voyage pour avoir des contacts avec un maire, en Hongrie et, éventuellement, faire l’étude d’une sorte de partenariat … On a des contacts, en Hongrie, avec des maires, je viens de le dire. Nous avons, par exemple, le contact avec une maire hongroise et puis, nous avons réalisé, il y a quelques années, un échange de maires : des maires hauts-savoyards qui sont allés, en Hongrie pour parler avec des maires hongrois, voir comment se fait la politique communale, locale, la démocratie locale… Puis des maires hongrois et roumains sont venus, en deux groupes, pour les mêmes raisons, pour apprendre nos pratiques de gestion municipale. Je ne sais pas si ça répond à ta question. Q1 : Oui, parce qu’en creux, ça veut dire qu’il n‘y a rien d’institutionnel lorsque vous organisez ces voyages. Louis CAUL-FUTY : Non, rien d’institutionnel ; la différence entre ça et Romans International, c’est le côté populaire de ce qui est organisé. Q1 : et le problème financier ? Louis CAUL-FUTY : Chacun paie son voyage. L’UP n’investit rien d’autre que dans la logistique. Les participants ? C’est la population qui pratique les activités de l’UP. Un voyage, pour vous donner une idée de prix puisqu’on est dans ce registre-là, pour une semaine en Hongrie, c’est 750€.

Page 33: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

33

Q2 : Vous avez parlé d’aide au développement, vous pouvez préciser ? Louis CAUL-FUTY : C’est, par exemple, une collaboration qu’on a établie avec une association de développement territorial. Une association de bénévoles s’est constituée, faite d’enseignants, principalement et qui avaient la volonté, mal définie, dans la pratique, d’aider au développement de la gestion des communes, précisément sur les aspects de la démocratisation et donc nous leur avons proposé de les aider, en matière de formation de la gestion communale telle que nous le faisons, en France. Précisément, nous avons organisé des voyages de la part des maires ou « apprentis-maires », je dirai, de candidats, en France, pour compléter ces formations. Par exemple, nous avons participé, également, dans un village, pas en Europe, mais au Maroc, au développement organisationnel d’un village… Q3 : Je voudrais savoir s’il y a ailleurs, en Europe, des UP. Louis CAUL-FUTY : Par rapport aux pays que je cite, il y a un vieux courant d’UP, en Hongrie avec lequel on a repris contact, auquel on essaie de faire connaître ce que sont les nouveaux mouvements du type du nôtre, en France, en particulier et plus largement, en Europe. Ça, c’est vrai pour la Hongrie, pour la Roumanie, pour la Slovénie où il y a d’anciens mouvements d’éducation populaire mais aussi des UP qui se sont laissé prendre par certains aspects des dérives qu’on évoquait, ce matin, par exemple, la mutation qui s’est produite chez eux : le dérapage commercial. Évidemment, ils n’y ont pas échappé. Q4 : Tu pourrais dire aussi, même si ce n’est pas ici, tout à fait le sujet, qu’il y a beaucoup d’UP, en Allemagne, qui, en réalité, sont des services publics et qui font de la formation pour adultes. L’Europe est couverte d’UP avec des contours et des activités divers. Q5 : Dans notre UP de Sallanches, nous avons essayé, nous aussi de faire des jonctions avec l’UP de Turin et celle de Milan. Nous avons fait un premier voyage avec visite du musée CRUP-RA : Il y a, entre autres, en Italie, Alberto Galazzo qui fait des choses absolument remarquables, dans le nord de l’Italie, à Biella. Ce sont des pistes à approfondir. C’est l’ouverture aux autres, c’est aussi le lien social européen. Q6 : Quand vous décidez de tout cela, pensez-vous à l’espéranto qui s’apprend très facilement, en deux mois, pas de règles, peu de grammaire ? Q7 : Avez-vous des liens avec des comités de jumelage ? Louis CAUL-FUTY : Oui, mais la démarche n’est pas la même. Par exemple, La Roche-sur-Foron est jumelée avec Biella, en Italie et Sarrebourg, en Allemagne. Dans ces deux pays, il y a des UP. On se tient au courant de ce que les uns et les autres, nous faisons parallèlement ou en complémentarité parce qu’il y a aussi, dans ces cas, des mélanges de populations qui se font chaque fois que nous organisons quelque chose, de part et d’autre.

Page 34: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

34

Témoignage 3 : S’enraciner localement avec des ateliers d’écriture par Pierre FAVRAT, Jean-Claude GRANGIER, Josette DRIAY, Annie GAY

université populaire de l’agglomération valentinoise (UPAVAL) Dans le même temps d’intervention que les autres, les représentants de l’UPAVAL ont choisi, pour illustrer leur propos de témoigner sur 4 expériences d’ateliers d’écriture. 1) Pierre FAVRAT : « Mémoires de fleuve, le Rhône » Sur la table, on a mis quelques plaquettes de notre saison 2013/2014 : c’est à votre disposition et vous trouverez aussi quelques exemplaires des livres qui sont issus des ateliers d’écriture. En fait, l’UP de l’agglomération valentinoise a voulu mettre en œuvre, ce qu’on a dit, ce matin, c'est-à-dire, le principe, du savoir partagé. Au départ, autour de l’UP créée en 2002, une dizaine de personnes, essentiellement des Bourcains, ou habitants de Bourg-lès-Valence, encadrés par 2 intervenants se sont constitués en atelier d’’écriture. Le rôle des intervenants était d’aider au travail d’expression et de mise en forme, avec environ, une réunion toutes les trois semaines. Ça a duré presque deux saisons de travail réel avec des échanges oraux, des souvenirs… Les participants ont pu mettre en forme, progressivement, ce qu’ils avaient ressenti, humainement Au terme de cette période, il y a eu une première lecture publique des textes qui a bien marché : public de l’UP, amis… L’idée que nous avions, à l’UPAVAL, c’était de continuer et de mettre en forme pour partager, un peu plus largement. Nous avons donc décidé de publier un livre reprenant les témoignages, quelques dessins faits, aussi, par un participant à l’atelier. Nous avons dû monter un budget. Nous avons lancé une souscription : environ 600 personnes ont souscrit avant la parution. Nous avons, également bénéficié d’une aide à l’édition du Conseil général si bien qu’à la rentrée 2004, un peu plus de deux ans après, nous avons pu présenter un livre « Mémoires de fleuve, le Rhône » que vous pourrez feuilleter. Il est tout à fait de bon niveau avec des textes, des dessins et une couverture faite par un ami valentinois. Donc, première réalisation. C’est comme ça qu’on a montré l’exemple et qu’on a décidé de continuer ce travail de proximité, avec les participants… 2) Jean-Claude GRANGIER « Sur les chemins d’écriture » Dans la continuité, un autre atelier a été grandement facilité par la détermination d’un des participants de l’atelier sur le Rhône. Dans les années 1960-70, Bourg-lès-Valence comptait 10000 habitants et était encore une ville un peu agricole. En 2010, elle est passée à 20000 habitants. La population a doublé assez rapidement et, au centre ancien, sont venus s’ajouter quatre nouveaux quartiers avec des habitants venus de toute la Drôme et de l’Ardèche. Ce ne sont pas de vrais Bourcains « de souche ». Moi, j’y suis arrivé, j’avais 10 ans : je suis entre les deux. Donc, quatre nouveaux quartiers et les Bourcains ont vu arriver des gens qui n’avaient pas d’attache particulière, à Bourg-lès-Valence. Les 14 participants, 7 femmes et 7 hommes se sont dit que leurs témoignages seraient un moyen de faire connaître ce bourg qui leur était si cher. Notre objectif a été de recueillir des témoignages oraux et écrits de vieux Bourcains. Je dis « vieux Bourcains » car c’est un terme qu’on a intégré, chez nous. Le plus jeune avait 60-65 ans et le plus âgé, 80 ans… Malheureusement, il y en a quatre qui ont disparu.

Page 35: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

35

Il s’agissait aussi de créer des liens intergénérationnels. C’est pour cela qu’il y a eu un partage avec les écoles primaires qui ont interviewé les vieux Bourcains. Il s’agissait aussi d’avoir des textes, des dessins, des photos pour cet ouvrage dont l’UPAVAL a assuré la souscription et la vente… L’action c’est donc un partenariat avec la médiathèque et les archives de la ville. On avait la chance d’avoir une archiviste dont le local jouxte le nôtre et qui a participé à l’encadrement du groupe avec une administratrice de l’UP. Les séances de travail se sont déroulées dans la médiathèque, le plus souvent ou dans nos locaux. Elles se sont étalées sur deux saisons. On avait également un autre partenaire : l’association « Mémoire de la Drôme » qui a fourni des documents importants. L’ouvrage a été découpé en six chapitres : des souvenirs personnels, des récits d’enfance, les écoles, les champs, les loisirs, les quartiers. Des écoles primaires de Bourg-lès-Valence et leurs enseignants ont enregistré des interviews et ont participé activement. L’ouvrage de 136 pages a été édité à 750 exemplaires. 3) Josette DRIAY : « Mémoire de Chibanis » « Mémoire de Chibanis » est un travail qui s’est fait sur la période 2008-2010. L’objectif était de donner la parole aux migrants retraités qui ont été témoins des flux migratoires du 20ème siècle, en France. C’était un projet commun à l’association romanaise de gérontologie sociale et humaniste qui s’appelle « Lieu d’être », et à l’UPAVAL. Il s’inscrivait aussi dans un appel à projet de la Région Rhône-Alpes sur le thème de l’intégration générationnelle. Il y a donc eu une subvention qui a permis à l’atelier des déplacements et le tirage de l’ouvrage initié. La difficulté fut de trouver des témoins. On est arrivé à trouver onze Chibanis (ce qui veut dire « cheveux blancs », en arabe dialectal) qui étaient arrivés, en France, lors des 30 Glorieuses et qui, pour la plupart, sont restés en France, généralement, six mois et les six mois suivants, en Algérie car il s’agit, essentiellement, d’Algériens. Comment s’est déroulée l’action ? La difficulté, c’était, évidemment, de rencontrer ces personnes qui vivaient dans un quartier et qui ne fréquentaient pas beaucoup d’autres classes sociales. Alors, on a fait appel à l’association des jardins familiaux et au Centre d'amélioration du logement de la Drôme (CALD) dont nous avons un représentant parmi nous. Cela a pris beaucoup de temps : il fallait apprivoiser ces gens-là qui tout d’un coup découvraient qu’on s’intéressait à eux, qui ne comprenaient pas ce qu’on voulait faire. Mais on y est arrivé ! Il y a eu une étape dans laquelle une classe de CM2 a rencontré un Chibani. On lui a posé des questions du type : « Qu’est-ce qu’un Chibani ? » « Qu’est-ce qu’un migrant ? » « Quel rôle des migrants dans la reconstruction de la France ? » « Quel travail dans les mines ? » car plusieurs Chibanis ont travaillé dans les mines de Lorraine, notamment. L’interview a été transcrite dans le livre qui a paru. On a commencé par des témoignages oraux, les questions qui ont été enregistrées, écrites. Puis, ça a été un travail très long et difficile qui a nécessité la mise en confiance, comme je vous l’ai dit et beaucoup de patience de la part de ces personnes qui ont fait ce travail.

Page 36: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

36

Quand on a décidé d’en faire un livre, il y a eu tout le travail de récriture pour pouvoir produire des textes accessibles y compris par les Chibanis. On a procédé à des lectures d’extraits du livre édité, en 2011, pour commencer dans une Maison du quartier dans lequel vivaient des Chibanis puis à Bourg-lès-Valence, en présence de quelques témoins et leurs familles. L’intérêt de la démarche, c’est que ça a permis de rencontrer des travailleurs manuels, des anciens harkis, ou des proches du F.L.N. (il y a un témoignage, de cet homme, dans le livre.) qui n’ont jamais bien été accueillis et qui sont actuellement, confrontés à la vieillesse et à l’isolement.. Autre intérêt de la démarche, c’est qu’à un moment, ils se sont rendus compte qu’ils avaient fait quelque chose de magnifique et c’est passé par de la fierté, pourtant dans des conditions de travail difficiles et des conditions de logement aussi extrêmement difficiles. Alors, autre intérêt, c’est la préservation de la mémoire de ces gens qui ont vécu entre leur pays d’origine et le pays de labeur et la transmission aux générations à venir, à commencer même par leurs enfants qui souvent ne savaient pas trop comment ça s’était passé et lutter contre l’oubli pour lutter contre l’exclusion. Un prolongement : après un certain nombre de constats de logements complètement insalubres, le CALD a construit un foyer de travailleurs migrants dans lequel ont pu vivre plusieurs de Chibanis. 4) Annie GAY : Atelier de recherches historiques sur la guerre de 14/18 :

Contexte

La France commémore le centenaire de la déclaration de guerre de 1914. Dans la Drôme, des historiens et des sociétés savantes se sont rassemblés en 2012 pour préparer cette commémoration. L'objectif était de focaliser les regards sur ce qui s’est passé pendant la guerre à l'arrière dans le département en examinant tous les aspects de la vie sociale de l'époque (politique, action syndicale, économie, santé, religion, culture, etc.). Les résultats des travaux seront présentés au cours d'un colloque les 4 et 5 octobre 2014.

Ayant été sollicitée, l'UPAVAL a souhaité apporter sa participation sous la forme d'un atelier : il a été proposé aux adhérents volontaires de travailler sur des documents d'époque et, si possible, d'élaborer une production écrite ou orale. Ils ont les conseils d'un historien membre du « Comité Départemental d' Histoire de la guerre de 14-18 dans la Drôme », et la participation d'administrateurs de l’UPAVAL.

Projet sur 2 ans

- Depuis l'automne 2012, cet atelier s'est mis au travail et les participants ont défini les sujets qui, dans la région de Valence, les intéressaient : le comportement du Conseil municipal de Valence en période de guerre, l'accueil et le soin des blessés dans les hôpitaux militaires, l'arrivée et l'installation des réfugiés, l'évêque de Valence et « l'Union sacrée », le mouvement ouvrier, les restrictions dans le domaine des produits alimentaires et des combustibles, l'organisation de la réquisition des animaux (chevaux et chiens) pour leur envoi au front.

Ils ont ensuite fréquenté les Archives départementales, les Archives municipales de Valence et la Médiathèque publique et universitaire, à la recherche des documents disponibles, tout particulièrement les procès-verbaux des Conseils municipaux et des commissions municipales, la presse locale, les documents administratifs disponibles…

Les premiers résultats ont été mis en commun dans l'atelier et ont constitué la base de premiers éléments écrits.

Page 37: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

37

- La saison 2013-2014 a permis de continuer en accentuant le travail de rédaction. Nous avons posé notre candidature pour participer au colloque départemental des 4 et 5 octobre 2014, au Conseil Général à Valence et 7 contributions ont été retenues sur 8 proposées. Nous aurons 15 minutes chacun pour présenter nos recherches sur les sujets suivants : : le comportement des Conseils municipaux en période de guerre, l'accueil et le soin des blessés dans les hôpitaux militaires, l'arrivée et l'installation des réfugiés, l'évêque de Valence et « l'Union sacrée », les restrictions dans le domaine des produits alimentaires et des combustibles et un diaporama sur Valence pendant la guerre avec un montage d’images.

Bilan

Dès maintenant une conclusion s'impose :

- Les participants à l'atelier ont été très présents lors des réunions et ressentent une grande satisfaction à ce travail collectif ; il est possible que des traces en demeurent qui permettent de poursuivre cette expérience de recherche historique au sein de l'UPAVAL.

- Nous avons tissé des liens étroits avec les archivistes.

Nous avons déjà pris 2 décisions :

- proposer la saison prochaine une soirée permettant aux membres de cet atelier de présenter leur travail à un public

- organiser des modules pour faciliter la recherche aux archives en collaboration avec les archives départementales et de l’agglomération valentinoise. Pour une bonne gestion du temps et permettre aux autres témoins de s’exprimer, ce témoignage de l’UPAVAL n’a pas été suivi d’un temps d’échanges, le temps accordé étant écoulé. Pour tout renseignement ou question, possibilité de contacter directement les responsables de l’UPAVAL.

Page 38: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

38

Témoignage n°4 : Développer des partenariats et co-construire des projets par Geneviève ROUSSIN et Michel GARDE

UP Montélimar 1°) Présentation succincte de l’association : L’université populaire a été créée en 2005, par la Société des amis de l’école laïque de Montélimar, association plus que centenaire. Au fil des années, elle a développé, tout en sachant s’adapter à différentes contraintes, des activités qui tentaient de répondre à des besoins qu’elle identifiait, dans le champ de l’éducation populaire. Dès sa création, elle a souhaité inscrire l’action de cette nouvelle activité, dans une démarche de complémentarité avec l’existant, en développant des contacts avec d’autres associations du champ de l’éducation populaire. Après dix programmations, cette démarche partenariale est institutionnalisée et se développe, au fil des années, en fonction des porteurs de projets (structures associatives ou collectivités territoriales) et de celles et ceux qui les animent (bénévoles UP) en interne. Notre présentation se centre sur notre parcours de 2005 à 2014, à partir de quatre situations. 2°) Quelques définitions, au hasard des lectures :

� Le partenariat est une relation contractuelle entre deux ou plusieurs personnes physiques ou morales concourant à la réalisation d’un projet, par la mise en commun de moyens matériels, humains et financiers.

� Le partenariat est un rapport complémentaire et équitable entre deux parties différentes par leur nature, leur mission, leurs activités, leurs ressources et leur mode de fonctionnement. Dans ce rapport, les deux parties ont des contributions mutuelles différentes mais jugées essentielles. Le partenariat est donc fondé sur un respect et une reconnaissance mutuelle des contributions et des parties impliquées, dans un rapport d’interdépendance.

� Le réseau est caractérisé par une horizontalité des relations. Les acteurs partagent des éléments et ont des objectifs en commun.

� Le partenariat est défini comme une méthode d’action coopérative fondée sur un engagement libre, mutuel et contractuel d’acteurs différents mais égaux qui constituent un acteur collectif, qui élaborent un cadre d’action adapté au projet qui les rassemble. 3°) Historique de notre démarche : Notre démarche initiale intègre, dès la création de l’UP, une volonté associative de présenter des activités différentes de celles proposées sur notre secteur géographique, avec un souci d’ouverture et une posture d’ouverture aux échanges inter-associatifs et à la négociation. Dès la création de l’université populaire, cette recherche de complémentarité était présente avec le souci, par exemple d’associer une conférence à l’université populaire à une exposition du centre d’art contemporain. Mais, s’engager dans cette démarche appelait quelques préalables :

� avoir un minimum d’objectifs à partager pour avancer collectivement. Pour être viable, un partenariat doit, dès le départ, susciter une source d'intérêt pour les différentes parties

� envisager la réciprocité. Les apports doivent être mutuels, et le « don/contre don » est essentiel � partager des savoirs, savoir-faire et même savoir-être

Page 39: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

39

� affirmer et clarifier son identité et identifier les particularités de chaque association ou structure � avoir des relations d'égal à égal, non hiérarchiques � respecter l'autonomie des partenaires : les différentes parties s'engagent de leur propre chef et

demeurent libres dans leur action � s'inscrire dans un projet partagé qui n'a de sens que s'il y a entraide et échanges signifiants entre

les partenaires � s'inscrire au sein d'un espace-temps limité nécessitant une évaluation continue dont la résultante

peut se traduire par des changements ou une cessation de l'entente de coopération.

En fait, pourquoi un partenariat ? Tout simplement pour

1°) Partager les savoirs et les compétences 2°) Développer et croiser l’offre culturelle Accroître l’audience associative

3°) Élaborer des projets en complémentarité Élargir la pluralité des approches Donner plus d’ampleur à un projet Mutualiser des compétences 4°) Accroître notre visibilité Développer notre réseau (mixité des publics) Sensibiliser d’autres acteurs à notre démarche

4°) Quatre exemples de mise en œuvre : ���� Organiser un événement avec d’autres sur la base de valeurs communes Nous avons été sollicités pour organiser une conférence débat sur « Mieux connaître et mieux défendre les valeurs de la laïcité » en associant dans une même démarche philosophie et éducation populaire avec les participations de la Fédération des Œuvres Laïques de la Drôme (F.O.L.), la Libre Pensée Drôme-Ardèche et le Grand Orient de France. Le projet s’est traduit par une manifestation locale, en octobre 2009. L’organisation d’un événement inter-associatif nécessite une logistique plus importante que la mise en place d’un événement d’une seule association (un des objectifs essentiels étant, entre autres, de mutualiser des moyens pour accéder à une reconnaissance plus grande des publics et des institutions). La mise en place de cet événement a nécessité une quinzaine de rencontres échelonnées sur 6 mois, à un rythme relativement soutenu : pour déterminer le thème et la façon de l’aborder ainsi que le choix des intervenants, répartir les tâches entre chaque partenaire, rechercher un financement propre à l’action, préciser les modalités pratiques communes, traiter la communication de l’évènement. Le bilan inter-associatif « à chaud » permit de constater la satisfaction des organisateurs pour la mobilisation d’un public important (350 personnes) que n’aurait pas réuni chaque association prise isolément. Aucune réunion spécifique n’a été prévue pour effectuer un réel bilan. Ce point n’est jamais à négliger. Un projet de même nature est actuellement en cours, autour du thème « Vivre ensemble nos diversités » avec une autre association locale adhérente à la F.O.L. de la Drôme. Il devrait se concrétiser en février 2015, par l’organisation d’une manifestation locale. L’expérience acquise permet, dès à présent, d’éviter les oublis (et en particulier ceux qui tiennent au volet financier).

Page 40: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

40

���� Proposer des actions communes dans une programmation annuelle Décrivons la démarche mise en place avec le conservatoire Musique & Théâtre de Montélimar. À partir d’une volonté commune de développer l’accès à la culture musicale et du constat de la complémentarité de nos approches pour des publics divers visés (avertis ou néophytes), nous avons recherché des activités à proposer et des moyens pour les mettre en œuvre. Nous élaborons depuis 2008, avec le conservatoire Musique & Théâtre une programmation commune qui s’organise autour de plusieurs axes : connaissance d’un compositeur, d’un style ou d’un genre musical, d’une œuvre, d’un instrument … L’initiative revient au directeur de l’école de musique qui dès sa prise de fonction a souhaité ouvrir son établissement en participant à l’organisation de conférences qui pouvaient s’inscrire dans les parcours de formation de l’établissement (extrait du projet 2009). Notre démarche commune se concrétise par 5 ou 6 activités inscrites dans nos programmes respectifs, une implication des professeurs du conservatoire en tant qu’intervenants ou en recherche d’intervenants, une intervention de responsables de l’UP auprès des élèves du conservatoire afin de préparer, avec leur professeur, la présentation d’un opéra aux adhérents de l’UP. Le conservatoire qui dispose de salle et matériel adaptés accueille ces activités ; l’université populaire assure la gestion des inscriptions et le suivi de l’activité. Chaque partenaire assure sa propre communication et des articles paraissent dans la presse, à l’initiative de chacun. Les liens s’établissent au cours de réunions spécifiques (préparation de la programmation, bilan de l’année écoulée …), lors de rencontres pour la mise en œuvre des activités, parfois à l’occasion de moments conviviaux (invitations réciproques, lors de manifestations organisées par l’une ou l’autre des structures) ou a été l’occasion d’une rencontre avec l’ensemble des partenaires du conservatoire dans la cadre du suivi de leur projet culturel. ���� Afficher des propositions communes dans les programmations annuelles : D’autres démarches de même nature sont engagées avec : - le centre d’art contemporain pour faciliter l’accès à l’art contemporain à partir des expositions qu’il propose - l’association des cafés littéraires avec des séquences « Un livre, un mets, un vin » - le musée d’art contemporain de la ville (visite guidée d’expositions) - l’association « L’art à demeure » qui se concrétise à travers des expositions d’artistes dans nos locaux et l’intervention d’artistes dans les ateliers de pratiques artistiques. Ces contacts se prolongent lors des visites guidées de leurs manifestations - la médiathèque intercommunale - la M.A.I.F. ���� Fédérer autour d’un projet : exposition « L’âge d’or de l’affiche polonaise » Un intervenant de l’UP, collectionneur d’affiches polonaises, nous a proposé d’organiser une exposition sur ce thème. C’est l’origine d’un projet dans lequel nous engagerons différents partenaires :

Page 41: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

41

� les cafés littéraires

� Actes en Drôme et le ciné-club, pour le cinéma

� le conservatoire Musique & Théâtre, pour la musique

� la médiathèque pour l’organisation d’ateliers, en direction de publics jeunes et l’accueil des conférences

� la ville qui met à disposition le salon d’honneur de l’hôtel de ville pour l’exposition.

Il s’agit d’un partenariat « en étoile », l’UP rencontrant chacun de ses partenaires. Le bilan s’effectuera de façon collective, afin de faire un pas de plus, dans la réflexion commune. 5°) QUEL BILAN ? - les « + »

� une information auprès d’un large public � une connaissance accrue de l’université populaire � une reconnaissance par les partenaires � une approche partagée d’un thème � une mutualisation de moyens.

- les « - »

� une démarche très exigeante en disponibilité et temps pour ceux qui s’y engagent � la difficulté à faire reconnaître « en interne » la valeur ajoutée (pas forcément

financière) apportée par cette démarche � la difficulté à mettre en œuvre de réels outils d’évaluation de chaque projet

En conclusion, pourquoi continuer ?

� parce qu’on est convaincu que cette démarche dynamique nous pousse à affirmer notre identité � parce que nous sommes sollicités par de nouveaux partenaires éventuels � parce ce que nous voulons promouvoir, dans le champ du partage des savoirs et de la culture, le

travail en réseau et le valoriser.

Pas de questions ou de remarques particulières.

Les deux témoins renvoient à la possibilité de retrouver ces informations sur leur site ou dans les Actes du colloque.

Page 42: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

42

Témoignage n°5 : Développer la vie associative et mobiliser ses adhérents » par Lucien DUPUIS, UP ACCÉS Romans- sur-Isère,

membre de la commission Vie associative

Qu’est-ce qu’une association ? Pour aborder ce sujet, j’ai éprouvé le besoin de rechercher quelques définitions… Selon l'article premier de la loi du 1er juillet 1901 : « Une association est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d'une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices ». Cette formulation laisse la porte ouverte pour tout puisqu’elle ne formule qu’un interdit : « se partager des bénéfices »… Pour nous tous, une association est constituée de personnes qui s’associent pour faire quelque chose ensemble… Si cette définition s’applique encore assez bien aux dirigeants de nos UP (bureau et/ou CA), on a du mal à retrouver cet objectif commun au niveau de l’ensemble des adhérents… D’ailleurs… adhérents… ou cotisants ?… « Adhérer » impliquerait une connaissance et une acceptation des statuts ainsi que des valeurs portées par l’association. Et dans le fonctionnement, même si nos statuts y font référence, on passe vite du « partage des connaissances » à la « diffusion des connaissances ». Dans le premier cas, il y a réciprocité et égalité dans les modules, dans le second, des prestataires font face à des consommateurs.

Ce qui vient contrarier un comportement associatif :

- un programme-catalogue (offre plutôt que demande puis choix par inscription) - les adhérents participent pas ou peu à l’élaboration du programme. À ACCÉS, une trentaine de

personnes réparties en groupes de travail au sein d’une « commission programme » élabore le contenu pour l’année suivante. Ce processus prend une année entière mais n’implique qu’une infime minorité d’« adhérents ». Il n’est guère possible de recueillir les désirs de tous et encore plus leurs besoins

- une offre ciblée (avec des contenus circonscrits : l’histoire, le patrimoine, l’informatique, la cuisine…)

- un renouvellement des adhérents d’une année sur l’autre (40% à ACCÉS) - une participation financière différenciée liée au module choisi - des comportements, des attitudes discriminatoires dans l’expression orale lors de réunions ou lors

des formations (niveau de vocabulaire, technicité…). Une intervention trop technique ou trop structurée décourage des prises de paroles

- paradoxalement, sans doute, la « professionnalisation » des bénévoles - l’attitude de certains intervenants qui viennent délivrer leur savoir sans tenir compte du public et

sans débat ou approfondissement avec les participants - confusion entre « neutralité » et « laïcité » :

« L’éducation populaire travaille, dans une perspective d'expérimentation et de confrontation des points de vue de chaque citoyen, à la modification des rapports sociaux en intervenant sur les représentations, les croyances et les opinions. » Extraits de la charte d’éducation populaire du comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire (CNAJEP) adoptée en 2005. Cette volonté de transformation sociale est-elle compatible avec la laïcité ? Art. 2 des statuts d’ACCÉS que l’on retrouve chez toutes les UP : « L’association s’interdit toute propagande politique ou religieuse et toute forme de discrimination et garantit la liberté de conscience. » Pour ne pas être accusé de « faire de la politique », on abandonne vite le travail « de confrontation des points de vue de chaque citoyen ». Terrain miné… Or, la laïcité, si elle impose le respect de toutes les croyances, implique la connaissance des idées et la confrontation pour la formation de l’individu. Un comportement associatif doit être une « école de la société » pour le vivre ensemble, pour le respect mais aussi pour acquérir la connaissance et des méthodes de réflexion qui permettront de se forger une opinion étayée.

Page 43: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

43

« L'éducation populaire concourt à la constante transformation de la société en contribuant à construire des alternatives éducatives, économiques, sociales et politiques dans lesquelles les individus soient co-auteurs de leur devenir. » Extraits de la charte d’éducation populaire (CNAJEP)

S’interroger constamment sur la mise en œuvre de nos objectifs ACCÉS a signé une charte proposée par la municipalité de Romans en 1998, aux associations d’éducation populaire qui nous engage : « Nous devons être des lieux de citoyenneté et nous nous engageons donc à lutter

- contre toutes les formes d’exclusion - contre toutes les formes de violence - pour un exercice quotidien de la démocratie au sein de notre association » .

Ce dernier engagement nous oblige à nous pencher sur notre pratique interne de fonctionnement. En quoi les actions de nos associations contribuent-elles ?

- à la formation à la citoyenneté (concrètement ? quels champs ?) - à l’exemplarité d’une démocratie pratiquée au sein de notre association (Notre association est-elle

un modèle de fonctionnement démocratique ?) - à favoriser l’expression de tous (notion de respect) - à la convivialité entre adhérents (notion de plaisir) - au brassage des couches sociales (Tout le monde est digne d’accéder au savoir.) - à la diffusion de tous les savoirs en direction de tous (refus de la hiérarchisation des savoirs) - à créer de « l’appétit cognitif », à mettre en appétit de savoir - à faire émerger des envies ou mieux encore, des besoins de formation - à la participation de l’ensemble des adhérents à l’élaboration d’un programme.

Ce rappel des objectifs d’une éducation populaire nous interpelle sur la réalité d’une vie associative autant que sur les contenus de nos programmes. Comment parler de « démocratie » sans avoir une réelle pratique démocratique au sein de l’association ?… La tenue rituelle d’une assemblée générale annuelle statutaire suffit-elle ?... et d’ailleurs, est-elle réellement participative ?... La démocratie mérite mieux qu’un rite. Quel mode de gouvernance ? Quel fonctionnement et quel rôle sont attribués aux « organes » démocratiques : présidence, (ou co-présidence, collégialité), bureau, CA. ? Quelles relations entre eux ? Et avec l’ensemble des adhérents ? Comment s’adresser « à l'ensemble des citoyens sans distinction de condition ou d'origine »… Sait-on choisir les bons supports ? L’offre est-elle susceptible de toucher toutes les couches sociales ? Comment éviter une hiérarchisation des savoirs ? Comment pratiquer des tarifs qui permettent la participation de tous ?

Ce que nous avons mis en place à ACCÉS pour favoriser la vie associative :

Rechercher des synergies entre les modules : - réunion des intervenants potentiels préalables à l’élaboration du programme (réflexion sur nos

objectifs – réaffirmation des valeurs de l’éducation populaire, partage d’une éthique - recherche de cohérence, de complémentarité…) – buffet – animation festive : groupe musical, chorale, prestation d’un module…

- regrouper des modules autour d’un thème commun (éviter le morcellement) - systématiser des modules de préparation aux sorties, les rendre « obligatoires » ( ?) aux

participants - favoriser les modules qui se développent sur plusieurs séances (contribuer à la formation d’un

groupe, favoriser les échanges…) - fiche d’évaluation sollicitant des propositions de modules, repérage des centres d’intérêt…

Page 44: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

44

Programmer des activités « transversales » où des adhérents venus pour divers modules peuvent se retrouver…

- création d’une commission « vie associative » spécifiquement chargée « d’instaurer de la convivialité afin que nos adhérents ne soient pas que des « consommateurs ».

Actions mises en place à l’initiative de cette commission : - réunion des intervenants potentiels, préalable à l’élaboration du programme (voir ci-dessus) - réunion annuelle des bénévoles pour se connaître, partager une éthique, harmoniser les pratiques - journée des « anciens bénévoles » d’ACCÉS (goûter) - journée rencontre du 8 mai : « En mai, fais ce qu’il te plaît » (randonnée, pique-nique, découverte

du patrimoine, repas au restaurant). 10% des adhérents participent - soirée de restitution (photos) après les sorties - présentation de l’association en début de chaque cycle - projet d’une réunion d’accueil des nouveaux adhérents (abandonné vu le nombre).

Mais il reste beaucoup à faire :

- pour ne pas être perçus comme des prestataires de services, dispensateurs de formation - et pour intéresser tous les adhérents à la marche de l’association. Délégation et critiques sont plus

faciles… Faire vivre une association en faisant participer tous ses membres est chose ardue ! Nous sommes preneurs d’initiatives en ce domaine… comme dans d’autres !

*****

Michel FRANÇOIS, président du CRUP-RA remercie les différents rapporteurs dont les interventions ont été très riches et très intéressantes. Chacun pourra retrouver soit sur le site de l’association qui l’intéresse soit sur la carte du site du CRUP-RA www.crup-ra.fr, un lien vers les coordonnées souhaitées. Grâce à ces liens, vous pouvez retrouver aussi, les programmes des différentes UP. Si vous êtes particulièrement intéressé par un témoignage, vous savez comment contacter la personne voulue… Une confidence, en Drôme-Ardèche, il y a une coordination informelle avec des réunions au cours desquelles ces informations se partagent.

Page 45: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

45

CONCLUSION

par Virginie POUJOL (LERIS)

À l’issue des différents témoignages, 3 points à souligner : - Ce qui se construit dans les UP est bien plus riche et plus approfondi que ce qui ressort de vos outils de communication. Ça mérite vraiment d’être mis en avant, en valeur, pour partager, comme cet après-midi, vos expériences, continuer le débat et continuer de travailler sur ces points-là. - Nécessité de travailler sur la notion de rupture entre l’intérieur et l’extérieur. On en a parlé, on y est revenu. Comment à partir de ça, construire une démarche démocratique ? Un point intéressant a été soulevé, dans un groupe, ce matin : Comment, informer, dans nos UP, mettre en commun, avec ses membres, ce qui s’est passé, ce qui s’est dit ? Ou bien, ça va faire « plouf » ou pas quand tout le monde repart chez soi ? - Ce matin, Lela BENCHARIF a ouvert une porte pour un travail plus conséquent qui pourrait être fait avec les UP, pour travailler toutes ces questions-là. C’est une opportunité pour vous, d’aller plus loin. Pourquoi ne pas essayer, aussi, d’associer les UP qui ne sont pas là, aujourd’hui et qui pourraient se joindre, utilement, à vos travaux ? Elle l’a dit clairement, c’est la possibilité d’entamer une recherche-action. Elle a dit plusieurs fois qu’elle ne vous soutenait pas assez à la hauteur de ce que vous souhaiteriez. Elle l’a dit publiquement, il faut l’entendre et s’en saisir. Une proposition de lecture pour terminer. Ce matin, je n’ai pas pu en enrichir mon intervention car je n’ai commencé qu’hier, la lecture de ce livre, « Le maître ignorant » du philosophe Jacques Rancière. Je vous invite à le lire. Il permet de réfléchir à la posture éducative et au rôle pédagogique d’accompagnement de chaque éducateur, donc au vôtre, aussi, dans vos UP.

par Michel FRANÇOIS et Jean-Luc FAVRE

Pour clore cette journée, Michel FRANÇOIS et Jean Luc FAVRE renouvellent leurs remerciements. Le sentiment partagé est que la journée a été riche et que nous avons avancé dans notre réflexion. Grâce aux différentes contributions, des actes du colloque seront rédigés et disponibles à l’automne. Notre travail est maintenant de porter et de faire vivre les messages de la journée, journée qui va bien dans le sens que certains, et notamment Louis CAUL-FUTY, essaient de donner depuis déjà de longues années. Pour reprendre le mot de Lucien DUPUIS, dernier témoin de l’après-midi, nos UP doivent être des écoles de la société.

Page 46: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

46

SYNTHÈSE DU COLLOQUE

En signant avec la Région Rhône-Alpes, fin 2012, une convention d’objectifs, le comité régional des universités populaires (CRUP-RA), s’est positionné comme un acteur majeur et reconnu de l’éducation populaire. La présence active, à nos côtés, de la vice-présidente de la Région, en charge de la vie associative, de la démocratie participative et de l’éducation populaire, Lela BENCHARIF, est révélatrice du bien fondé et de la valeur de notre action. Le projet associatif qui définit l’action du CRUP-RA rappelle d’une part son engagement au plus près des populations, dans la cité, sur les territoires et d’autre part, son attachement aux valeurs de la République et à la chose publique. En organisant ce colloque à Bourg-Saint-Maurice Les Arcs, en étroite collaboration avec l’université populaire Tarentaise-Vanoise, nouvellement créée, le CRUP-RA a voulu affirmer toute l’importance d’une de ses missions : aider au développement et à la valorisation des universités populaires du réseau. En toute modestie, nous pouvons assurer, à l’issue de cette intense journée de travail et de réflexion que l’expérience valait d’être vécue : - partenariat avec les collectivités - accueil et conditions de travail excellentes - lieu symboliquement fort, dans un lycée, pour dire la nécessité et l’intérêt de développer les échanges entre l’éducation formelle et l’éducation tout au long de la vie - intervenante, en la personne de Virginie POUJOL spécialisée dans la recherche sur l’intervention sociale, de grande valeur qui a su poser les bonnes questions et ouvrir des pistes - témoins des actions de terrain qui ont montré combien la richesse dépasse largement ce qu’on donne à voir et qui doit inciter les universités populaires à communiquer davantage sur ce qu’elles font - participants nombreux, attentifs, participatifs et au final, à en juger par leurs appréciations, très satisfaits. Passer une journée à parler des valeurs, du projet, de l’action des universités populaires a pu en étonner certains. Est-il si nécessaire de s’interroger, régulièrement sur notre identité, sur notre finalité, sur nos objectifs? Avons-nous donc besoin de nous rappeler les principes auxquels nous sommes attachés ? Les réponses sont venues toutes seules des participants pressés d’avoir en main les Actes du colloque afin de mettre en place des temps de réflexion, dans leurs conseils d’administration. Il n’est donc pas inutile de reparler de valeurs, de développement de l’esprit critique, de conscientisation, de transformation des conditions de vie, d’émancipation, de posture éducative, de consumérisme à éviter… C’est sans doute la manière de s’assurer qu’on garde le cap. Nos remerciements vont à toutes celles et ceux qui ont permis que cette journée ait lieu ; mais plus particulièrement à Virginie POUJOL qui a rappelé qu’il ne pouvait y avoir d’université populaire sans référence claire à l’éducation populaire. Rendez-vous est donné pour un prochain colloque en 2015…

Michel FRANÇOIS Président du CRUP-RA

Page 47: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

47

Synthèse des appréciations des participants (de la moins bonne : 1 à la meilleure : 5)

Nombre de questionnaires renseignés : 29 sur 48 possibles

Pas de réponse

1

2 3 4 5

L’accueil du mardi soir par la mairie de Bourg-St-Maurice et l’UPTV, (pour celles et ceux qui étaient déjà à Bourg-St-Maurice)

0

0

0

0

1

14

Le contenu de la matinée

1

1

0

2

5

20

L’accueil au Lycée Saint Exupéry

2

0

0

1

4

22

L’intérêt des témoignages de l’après-midi

1

0

0

2

10

16

L’organisation générale

du colloque

1

0

0

0

9

19

L’intérêt général

de la journée

1

0

0

0

8

20

Remerciements

L’édition de ces Actes a été rendue possible, d’une part, grâce à la remise, par les différents participants, du contenu de leur intervention et d’autre part, grâce au travail de transcription effectué par une petite équipe de membres actifs du CRUP-RA. Que chacun en soit chaleureusement remercié !

Page 48: ACTES colloque CRUP BSM 2014 - WordPress.com · Réponse de Michel François, président du CRUP-RA page 5 Remis de diplôme de formatrice à Marie Berthomière page 6 Mercredi 4

48

20 rue Saint Antoine – 26100 Romans-sur-Isère www.crup-ra.fr

Maison intercommunale 133 quai Réal - 73600 Moûtiers www.uptv.fr

Avec le soutien de la Région